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Durant tout le long de mes explications, ils gardent tout le silence. Personne ne parle, ne bouge, ou n'émet la moindre expression. Face à moi, ils paraissent absent, comme si je que je racontais n'avais rien de réel, comme si tout n'était qu'un mensonge qu'il tenait à écouter. Pourtant, je continue de tout raconter dans les moindres détails, tout y passe. Même les plus petits détails semblant parfois insignifiant.

Lorsque je termine mon récit, le visage d'Anna se teint de colère alors que je l'entends prononcer des mots si bas, si faiblement que la seule chose que je parviens à comprendre est bien le prénom de sa soeur jumelle.

À ma gauche par contre, mon frère semble juste anéantie. Je sais qu'il ne supporte pas le fait de m'avoir fait oublier ma mémoire et je sais aussi que quoi que je dise, il ne cessera de s'en vouloir. C'est pourquoi, même après l'avoir pris dans mes bras et même après qu,'il m'est souri, je le sens tendu face à moi. Il n'oubliera pas...

Et malgré tout, le voir ainsi, aussi fautif qu'Éthan me rassure. Je ne les perdrais plus, il ne me mentiront plus à présent, je le sais. Je le sens.

Soudain, un rire cristallin parvient jusque nos oreilles et lorsque je tourne ma tête vers la fenêtre de cette petite maison, j'aperçois au loin des cheveux d'un rouge vifs, voler dans le vent. Jecka...

Mon coeur semble s'arrêter au fond de moi, quelque chose s'enfuit, se brise et s'envole au loin tandis que je me redresse dans un geste monotones, presque comme si je n'étais plus maître de mes agissements. Lentement, je me dirige vers la porte et l'ouvre avant de sortir dehors, doucement et calmement. Beaucoup trop calmement.

Derrière moi, les voix de mes amis s'élèvent, comme des protestations. Mais je n'écoute rien et continue d'avancer jusque cette femme, alors que je sens une sourde colère monter en moi, comme un torrent de sentiments refouler depuis bien trop longtemps à son égard. Jecka voulait simplement s'assurer de sa survie. Mais aujourd'hui, tout est fini. Et aussi incroyable que cela puisse être, je lui en veux d'avoir agit ainsi. Aujourd'hui, je ne compte pas me laisser faire par quiconque et certainement pas par cette femme. Aujourd'hui, tout le peu de sympathie que je prouvais lui porter disparaît. Elle n'est plus qu'une joueuse à éliminer pour moi.

Cette colère monte de plus en plus en moi alors que je l'atteins pratiquement. Je sens mon sang bouillir dans mes veines, tapant contre mes tempes par moment. Je sens tout ce sentiment prendre racine en moi. Et sans même m'en rendre compte, le ciel autour de nous se voile d'un gris orageux, effrayant et foudroyant. Je sais que si je ne me contrôle pas, une tempête dévastatrice pourrait éclater, mais ici, je ne suis plus maître de mon pouvoir. Après tant de temps dans l'oublie, j'ai besoin de le manifester.

Arriver en face d'elle, j'entends le ciel gronder comme pour répondre à mon appelle. Jeckatarina elle, ne sourit plus et ne rit plus comme elle le faisait en me regardant il y a quelques secondes encore. Sa pomme d'Adam se soulève et s'abaisse plusieurs fois alors que je l'observe avaler sa salive difficilement. Son regard, emplit d'une peur qu'elle tente de cacher apporte au fond de mon coeur une réelle satisfaction. Je veux qu'elle souffre, autant que j'ai souffert de cette situation.

Et soudain, c'est comme si cette rage prenait finalement le contrôle complet de mon corps. Mon regard se voile de rouge sang alors que tout se passe à une vitesse ahurissante. Les éclairs tombent autour de nous à rythme frénétique, alors que mes poings s'abattent sur les joues de la pauvre fille, impuissante face à mon poids, maintenant que je l'ai plaqué contre le sol dur et froid.

Le temps me semble passé à une vitesse ahurissante. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis ainsi, mais tout ce que je parviens à voir, ce sont mes mains couvertes d'un sang qui n'est pas le mien, frappant énergiquement un corps qui ne réagit plus depuis longtemps. Inerte sous moi, Jeckatarina me paraît absente, comme morte.

Tout à coup, deux bras passent autour de mes épaules et me tirent violemment en arrière et automatiquement, je sens mon corps se calmer, sans pour autant que cette colère ne me quitte réellement. Je sens des dizaines de regards et des caméras braquées sur moi, mais tout ce qui m'importe à l'instant c'est de réussir à contenir cette colère. Je sais que me défouler ainsi sur elle est mauvaise idée, après tout, tout n'est pas de sa faute, mais si ça ne tombait pas sur elle, j'aurais fini par faire du mal à quelqu'un qui m'est chère.

Je me débats avec rage dans les bras de la personne qui me retient, jusqu'à ce qu'une voix résonne dans le silence, faisant stopper tous mes mouvements :

"-Mais arrête bon sang ! Tu vas finir par la tuer ! "

Reprenant entièrement conscience, j'observe alors le corps de Jecka inerte face aux sols. Lorsque je l'ai attaqué, elle n'a pas bougé, elle n'a pas essayé de m'arrêter. Comme si elle connaissait la raison de ma venue, comme si elle avait tout compris. Ses yeux sont effroyablement fermés et aussitôt, un sentiment d'horreur empare de moi. J'ai laissé ma colère me guider, et à l'instant cette fille est peut-être morte.

Apeuré, Peter s'abaisse à ses côtés avant de poser deux doigts dans son cou.

" -Elle est en vie."

Et sur ses mots, il l'à prend dans ses bras avant de s'éclipser, alors que tout un groupe de personnes se forment autour de moi. Je me sens étouffée, pris au piège, observé.

Alors, dans un dernier élan de folie, je me dégage de l'emprise d'Éthan avant de m'enfuir en courant, loin de cet endroit, loin de ces adolescents et loin de toute cette douleur. Je veux vivre une autre vie, sans soucis...

Comme à mon habitude, je suis montée dans un arbre pour observer le village d'un air absent. Le temps que je fasse ce petit bout de chemin, chacun des joueurs semblent avoir reprit le cours de sa vie, oubliant l'incident en espérant secrètement qu'il n'y aurait pas d'autre victime de ma colère.

Quelques minutes plus tard, un corps se place à côtés du mien et des bras s'enroulent de mes épaules, m'attirant contre un corps fort et musclé que je reconnais immédiatement. Éthan...

" -Tout est fini Éléna... Tout va s'arranger, je te le promets."

La totalité de mon corps se tend alors contre lui. Mes larmes coulent, rapidement, trop rapidement. Ces changements d'émotions me sont douloureux, presque insupportable, mais je crois que c'est ma façon à moi d'évacuer tout ce stress et toutes ces révélations.

" -Je suis là, je ne te laisserais pas...

-Promet le moi....dis-je en le suppliant presque."

Alors, il pose ses doigts sous mon menton, l'obligeant à le regarder et, tandis qu'il essuie mes larmes à l'aide de ses pouces, il pose ses lèvres contre les miennes, scellant sa promesse à tout jamais.

Survivre : le jeu (réécriture+correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant