Chapitre 2

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Je me réveille dans un grand lit en soie, dans une chambre luxueuse. Je me lève et regarde par la fenêtre : le soleil est en train de se coucher. J'ai dormi presque toute la journée. Je repense aux évènements de ce matin. Les larmes me viennent aux yeux lorsque je repense à l'aveu que la femme m'a fait. La rage m'envahit. Pourquoi mon grand-père ? Qu'a-t-il fait pour mériter ça ? Qu'ai-je fait pour mériter ça ? J'empoigne un vase de verre posé sur la table basse près de mon lit et le balance de toute mes forces contre le mur. Juste avant que celui-ci ne se brise contre le mur, il s'immobilise dans les airs. Je me retourne brusquement et trouve un jeune garçon à peine plus jeune que moi, concentré sur le vase. Il se tourne vers moi et le vase se repose lentement. Il me regarde tristement.

-La décoration ne vous plaît pas ? Si vous voulez on peut changer...

Je le regarde avec stupéfaction. Il me parle comme si ce qu'iI venait de faire est tout à fait normal. Il remarque ma gène.

-Oui alors vous voulez plutôt que j'aille chercher une collation ?

Il ponctue sa phrase en s'inclinant profondément.

-Je suis à votre service, Mademoiselle Green. Que souhaitez-vous ?

-Merci, je n'ai besoin de rien... dis-je d'une voix tremblante, encore stupéfaite de ce que je viens de voir, mais aussi perturbée de devoir donner des ordres à quelqu'un...Chez moi, nous n'avions pas de servants à notre service.

-Bien, je vais annoncer à Mme Meriador que vous êtes réveillée.

Le jeune homme s'en va dans un geste d'une grande grâce.

Je m'effondre sur mon lit, attendant l'arrivée de cette Mme Meriador avec impatience. J'ai tellement de questions à lui poser ! Je pense qu'elle en a tout autant que moi.

***

Quelqu'un toque à la porte une dizaine de minutes plus tard. Je me lève hâtivement et ouvre la porte. Ce n'est pas une femme qui se trouve au seuil de ma "chambre", mais le jeune homme de ce matin. Il m'offre son plus beau sourire. Il est vraiment beau. Je remarque que ses cheveux rouges -dont la couleur est due à sa particularité - ne sont pas coiffés, mais cela lui donne un charme tout autre. Il a de grands yeux rouges très profonds, et un teint assez pâle. Il n'attend pas mon accord pour entrer et s'engouffre dans ma chambre.

-Je vois que Alycia vous a donné une chambre assez confortable ! Dit-il.Et dire qu'elle se méfiait de vous...

-Pourquoi ça ? Demandé-je, étonnée.

Il éclata d'un rire sarcastique.

-Pourquoi ? Tout à coup, une jeune femme inconnue apparaît dans son salon alors qu'elle préparait l'anniversaire de son filleul...alors que celui-ci et menacé de mort par près de quatre Familles de Nirma ! C'est vrai qu'il n'y a pas de raison d'être méfiante.

Je rougis. C'est vrai, ma question était vraiment idiote. J'aurais dû réfléchir avant de parler. Mais un point me perturbe.

-Comment ça, menacé de mort par près de quatre Familles ? Je croyais que celles - ci s'étaient juré fidélité ?

L'homme eut un mouvement d'hésitation.

-Dites-moi, d'où venez - vous ? Je sais que les Green n'appartiennent pas à une famille très puissante, mais tout de même...

-Je viens de Silver, sur la côte Ouest.

Il soupire.

-Vous n'êtes pas bien informés, là - bas. Il va falloir que je vous réexplique tout.

<< Vous savez que Nirma a été créé il y a 200 ans sous l'effet de la radioactivité des pays environnants.Les habitants de notre royaume étaient normaux, hormis les animaux d'une taille hors du commun. Les oiseaux pouvaient mesurer jusqu'à 10 mètres.

La population se divisa très vite. À l'Est, les Familles les plus riches du Royaume, et les hauts fonctionnaires. A l'Ouest, les ouvriers, les chômeurs ou encore les mendiants.

Il y a 30 ans, à Sanglosia, près de la capitale, un laboratoire à trouvé un nouveau gène dans l'ADN d'un des scientifiques, du nom de Jack Grifing. Ce gène lui conférait de nouvelles capacités, en particulier celle de pouvoir se téléporter sur une courte distance. Il avait une autre particularité : ses cheveux ont changé de couleur, tout comme ses yeux dont le centre est devenu blanc. Les pointes de ses cheveux également. C'était le premier Blanc de Nirma, peut-être du monde entier.

Chaque année, un nouveau Blanc est découvert et enfermé pour sorcellerie. Aujourd'hui, nous sommes plus de 2000 et seulement une centaine d'entre nous ont échappé à l'emprisonnement. Nous voulons faire reconnaître nos droits et renverser la dictature qu'est devenu notre royaume. Les Blancs vaincront.>>

Il me regarde droit dans les yeux. Je baisse le regard.

-Lorsque vous êtes arrivée, Alycia s'est méfiée car de plus en plus de Familles gardent des Blancs à leurs côtés pour utiliser leurs pouvoirs à mauvais escient. Elle pensait que vous étiez une espionne.

-Vous aussi, on dirait ! Dès l'instant où vous m'avez aperçue, vous avez sorti...Un couteau.

L'homme rougit à l'évocation de ce moment. Il me regarde d'un air désolé.

-Je m'excuse pour mon comportement de ce matin. C'est vrai que j'ai pu vous paraître assez...excessif. Et je regrette. Je n'aurais pas dû tirer des conclusions trop rapidement.

-Pourquoi avez-vous eu cette réaction ?

-Comme je vous l'ai dit plus tôt, nous sommes de plus en plus méfiants vis-à-vis des personnes qui entrent chez nous. Surtout ceux qui arrivent comme vous.

-Comment cela se fait que vous ayez subitement changé de comportement envers moi ?

-Alycia m'a montré vos cheveux et vos yeux. Les espions cachent leur particularité. J'en ai donc déduit que vous étiez juste perdue.

À l'évocation de ma chevelure, je me tourne vers mon miroir doré. C'est vrai que depuis ce matin, je n'ai pas eu le temps de regarder mon reflet. Je me rends compte que le jeune homme a raison. Mes cheveux ont les pointes blanches, de même que mes yeux. De plus, ils sont devenus auburn, alors que j'étais blonde !

Je titube et me tourne vers l'homme.

-Mais...Pourquoi ?!

Il me sourit avant de s'en aller.

-Bienvenue chez les Meriador, chez les Blancs !

Je lui attrape le bras.

-Attendez ! Quel est votre nom ?

Il m'adresse un clin d'oeil et s'incline légèrement.

-William Meriador, à votre service. Mais vous pouvez m'appeler Willy.

La porte se referme derrière lui.

Blanche [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant