Nous. Le deuxième trimestre

19. Faut-il vraiment tout savoir ?

Le week-end est fait pour se reposer. Surtout le samedi. Tout le monde profite de cette matinée pour rêvasser et surtout, rester bien au chaud sous la couette. Pour Emma, c'était surtout le bon moment pour aller rendre visite à son cher et tendre...

-Oh ! Lucas ! Marmonna Emma en se réveillant doucement.

Elle avait passé la matinée à l'hôpital, à dormir sur le torse de son petit ami. Elle ne s'attendait pas à voir le petit frère de ce dernier. D'ailleurs, celui-ci ne semble pas l'entendre. Il a sa main posée dans celle de Matéo et il lui parle.

Emma était subjuguée par cette scène. Mais aussi très attristée puisque Lucas demandait à son frère de se réveiller. C'étai la première fois qu'Emma entendait le son de la voix du petit garçon de huit ans.

Soudainement, il tourna ses yeux noisettes vers la brune et se tut. Il lâcha la main de Matéo. Emma se sentit coupable d'avoir brisé un moment si précieux entre les deux garçons.

-Salut, marmonna-t-elle en souriant à Lucas.

Il ne répondit rien. Ce n'est pas comme si elle attendait qu'il lui réponde mais bon, elle se sentait un peu seule dans ses moments là. Surtout qu'il la fixait intensément. La reconnaissait-il au moins ?

-Tu sais, comme toi, j'aime vraiment beaucoup Matéo. Et j'aimerais bien qu'il se réveille aussi... continua-t-elle en remettant une mèche de cheveux de l'adolescent en place.
-Il parle tout le temps de toi, dit l'enfant après de longues minutes de silence.

Emma leva les yeux vers Lucas. Ce qu'il venait de dire lui réchauffa le cœur. Mais aussi, ça lui donnait la nausée. Elle avait peur de ne plus jamais le revoir. De ne plus jamais entendre le son de sa voix.

-Et moi, je pense à lui tout le temps.

Soudainement, comme une balle de fusil traversant un mur, la porte de la chambre s'ouvrit laissant place aux silhouettes élancées de Madame Robert et Madame Boyer, la grand-mère de Matéo.

Les deux jeunes femmes étaient très belles. Très sophistiquées. Emma n'avait encore jamais vraiment parlé à la mère de son petit ami. Elle l'avait juste vu dans les couloirs de l'hôpital lorsque le drame s'était produit.

La brune se senti brusquement très peu présentable dans son pull gris lui arrivait jusqu'au bas des fesses et son collant noir un peu déchiré. D'ailleurs, Madame Boyer lui lança un regard des plus méprisants. Quand à Valentine Robert, elle soupira légèrement.

-Maman, tu peux prendre Lucas avec toi, s'il-te-plait.

Sans un bruit, la femme aux cheveux blancs s'exécuta et sortit, toujours avec classe. Chose que, d'après la mère du beau Matéo, Emma n'avait pas.

-J'étais sur le point de partir, marmonna Emma en se levant de la chaise.
-Tu sais, Lucas vient là tous les après-midis. Après les cours. Même qu'une fois, il a pris le bus pour y aller. Pendant la récréation. Tu sais qu'il est atteint d'autisme ?
-Oui, répondit Emma, gênée.
-Ca a toujours été dur pour Matéo. Il rêvait d'avoir un petit frère avec lequel jouer au football. Malheureusement, son rêve ne s'est pas exaucé. Malgré tout ça, ils ont un lien que personne n'arrive à comprendre. Ils parlent sous forme de code et Matéo arrive très bien à tout deviner. Matéo a toujours été un garçon rebelle. Parce que son père et moi nous sommes occupés beaucoup plus de son petit frère. Et, il essaie de nous faire payer ce manque d'attention. J'apprécie le fait que tu sois là, vraiment. Mais, tu sais très bien que tu n'es rien de plus qu'un moyen pour lui de nous montrer qu'il nous en veut. Et, à force de jouer aux rebelles, voilà ce qu'il lui arrive. Alors, si tu permets, j'aimerai que tu partes.