Partie sans titre 43

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Les échos du concert étaient plutôt favorables d'après Nick qui nous rejoignait pour le petit déjeuner. Nous repartions pour Amoris dans deux heures à peu près, j'étais sciée par le concert d'hier et j'avais eu beaucoup de mal à dissimuler mes valises sous les yeux de ce matin. C'était jouissif d'entendre le tonnerre d'applaudissements à la fin du spectacle, les spectateurs nous ont même demandé de rejouer la dernière chanson ce que nous avions fait malgré notre épuisement physique. Je dois bien dire que si j'avais pût rester au lit, je ne m'en serais pas privé. Les garçons aussi n'étaient pas très frais.

Lorsqu'enfin l'avion atterri et que je découvrais Marc et Elisa qui étaient venus nous chercher, je me sentais soulagée. Je n'avais qu'une hâte, retrouver mon chez-moi et mon train-train quotidien. Les parents de Castiel avaient l'air inquiet, probablement à cause de nos têtes de déterrés. Une remarque sur la nouvelle coupe de cheveux de Cast détendait l'atmosphère. Je m'endormais dans la voiture qui nous ramenait à la maison.

Je finissais de dévorer mon petit déjeuner le lendemain quand les parents de Castiel entrèrent dans la cuisine et s'assirent en face de moi, l'air sérieux.

-Arthémis, il faut qu'on te parle.

Ça sent pas bon cette histoire.

-Oui ?

-Tes parents ont appelés il y a deux jours. Ils rentrent de Chicago dans un mois. Ton père a obtenu une nouvelle mutation.

Je reposais la tartine que je m'apprêtais à manger.

-Qu'est-ce qu'ils veulent ?

-Que tu retourne vivre avec eux. Ecoutes, quand on leur a apprit pour le bébé, ils voulaient qu'on t'incite à avorter. Nous leur avons répondus que c'était ta décision et que personne ne pourrait te forcer à faire ce choix. Ils refusent d'entendre parler du bébé. Ils nous ont dit qu'il viendrait te récupérer et qu'ils le ferait adopter si nécessaire.

Les pensées se bousculaient dans ma tête. Quitter Amoris, quitter Castiel et ma vie ici ? Faire adopter mon bébé ! Mais pour qui ils se prenaient. Je commençais à pleurer mais pas de résignation, d'une rage puissante et incontrôlable.

-Qu'est-ce qu'il se passe ?

Castiel venait d'apparaitre dans la cuisine, ébouriffant ses cheveux comme il le faisait toujours quand il n'est pas réveillé.

-Nous expliquons à Thémis que ses parents reviennent en France.

-Quoi ?!

Bah là, il est réveillé...

Je me retournais vers Marc.

-Qu'est-ce qu'on peut faire ? Je ne veux pas quitter ma vie d'ici.

-J'ai pris la liberté de contacter votre avocat. Il nous conseille de demander ton émancipation auprès d'un juge au plus vite. D'après lui, ça ne devrais pas poser de problèmes. Tu es sérieuse, tu as de bons résultats scolaires et tu arrive à mener de front ta scolarité, ton travail et ta grossesse. Sans compter que tu seras majeure d'ici moins de 3 ou 4 mois...

-Nous allons faire ça alors, je ne veux pas partir d'ici.

-Très bien, je vais appeler l'avocat alors.

Elisa et Marc quittèrent la pièce, Castiel s'approcha de moi, passant ses bras autour de mon cou, nichant son visage dans mes cheveux.

-ça va aller, nous ne te laisserons pas partir.

-J'espère que ça ira...

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Assise dans un fauteuil, je faisais face à mes parents avec une impression de déjà vue désagréable, excepté le fait que Castiel avait la main de posée sur mon épaule et était debout derrière moi, près à me soutenir. J'étais aussi plus sereine. Les derniers mois m'avaient fait grandir plus vite.

-C'est de la folie Arthémis. Tu vas gâcher ta vie.

-J'ai pourtant l'impression de n'avoir jamais été aussi heureuse. J'ai de bonnes notes et un avenir professionnel qui s'annonce prometteur. Je ne vois pas en quoi ça pourrait gâcher ma vie.

-Tu sais bien que je ne parle pas de ça.

-Oui, je le sais. C'est de mon bébé que tu parles. Tu as peur qu'il compromette ma carrière comme j'ai compromis ta carrière de mannequin.

-C'était une autre époque. Toi, tu as le choix.

-Ne me reproche pas tes décisions Maman, toi aussi tu avais le choix, la seule différence entre nous, c'est que moi, je l'assume. Je ne reprocherais jamais à cet enfant ma décision, jamais.

Mes parents avaient demandés à me voir deux jours après que le juge m'ai jugé apte à être émancipée. A la surprise générale, j'avais acceptée. J'avais besoin de mettre les choses au point avec eux. Pour moi-même et pour mon bébé. Je devais être en paix dans la relation qui m'unissait à ma mère avant d'en créer une avec mon enfant. J'avais le sentiment que c'était important.

Un silence gêné s'installa dans la pièce.

-Alors tu ne changeras pas d'avis.

-Non, pour rien au monde je ne changerais d'avis. Ma décision est prise depuis un moment déjà.

-Tu es décidément aussi bornée que ton père.

Je me demandais bien qui dans cette pièce était la plus bornée de tous. Je jetais un regard à mon père qui restait là à regarder ses mains jointes et serrées sur ses genoux.

-Puisque nous nous sommes tout dit.... Viens Richard, nous partons.

Elle se leva et partit sans dire un mot. Mon père se leva ensuite, je lui trouvais d'un seul coup l'air très vieux. Las.

-Alors ?!

-J'arrive !

Ma mère avait déjà atteint l'entrée et elle houspillait mon père de l'extérieur lui enjoignant de se dépêcher. Il hésita quelques instant, sortit une enveloppe de sa poche et la déposa dans mes mains sous mon regard ébahi puis il partit sans dire un mot rejoindre son dragon de bonne femme. J'attrapais la lettre et l'ouvrait pour la lire. Les parents de Castiel s'éclipsèrent silencieusement.

-Qu'est-ce que ça dit ?

Je reniflais un bon coup puis tendait la lettre à Castiel avant d'éclater en sanglots, laissant des larmes incontrôlables s'extirper de mon corps.

 « Ma chérie.

Je sais d'avance que les choses ne vont pas se passer comme je l'espérerais. J'hésite et je doute à l'instant même où je t'écris cette lettre, car je me demande si nous nous reverrons après cette dernière rencontre. J'aime ta mère, je l'ai toujours aimé et je l'aimerais toujours.

Elle n'a pas toujours été ainsi, crois moi. Je m'en veux parfois de l'avoir forcée à te garder mais quand je me remémore le premier regard que nous avons échangés alors que tu n'avais pas quelques minutes de vie, mais regrets s'envolent comme poussières sous le vent.

Je te donne l'adresse du siège de ma boite, ils me font parvenir tout mon courrier qui arrive là-bas en fonction de mon lieu de travail. Si tu trouve la force de pardonner ma faiblesse, j'aimerais beaucoup que tu m'envois au moins une photo de ton bébé et des nouvelles de toi.

Sache que moi, je t'ai toujours aimé.

Ton père. 

Castiel fit le tour du canapé pour me prendre dans ses bras, je pleurais, mais ces larmes n'étaient pas si amères...

Elle s'appellera Lilly.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant