Londres. Sous la douceur du printemps du mois de Mai, la ville était resplendissante. Les londoniens sortaient dès les premières lueurs de l'aube, et ne rentraient qu'une fois la nuit bien avancée, profitant des moindres rayons de soleil entre les averses régulières.
Alyssa inspira profondément ce matin-là, heureuse. Elle adorait la ville, et les européens, car leur mode de vie était bien plus agréable que dans sa campagne transylvaine. Les montagnes et la neige lui manquaient, mais elle s'en accommodait, il y avait trop de choses à découvrir dans la capitale anglaise.
Kerian posa un regard attendri sur la silhouette de sa compagne quand il la trouva enfin, accoudée à la balustrade de la grande bibliothèque du manoir, le regard perdu dans le paysage.
-Les jours passent et tu ne te lasse pas de cette vue, j'ignore comme tu fais, sourit le vampire avant de glisser ses bras autour de la taille de la jeune femme.
- Parce que c'est merveilleux, tout simplement.
Elle se retourna et lui planta un baiser sur les lèvres avant de s'esquiver, toute guillerette.
-Tu m'emmène voir quoi aujourd'hui ? Dit-elle avec un immense sourire.
- En fait...je ne serais pas à tes côtés aujourd'hui, j'ai des affaires à régler en ville. Par contre, Renfield t'emmènera où tu le désire.
Alyssa fit la moue en entendant le nom de l'homme de main anglais de son compagnon. Elle ignorait pourquoi, mais elle sentait qu'il était tout sauf humain, et sa présence la mettait mal à l'aise. Alors se le farcir toute la journée...
-Je trouverais bien de quoi m'occuper ici. Reviens-vite.
- Je te le promets.
Il l'embrassa rapidement et s'en alla. Alyssa le regarda s'éloigner, le cœur serré. Elle n'aimait guère être loin de lui dans cette ville qu'elle adorait mais qui lui était encore étrangère. Et seule dans le manoir avec Renfield...au moins, il y avait des domestiques, elle n'était pas complètement seule.
Les heures défilèrent et, comme l'avait prédit Kerian, la jeune femme ne trouva pas le temps de s'ennuyer. Elle se promena un long moment dans les jardins, avant d'opter pour aller visiter les pièces les plus éloignées du manoir, qu'elle n'avait pas encore eu l'occasion d'explorer.
-Madame, on vous demande à la porte, fit la voix de Renfield dans son dos, la faisant hurler de peur.
L'homme de main recula, gêné, et s'excusa.
-Non, non, ne vous en faites pas, répondit Alyssa, c'est que je ne vous ait pas entendu arriver. Je vous en conjure, ne recommencez jamais, je ne suis pas sûre d'y survivre.
Sa maigre pointe d'humour dérida Renfield qui lui offrit son bras pour remonter vers le hall d'entrée où patientait un visiteur, ce qui surprit grandement la jeune femme. Personne n'était venu rendre visite à Kerian depuis leur arrivée, alors qu'il connaissait déjà les lieux, alors elle qui était une parfaite étrangère...
Alyssa se retrouva face à un homme d'une quarantaine d'années, l'aspect impeccablement soigné, un costume sur mesure...il transpirait la richesse et le luxe.
-Comtesse, c'est un plaisir de vous rencontrer, dit l'homme en s'inclinant profondément.
Surprise de se voir affublée du titre de son compagnon, Alyssa allait répondre quand un léger raclement de gorge de Renfield lui fit comprendre que c'était un usage anglais qui lui échappait.
-Tout le plaisir est pour moi, répondit-elle en exécutant une révérence parfaite, longuement répétée avec Kerian, mais à qui ai-je l'honneur ?
- Je me nomme Lord George Braxton, une vieille connaissance de Monsieur le Comte.
- Ah, très bien. Mais il n'est pas ici pour le moment, des affaires l'on appelé en ville.
- En fait, c'est vous que je suis venu voir, Madame.
Alyssa haussa un sourcil, cherchant où pouvait bien vouloir en venir cet étrange noble qui connaissait Kerian. Se rappelant les coutumes anglaises, elle l'invita à la suivre dans le grand salon et demanda à ce qu'on apporte un plateau de thé et de gâteaux pour l'invité, qui accepta poliment.
La jeune femme s'installa sur un sofa, face à son visiteur, et le fixa, attendant qu'il explique l'objet de sa visite.
-Bien, tout d'abord laissez-moi vous souhaiter la bienvenue à Londres, et en Angleterre, chère Madame. C'est un plaisir de vous compter, vous et Monsieur le Comte, dans l'élite de notre société.
- Je...hum...merci, je suppose, répondit maladroitement Alyssa.
- Pour ce qui est du sujet de ma visite, il est quelque peu inhabituel. En fait, j'aimerai simplement mieux vous connaitre car, voyez-vous, lors de sa dernière visite, le Comte était seul.
- Nous nous sommes rencontrés dans mon village natal, sa famille possédait nos terres.
Braxton haussa un sourcil de surprise. Ainsi donc, il s'agissait d'une roturière. Le Comte allait vraiment chercher bien bas, songea le Lord tout en adressant un sourire poli à son hôtesse qui n'avait de cesse d'essayer de le sonder.
-Cela dit, je sais qu'il est rare, même en Angleterre, qu'un homme visite une femme dans sa demeure sous le prétexte de faire sa connaissance, reprit Alyssa d'une voix tranchante.
-En effet. Que venez-vous faire ici, à Londres ? Demanda Braxton avec la ferme intention d'être aussi direct que la jeune femme.
- Je n'avais jamais vu l'Europe, Kerian a accepté de m'y emmener. Et je sais qu'il a quelques affaires en cours ici.
- Je vois. Et combien de temps comptez-vous rester ?
- Aussi longtemps que Kerian m'y autorisera. J'aime cette ville, et je ne voudrais la quitter pour rien au monde.
Braxton parut contrarié mais n'en dit rien. Ainsi donc, le Comte était de retour, et pour une durée indéterminée. Ses soupçons étaient confirmés.
Soudain, alors que la conversation reprenait difficilement, devenant un véritable match de tennis entre Alyssa et le Lord, Kerian apparut dans la pièce, un sourire forcé sur le visage. Il marcha droit jusqu'à Braxton, qui se leva, et lui serra fermement la main.
-Braxton, quel plaisir, fit Kerian d'une voix qui suggérait plutôt l'inverse, que nous vaut cette visite ?
- Simplement faire connaissance avec votre charmante compagne. Nous sommes tous impatients de savoir qui a su dompter le cœur du Comte, sourit le Lord.
- Je vois. Et bien c'est chose faite. Autre chose ?
Comprenant qu'il était temps pour lui de partir, le Lord offrit un baisemain à Alyssa avant de s'excuser et de s'en aller, Renfield sur les talons. Furieuse du toupet de ce visiteur, Alyssa se leva d'un bond et le regarda s'éloigner, une expression mauvaise sur le visage.
-Non mais franchement, c'est qui ce type ?
- L'un de tes pires cauchemars, répondit Kerian, pas vraiment de meilleure humeur.
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Another Dracula
VampireEt si Dracula n'était pas le méchant de l'histoire ? Et si, au contraire, il n'avait été qu'un homme, certes un peu particulier, qui n'avait agit que par bonté d'âme ? Les légendes n'ont pas toujours le visage qu'on leur donne...