Partie I - 13

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9 juin 1864

Le chemin jusqu'à ma chambre passe en un clin d'œil. Je n'échange pas un mot avec Yamazaki. Une fois la porte refermée derrière moi, je m'autorise à craquer.

Je tombe à genoux sur mon lit, les mains crispées sur mon kimono, et explose en sanglots. Je vais mourir. Je vais mourir si je reste ici, c'est certain. Mais je vais aussi mourir si je m'échappe. Je ne pourrais jamais passer inaperçue, peu importe où je vais ! Pourquoi, mais pourquoi suis-je ici en premier lieu ?! Dans quel genre de mascarade suis-je tombée ? Pitié, dites-moi que tout ceci n'est qu'une vaste blague, montrez-moi les caméramans planqués derrière les cloisons qu'on en finisse !

Je ne veux pas mourir, je ne veux pas mourir...

Je me recroqueville dans mes couvertures malgré la chaleur, comme si le coton de la couette pouvait me protéger du premier samurai venu. Adrien, sauve-moi. Viens m'aider, fait quelque chose, n'importe quoi...

Je tends la main vers ma pile de vêtements et en sors mon téléphone portable. Je sais que je me suis juré de ne l'allumer qu'en cas d'extrême urgence pour économiser ma batterie, mais là, l'urgence, elle est psychologique.

Quand la photo d'Adrien apparait sur mon fond d'écran, je redouble de sanglots et sers l'écran contre ma poitrine. Une fois calmée, je me dépêche de vérifier le réseau. Evidemment. Aucune barre n'apparaît. De toute façon, j'ai déjà perdu espoir à ce niveau-là. Ce n'est pas pour ça que j'ai décidé d'user un peu de batterie.

Je fais défiler ma bibliothèque musicale en reniflant. Combien de fois, pendant ces 4 jours, me suis-je fait fureur pour ne pas allumer mon téléphone et écouter un peu de musique ? J'aurai multiplié par dix mes risques d'attirer l'attention des hommes à l'extérieur, mais le temps serait assurément passé plus vite. Je n'aurais jamais dû prendre le plaisir d'écouter de la musique pour acquis.

Mais bon, même en ces temps désespérés, je ne peux guère me permettre d'écouter plus d'une chanson si je ne veux pas que ma batterie en carton ne m'abandonne avant... Avant... La quelconque quantité de temps que je passerai ici. Si je survis jusqu'à la nuit prochaine s'entend. Il s'agit donc de sélectionner la meilleure chanson. Celle qui m'aidera à tenir le coup pour aujourd'hui.

« C'est la saison des pluies, la fin des amours...

Assis sous la véranda, je regarde pleurer cette enfant que j'ai tant aimé...

C'est la saison des pluies, l'adieu des amants... »

... Bon, pour m'aider à tenir le coup, on repassera. Disons plutôt que j'avais besoin d'une présence dans le même état d'esprit que le mien.

« Le ciel est de plomb, il y a de l'humidité dans l'air, d'autres larmes en perspective...

Le temps était de plus en plus lourd et le climat plus hostile...

Il fallait bien que vienne enfin la saison maussade... »

Monsieur Gainsbourg, à la période à laquelle je me trouve, vous n'êtes pas encore né, mais je vous suis reconnaissante pour avoir composé cette chanson sur laquelle je peux pleurer de tout mon soul.

« C'est la saison des pluies, la fin des amours...

J'ai quitté la véranda et me suis approché de celle que j'ai tant aimé...

C'est la saison des pluies, l'adieu des amants...

Un autre viendra qui d'un baiser effacera le rimmel au coin de ses lèvres... »

Open Sea of BlossomsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant