Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
Le lundi était un jour plutôt calme au diner. Et cela ne dérangeait pas Aurore, bien au contraire. Elle avait toujours du mal à se remettre du week-end, et cette semaine, c'était encore pire que d'habitude. Parce qu'elle n'arrêtait pas de repenser à Neymar, et à tout ce qui s'était passé. Et elle s'en voulait de ne pas avoir pris le temps de poser ses yeux sur Davi Lucca ne serait-ce qu'une seule seconde. Elle savait pourquoi elle l'avait fait : pour ne pas ressentir cette culpabilité, qui lui rappelait quoi qu'elle soit en train de faire qu'elle avait abandonné cet enfant avec juste son père, qu'elle ne l'avait pas élevé, même si ce n'était pas sa décision. Elle avait pensé que le fait de ne pas le regarder l'empêcherait de ressentir tout ça, mais finalement, ça avait juste l'effet contraire. C'était encore pire, en fait. Elle était frustrée et elle savait qu'elle n'était pas prête de le revoir. Mais après tout, la décision qu'elle avait prise marchait dans les deux sens : Neymar ne peut pas voir Gaby, elle ne peut pas voir Davi.
Et elle était persuadée que tout se passerait comme prévu jusqu'à ce qu'elle s'approche d'une table pour prendre une commande et qu'elle se retrouve face à Neymar.
-Salut, il lui sourit, ce qui lui indiqua que clairement, il n'était pas là par hasard.
-Qu'est-ce que tu fais ici ?
-Et toi ? il rétorqua. Tu faisais des études de droit.
-J'ai arrêté mes études pour avoir plus de temps pour m'occuper de Gabriela. Mais ce n'est pas une surprise pour toi de me voir travailler ici, je suppose, tu sais bien que je n'ai pas de carrière.
-Peux-tu arrêter avec ça ? Tu sais très bien que je ne le pensais pas.
-Mais tu l'as dit.
-Pour...
-Pour me blesser, certes, mais tu l'as dit quand même.
-Je suis désolé, d'accord ?
Elle soupira.
-Qu'est-ce que tu fais là ? elle répéta.
-On doit parler.
-C'est déjà ce qu'on a fait samedi. Si tu ne veux rien commander, la sortie, c'est par là où tu es entré.
-Pourquoi tu ne veux pas m'écouter ?
-Est-ce que tu m'as écouté, toi, il y a six ans ? Tu as fait tes plans dans ton coin et j'ai dû m'adapter, eh bien là, c'est le contraire.
Et sur ces belles paroles, elle tourna les talons et s'enferma dans la réserve jusqu'à l'arrivée de sa fille avec Anthony.
🎄
Le lendemain, à la même heure, Neymar était de nouveau au diner, assis à la même table. Finalement, rien n'avait changé depuis la veille, hormis sa détermination qui avait grandi. Il avait passé une bonne partie de la nuit à réfléchir à tout ça, ainsi que l'entraînement de ce matin. Il avait hésité à en parler avec ses coéquipiers—et amis—mais finalement, il n'avait rien dit. Pas parce qu'il ne leur faisait pas confiance ou qu'il n'avait pas besoin de leurs conseils, au contraire, mais parce que de toute façon, il aurait eu du mal à expliquer quoi que ce soit sans faire référence à Gabriela, dont aucun d'eux ne connaissait l'existence.
Quand Aurore le vit, elle soupira et perdit son sourire. Neymar, au contraire, afficha un grand sourire, ne se laissant pas démoraliser.
-Hey. Je voudrais commander un milkshake mais je ne sais pas lequel choisir, tu peux me conseiller ?
-Il faut que je t'apporte la liste des ingrédients ou tu mènes toujours la thug life ? s'enquit Aurore ironiquement, mais cela ne fit qu'accroître le sourire de Neymar.
-La thug life m'a choisi, il dit, citant ses propres mots datant maintenant d'il y a plusieurs années.
Un silence suivit durant lequel Neymar lisait attentivement la carte, attendant une réponse d'Aurore. Celle-ci soupira et déclara :
-Celui à mangue.
-Merci, c'est ce que je vais prendre, il sourit, étonné qu'elle lui ait sérieusement répondu. Il referma la carte et la reposa exactement à la même place et dans la même position sur la table.
-Ce serait tout ? la française demanda en notant la commande dans son habituel bloc-notes juste pour se distraire, parce qu'elle n'allait pas oublier entre ici et la cuisine qu'il voulait un milkshake à la mangue.
-On peut parler, comme j'ai commandé quelque chose ?
-Tu ne peux pas juste laisser tomber, comme tu l'as fait il y a six ans ?
-Tu l'as dit toi-même, ça fait six ans. Et en six ans, beaucoup de choses se sont passées et nous avons besoin d'en discuter. Tu ne pourras pas fuir éternellement.
Aurore ne répondit rien et fit demi-tour. Neymar se mordit la lèvre inférieure et prit sa tête dans ses mains. Il préférait le rôle du tête-en-l'air que celui du déterminé, sans aucun doute. Il releva la tête en entendant du bruit et fronça les sourcils en voyant Aurore assise sur la banquette rouge en face de lui, son milkshake sur la table.
-Je t'écoute, elle lui lança.
Il lui fallut quelques instants pour revenir à lui-même tellement il était surpris. Elle allait vraiment l'écouter ? C'est ce qu'il réclamait, mais il s'avérait qu'il n'avait pas vraiment préparé ce qu'il allait lui dire.
-S'il-te-plaît, ne m'empêche pas de voir Gabriela tout comme je ne t'empêche pas de voir Davi. J'ai déjà raté cinq ans de sa vie et...
-Ne dis pas ça comme si c'était de ma faute, elle dit le plus calmement du monde.
-Je sais que j'ai fait le choix de vous laisser et j'en suis désolé.
-C'est un peu tard pour être désolé.
-Laisse-moi juste une chance.
-Je ne peux pas faire ça, Neymar. Je ne peux pas la laisser te voir et continuer à lui mentir. Je ne sais pas ce qu'il en est de Davi Lucca, mais Gaby me pose des questions plusieurs fois par jour sur son père. Elle veut savoir comment il s'appelle, pourquoi il n'est plus avec nous alors que les autres ont leur papa avec eux tous les jours, et je ne peux pas continuer à ne pas répondre à ces questions et à côté, la laisser te voir. Si tu veux voir Gabriela, alors il faut lui dire la vérité.
