Partie I - 4

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6 juin

La chaleur étouffante me tire de mon sommeil. Mon dos craque à mon premier mouvement. Je m'immobilise en attendant que la douleur passe. Est-ce que ça ressemble à ça de vieillir ? Pitié, je n'ai même pas encore 20 ans !

Je bâille puis m'étire sans prendre la peine ni de me lever, ni d'ouvrir les yeux.

Dieu, que mon corps me fait mal ! J'ai dormi par terre ou quoi ? On est rentré tellement bourré hier soir qu'on s'est affalé sur le sol de l'auberge ?

Si on occulte cette incroyable chaleur, cette matinée est bien agréable. Que c'est plaisant de se réveiller avec le chant des oiseaux, le doux bruissement des arbres, le calme brouhaha de la ville qui commence sa journée...

Je me tourne sur le ventre, aplatis mes mains sur le sol et tâte l'espace à ma gauche dans l'espoir d'atteindre Adrien.

... Personne ?

... J'ouvre un œil. La luminosité de la pièce m'aveugle. Super les gars, on a oublié de fermer les stores. Je grimace et rabats mon bras sur ma tête. En me basant sur ma théorie des lendemains de soirée, réveillé par la lumière du jour + pas de souvenir précis de la veille = l'impression qu'il est midi mais en vrai il est à peine 8h.

Je cherche mon téléphone à tâtons.

... Bizarre. Même bourrée, je ne me sépare jamais de mon smartphone.

Allez Flora, c'est l'heure d'ouvrir les yeux. Soit forte.

Je plisse mes paupières pour me laisser le temps de m'habituer à la lumière.

... Très bien donc cette pièce ne dispose d'absolument aucun meuble. Je me suis plantée de chambre en rentrant ?

Je me relaisse tomber sur le sol, la tête lourde.

« - Mariiiiiin... » Grommelé-je dans l'espoir que mon frère me réponde.

... A la place du classique « quoooooi » auquel je m'attendais, je perçois le son caractéristique de pas sur du parquet. Ça a l'air de venir de devant ma chambre (ou de la quelconque pièce dans laquelle je me suis échouée).

La personne passe tranquillement et je n'entends bientôt plus sa démarche sur le bois.

Curieux. Avec tous les sons qui me parviennent, j'ai l'impression que ma porte donne directement sur un jardin. Et puis où se trouve ce foutu téléphone ? ...

En gigotant, je sens une bosse contre ma cuisse. Il est dans la poche de mon pantalon ! Je sors l'appareil et le déverrouille juste devant mes yeux.

Qu'est-ce que je disais ? Il n'est que 9h12. Tiens ? Il n'y a pas de réseau.

Je soupire, me retourne sur le dos et ouvre grand les yeux.

... Il y avait des poutres sur le plafond de l'auberge ?

Je regarde autour de moi et commence à me rendre compte que quelque chose ne va pas.

L'état des lieux se fait rapidement : cette pièce ne doit pas faire plus de 5m², elle ne comporte aucun meuble et est de style 100% japonais.

... Ok, restons calme.

Je range mon téléphone, m'installe en position assise, prends une profonde respiration, clos mes yeux, fais craquer mon cou, échauffe mes épaules, étire mes bras, mouline mes poignets, fais crépiter mes doigts.

Bon.

Où est-ce que je suis bordel ?

... Est-ce que je me suis fait kidnapper ?!

Open Sea of BlossomsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant