Je Crois.

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.22 Août 2016. 


Toute ma vie, j'ai rêvé de faire le même métier que papa. Toute ma vie, j'ai voulu l'honorer et le récompenser pour la fonction qu'il exerçait tous les jours depuis dix ans. A mes yeux, il ne pouvait qu'être fier du métier qui le faisait se lever tous les matins de semaine, et parfois même ceux de ses congés ; lorsque l'urgence se présentait.
Alors, à mon tour, je me suis renseigné en cachette sur les facettes de ce métier. Chaque nouvelle information me donnait envie d'aller plus loin dans mes recherches. Je savais très bien que maman n'allait pas vouloir que je m'engage à mon tour, elle aurait sûrement été triste de me savoir si proche de la mort.
J'avais tout prévu, du bulletin d'inscription au week-end d'essai, en passant par les mots que j'allais devoir employer pour l'annoncer à maman. J'étais près pour mon futur ; je n'avais plus qu'à recevoir les papiers d'inscription, et tout ce serait suivit et enchaîné.
Mais, comme il y toujours un "mais" et que mon plan semblait trop bien se dérouler, mon entourage et mes amis se sont mis à me dire que je ne ferai pas le poids, que je ne serai sûrement pas accepté après les tests d'aptitudes physiques. Ils se sont mis à me charrier gentiment sur mon physique un peu gringalet, mais ils ne savaient pas que tous ces mots me peinaient réellement. En quelques discussions sur le sujet, ils avaient réussi à détruire mon rêve le plus précieux.

Quand les papiers sont arrivés, c'est à peine si je les ai regardé ; le dossier à fini par être posé dans le coin de mon bureau, finissant par être recouvert de toutes autres sortes de feuilles.
Et puis, un jour, alors que je rangeais ma chambre, un peu trop en bazar au goût de ma mère, je suis tombé sur l'enveloppe à peine touchée, et j'ai constaté qu'il ne me restait que quelques jours pour renvoyer ce fameux dossier, avant qu'il ne soit périmé ; alors, sur un coup de tête, je l'ai rempli, et je me suis dirigé vers une boîte aux lettres de renvoi, avant de me stopper devant celle -ci, et de ne savoir quoi faire ; puis j'ai fait demi-tour, et j'ai continué mon rangement printanier.

Et aujourd'hui, c'est le dernier jour d'envoi possible. Cela fait quelques minutes que je suis planté devant cette fichue boite aux lettres.

Finalement, mes amis ont eu raison de moi. Je rebrousse chemin, jette le dossier dans la première poubelle que je croise, et prends conscience que cela fait plusieurs semaines que mon rêve n'est plus.

Je ne serai sûrement jamais assez fort pour passer les épreuves ; comme le disent si bien mes copains.

D'une certaine façon, c'est sûrement mieux comme ça, je n'aurais pas à annoncer à maman que son fils unique part à la guerre, alors qu'il est gringalet.

Absence Tempérée - BribesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant