18. Appât

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Alyssa ouvrit lentement les yeux, désorientée, et sonnée. Autour d'elle, tout était silencieux, ce qui la perturbait. Elle était habituée au bruit rassurant des domestiques, ou de la ville. Mais là, rien. Même pas le chant d'un oiseau dans un jardin. La jeune femme voulut se redresser mais aussitôt sa tête commença à tourner, signe qu'il fallait encore attendre un peu.

Mais qu'avait-il bien pu se passer pour qu'elle en arrive là ? Soudain, en tâtant prudemment sa tête, elle sentit une bosse sur sa tempe. On l'avait assommée. Tout lui revint en un éclair. L'homme étrange, son air si sûr de lui, sa certitude que Kerian ne la retrouverait pas...Kerian !

Il devait être fou de rage. Alyssa se mit à prier silencieusement pour qu'il ne décide pas de tuer toutes les personnes présentes à la réception.

Tandis qu'elle évaluait les dégâts de cette catastrophique soirée, la brune se mit à observer autour d'elle. Elle était dans une grande pièce spacieuse, dont les fenêtres étaient condamnées par de lourds battants. Une cheminée où ronflait un agréable feu se situait à sa gauche et elle était installée sur un large sofa recouvert d'épais coussins d'Arabie. Ce n'était pas la demeure de n'importe qui, c'était évident.

La seule source de lumière venant du feu, elle ne put observer davantage la pièce mais comprit vite qu'elle ne pourrait pas sortir de là.

Un bruit de porte tout au fond attira son attention.

-Qui est là ? Dit-elle d'une voix qui se voulait assurée.

- Ah, vous êtes réveillée. Je vous prie d'excuser mon homme de main, il ne contrôle pas toujours très bien sa force.

- Qu'est-ce que vous me voulez ?

L'homme qui avait parlé s'avança et se posta près du feu. Alyssa ne le reconnut pas, c'était un parfait étranger. Que pouvait-il bien lui vouloir qui l'oblige à l'enlever ainsi ?

-Je suis Lord Beckett, au service de Sa Majesté. Croyez-bien, Madame, que je suis désolé de tout ceci mais c'est pour votre propre bien, dit l'homme avec un sourire amical.

- Quoi ?

Il poussa un soupir compatissant et s'assit sur un fauteuil disposé non loin d'Alyssa et la fixa, un sourire patient sur le visage.

-Que vous as promis ce vampire pour que vous acceptiez ainsi de condamner votre âme ?

- Mais qu'est-ce que...rien ! Il ne m'a rien promit et je n'ai pas condamné mon âme !

- Si jeune et si naïve...il y a beaucoup de choses que vous devez comprendre, Madame, et l'une d'elle est que votre compagnon est un vampire, un monstre, un buveur de sang.

A la façon dont Beckett prononça ces mots, Alyssa comprit qu'il vouait une haine profonde aux vampires. Mais curieusement, elle éclata de rire.

-Vous pensiez vraiment que je l'ignorais ? Dit-elle entre deux éclats de rire, non seulement vous me kidnappez sans raison mais en plus vous pensez que j'ignore qui est réellement mon compagnon...Vous ne manquez pas d'air.

- Qu'il vous l'ait dit me surprends, mais j'apprécie cet...éclair d'honnêteté, de sa part.

- Que me voulez-vous ? L'interrompis Alyssa, qui n'avait plus du tout envie de rire.

- Comme je vous l'ai dit, vous protéger. Cette créature est néfaste pour vous, et nous ne voulons plus de victime en sol anglais.

- Alors relâchez-moi, et il n'y aura pas de victimes. Kerian me retrouvera et vous le savez, c'est pour ça que vous avez fermé totalement cette pièce. Et quand il sera là, je n'aimerais vraiment pas être à votre place.

- La chasse et la traque de vampires, telle est la raison d'être de mon Ordre, Madame, et vous êtes l'une des nombreuses vies que nous protégeons. Effectivement, votre vampire va venir. Mais la victime se sera lui.

Avec un sourire mauvais,Beckett se leva et s'inclina légèrement avant de repartir en direction de la porte.Alyssa n'esquissa pas le moindre mouvement, terrifiée par ce qu'elle venait decomprendre. Elle n'était pas la victime, elle était l'appât.

Another DraculaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant