Partie sans titre 12

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C'est la fin du mois de mai, les cerisiers en fleurs me rendent mélancolique. Ma musique devient mélancolique. Ma voie s'empreint de mélancolie.

Je chante dans la salle du club de chant, debout devant mes camarades en regardant tomber les pétales roses pales. Ma voie s'élève distinctement, je crie ma peine à travers les paroles de la chanson. Lorsqu'enfin ma voix s'éteint pour laisser la place au silence macabre, je croise le regard de Lysandre. Une larme solitaire perle, coule le long de son visage comme si cet unique œil vert était une feuille débordante de rosée.

Je retourne m'assoir à ma place sous les applaudissements qui m'indiffèrent.

Depuis la soirée chez Ambre, Castiel m'évite et je l'évite. Je n'arrive plus à trouver les mots pour lui parler. Je ne sais plus comment l'aborder sans avoir la désagréable impression d'être coupable de quelque chose. Heureusement, ma chambre à l'étage est terminée et je peux m'isoler plus facilement.

J'ai repris le babysitting après les cours pour m'occuper un peu et économiser pour le permis. Je donne également des leçons de solfège et de violoncelle les week-ends. Je commence à écrire mes propres partitions pour exhumer ma peine.

Ce soir, Olympe doit arriver à la gare vers 18h, j'irais la chercher après mon dernier cours. Pouvoir la voir me fera peut-être du bien. Elle m'aidera peut-être à comprendre ce qui cloche chez moi.

Je la voie descendre du train et poser les pieds sur le quai, elle se précipite vers moi et me serre dans ses bras. Je me mets à pleurer silencieusement.

-Là, ça vas aller ma belle, je suis là....

Dit-elle en me frottant doucement le dos.

-Je ne sais pas ce qui m'arrive, je ne sais plus quoi faire Olie.

-Racontes moi tout.

Je lui racontais tout ce qu'il s'était passé depuis mon arrivé à Amoris, comment les choses avaient dégénérées avec Castiel. Ce que je ressentais.

Je n'avais pas fini qu'on arrivait déjà à la maison. Nous mangions silencieusement, comme tous les soirs depuis quelques temps. Les rires du début avaient laissé place à un silence de glace où chacun restait le nez plongé dans son assiette, ne parlant que pour demander le sel ou un morceau de pain. Une fois le repas finis, j'entrainais Olympe dans la chambre.

-La vache ! Tu ne m'avais pas dit qu'il était aussi mignon !

-Hein ?

-Castiel ! Il est vraiment canon !

Ses yeux brillaient d'un éclat que je connaissais bien et une douleur fulgurante m'empoigna le cœur.

-Pas touches !

Je me vautrais sur le lit, un coussin sérré sur la poitrine bientôt imitée par Olympe.

-Alors ça y est ?

-ça y est quoi ?

Lui demandais-je en m'interrogeant sur la raison de ce sourire malicieux qui lui étirait les lèvres.

-Quelqu'un a finalement fait fondre le cœur de la reine des glaces.

-Quoi ?

Elle éclata de rire, arracha la feuille des préceptes et me regarda en se moquant.

-Tu es amoureuse ma belle, c'est ça ton problème !

-Je... Non, c'est n'importe quoi. Castiel est mon ami.

-Alors je peux descendre dans sa chambre cette nuit et essayer de me le faire.

-NON !

-Ah Ah ! Tu vois ! Tu es jalouse.

-Mais je...

-N'essaye même pas de nier Poupette, ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Tu es tombée amoureuse de ton meilleur ami, tu ne sais pas comment gérer cette situation nouvelle alors tu te renferme sur toi et BAM ! Situation inextricable où vous vous faites la gueule l'un l'autre sans savoir pourquoi. Simple comme bonjour !


Il ne m'en fallait pas plus pour réaliser qu'elle avait raison. J'étais bien stupide de ne pas l'avoir réalisé moi-même...

-RAAAHHHHhhhhhh....

Je m'enfonce la tête dans mon oreiller... Pourquoi je ne m'en suis pas rendu compte toute seule ! Pourquoi j'ai couché avec le type que Castiel déteste le plus au lycée ! Pourquoi a-t-il fallu que je devienne amie avec Ambre qui va croire que si je l'ai jeté dans les bras de Dake, c'est pour lui piquer son mec... (soit-dit en passant, aux dernières nouvelles, elle le trouvait très bien ce Dake)
POURQUOI MOI !

-Je sais séduire Olympe, je ne sais pas aimer.

Marmonnais-je la tête toujours fourrée dans le coussin.

-Je sais.

-Alors qu'est-ce que je fais ?

-Séduis-le.

-J'y arriverais jamais, visiblement, aimer me fait perdre tout mes moyens !

-Dans ce cas, je ne sais pas.... Parles lui, écris lui, il doit bien y avoir quelque chose à faire. Tu ne demande pas à la bonne personne, moi non plus je ne sais pas comment aimer. Un de vous deux devra faire le premier pas.

La question était bel et bien de trouver comment faire pour me sortir de ce pétrin...

Elle s'appellera Lilly.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant