Le Japon. Terre insaisissable de l'autre côté du globe qui n'a de cesse de fasciner.
En 1869, Aimé Humbert a écrit dans son carnet de voyage : « Plus d'une fois, en observant les mœurs des Japonais, je me suis demandé d'où peut venir ce peuple si intéressant, si original, si différent de ses plus proches voisins, et, comme tant d'autres voyageurs que le même problème n'a pas moins obsédés, j'ai dû conclure que la science n'est pas encore en état de le résoudre. »
Le XXIe siècle est amorcé et pourtant le mystère reste toujours entier. Le français pourrait comparer ce pays à un étrange vin qu'on aurait gardé sous clé des centaines d'années. A sa réouverture, sa saveur était si particulière, si unique que personne ne la perçut de la même manière. Capiteux, tendre, agressif, plein ? Certains aimèrent sa chaleur caractéristique, d'autres décrièrent son austérité.
C'est bien à cela que l'on reconnait les choses dignes d'intérêt. Ce qui met tout le monde d'accord est fade, mais ce qui provoque le débat éveille l'esprit.
Malheureusement pour nous, occidentaux, les histoires des pays d'Asie du sud-est ne sont que des chapitres enchâssés dans les grands épisodes de nos livres d'Histoire. Le Vietnam, le Japon, la Corée, la Chine n'apparaissent que quand les Guerres Mondiales commencent, et disparaissent aussitôt qu'elles se terminent.
C'est pour cette raison qu'avant que tout cela ne m'arrive, que je ne fasse toutes ses rencontres et que je n'assiste à cet épisode inconnu de mes manuels d'Histoire, je ne connaissais du Japon que sa surface. Sa vitrine moderne, colorée, bariolée de personnages de manga et d'idols aux visages poupons. Les samurais, les geishas, tout cela était bien abstrait pour moi. Il n'y avait bien que les geeks pour se plonger dans cette culture.
J'avais pourtant suivit mon frère Marin, sa petite-amie Julie et mon copain Adrien au pays du Soleil Levant. C'était la première fois de ma vie que je traversais les frontières françaises. Forte de mon assurance et de mes idées reçues, j'ai fait mon premier pas sur le sol japonais à l'aéroport du Kansai, duquel nous nous sommes rendus à Osaka puis à Kyoto, capitale historique du pays.
Je l'écris en italique car je cite les mots de mon frère. Je n'en savais rien avant d'y arriver. Lui et Adrien m'avaient brièvement briefé sur les visites que nous allions entreprendre : des temples, des parcs, des musées, le tout agrémenté de sorties dans les quartiers animés en soirée afin de profiter au maximum de ce pays entre tradition et modernité.
... M'est avis que sur l'échelle des phrases toutes faites, cette expression est presque au même niveau que « le cœur a ses raisons que la raison ignore. »
J'étais avant tout venue ici car je voulais partir en vacance. Le reste m'était bien égal. On aurait tout aussi bien pu se poser en camping à Saint Michel-Chef-Chef. Il s'était seulement avéré que la passion des mangas de mon frère et celle des RPG japonais d'Adrien les avait décidés à se cotiser pour un périple d'un mois à l'autre bout du monde, sans oublier bien sûr d'y apporter leurs dernières économies, leur âme d'enfant et leur petite-copine. A savoir Julie et moi. Pour qui Japon rimait surtout avec sushis et vidéos-de-mecs-bizarres-qui-se-reniflent-les-aisselles.
Mais ce n'est pas ce qui est important.
Car ce n'est pas grave d'avoir des préjugés. Le tout est de comprendre que la réalité les pulvérise bien souvent.
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Open Sea of Blossoms
Historical FictionFlora passe un mois au Japon en compagnie de son frère, sa belle-soeur et son copain. Lors d'une soirée à Kyoto, elle se retrouve mystérieusement propulsée 150 ans plus tôt, dans le Japon du XIXe siècle, alors en pleine guerre civile. Elle est recue...