Open Sea of Blossoms

Partie I - 16

10 juin 1864

Une nouvelle fois agenouillée devant les sept samurais du Shinsengumi, je m'applique à ne rien faire paraitre de ma panique. Un mot de travers, une phrase mal tournée, et la lame étincelante d'un authentique katana sectionnera ma nuque. Du coin de l'œil, je vois la main de Yamanami accrochée à la garde de son sabre. Je suis presque sûre que Saito l'imite. Après tout, ces deux-là étaient les plus impatients de me faire payer l'odieuse erreur d'être occidentale.

Après notre retour à la propriété, Okita et Hijikata m'ont rapidement ramenée dans ma chambre en m'ordonnant de me tenir prête à être convoquée par Kondô. J'ai appréhendé pendant une bonne trentaine de minute jusqu'à ce que Yamazaki ne vienne me chercher. Il m'a accompagnée sans un mot dans la même pièce qu'hier, où tout le gratin du Shinsengumi m'attendait, disposé exactement comme la veille.

« - L'emmener à Ikedaya n'aura donc servit à rien ? » Soupire Kondô après le compte-rendu d'Hijikata.

« - N'avais-je pas dit qu'elle ne faisait que gagner du temps ? » Grince Yamanami. « C'est une chance qu'elle n'ait pas saisi l'occasion pour s'enfuir.

- Nous avons respecté notre part du marché. » Me dit Kondô. « Tu as promis que tu nous dirais la vérité si on te laissait retourner à l'auberge. Nous t'écoutons donc : que fais-tu vraiment à Kyoto ?

- ... Même si je vous dis la vérité, je peux déjà affirmer que vous ne me croirez pas. » Soufflé-je.

« - Tu ne peux pas en être sûre tant que tu ne nous dis rien. » Répond-il, patient.

J'ignore les mimiques irritées de Yamanami à ma droite et inspire une grande bouffée de cet air tiède. Le rythme assourdissant de mon cœur me martèle les tempes. Courage Flora.

« - Je suis venue à Kyoto en vacances. » Déclaré-je. « Alors que moi et mes compagnons entrions dans une salle d'arcade, j'ai soudainement été transportée un siècle en arrière... A l'auberge Ikedaya. »

Silence. J'ai l'impression que mon sang a définitivement arrêté de circuler.

« - ... En gros, ce que tu essaies de nous dire, c'est que... ? » Hésite Kondô.

« - Je viens du XXIe siècle. »

Ca y est, je l'ai dit.

Je n'ose pas relever la tête pour observer leurs réactions. Un blanc mortifiant est tombé dans la salle. Je ferme les yeux d'appréhension. Mon cœur bat à toute vitesse.

« - ... Elle nous prend clairement pour des imbéciles. »

... C'est mot pour mot la première réplique à laquelle je m'attendais. Le fait que Yamanami soit celui qui l'ai prononcée ne m'étonne guère plus.

Je suis fichue.

« - ... Je dois avouer que ce n'est pas vraiment à ce genre d'explication que je m'attendais... » Admet Kondô confus. « Tu te rends bien compte que c'est difficile à croire, n'est-ce pas ? »

Je hoche la tête. Evidemment. Une personne saine d'esprit ne goberait jamais un truc pareil. Mais que suis-je sensée dire alors ? Ce n'est pas comme si j'avais d'autres vérités à leur soumettre ! Il n'y en a qu'une seule, aussi invraisemblable soit-elle !

« - Commandant Kondô. » Intervient Saito à gauche. « C'est désormais très clair qu'elle ne nous dira pas la vérité. Vous avez eu votre réponse, vous devriez maintenant donner l'ordre que l'un de nous l'exécute. »

Mes paupières commencent à se gorger de larmes.

« - Je devrais... » Concède Kondô. « Oui, je devrais...