Chapitre 23

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Point de vue de Keelie

M'engageant dans le couloir menant à ma chambre, je repense aux réactions de Chaz envers moi ces derniers jours. Il change constamment de comportement avec moi. Il me présente ses excuses, mais il recommence à me disputer une heure après. Je ne sais plus sur quel pied danser avec lui, c'est terriblement frustant !

Finalement, sa soeur n'avait pas si tort : il est complètement idiot.

Malheureusement, je pense que je vais devoir lui demander son aide pour aller au rendez-vous de Lysandre. Même si ça me déplaît de lui demander un service, je pense que je n'ai pas le choix.

C'est donc reparti pour de nouvelles recherches dans l'immense manoir Sunlight, afin de trouver ce cher et tendre Blanc. Avant de partir à sa recherche, je retourne dans ma chambre pour me changer.

Sur le chemin, je trouve Laura, l'amie de Maxens. Pas un mot ne sort de sa bouche, mais son regard en dit long : Je te hais. Un sentiment de culpabilité s'empare de moi. Si je n'avais pas été là, il aurait encore son travail au manoir. Mais si il est vraiment un espion ? Tyler s'en serait forcément rendu compte à un moment, je n'ai fait qu'accélérer son renvoi. Peut-être même que Laura va être exclue d'ici peu, surtout quand on voit comme elle a été affectée par le départ de son ami.

Après m'être rapidement changée, je recommence les excursions dans le grand manoir et en profite pour admirer les décorations qui ornent les murs de celui-ci.

Même si on remarque que les Sunlight sont nettement moins riches que les Meriador, je devine assez facilement la valeur des objets qui m'entourent : tout ce qui se trouve dans ce manoir doit coûter une fortune, de la table qui supporte le poids d'un vase en cristal au grand tableau orné d'un cadre en or.

Je trouve finalement Chaz dans sa chambre, assis sur son lit à lire un livre gros comme sa tête. Je ne savais pas qu'il lisait autant, c'est étonnant.

-Qu'est-ce que tu lis ? Je demande d'un ton désinvolte.

Il lève ses yeux de son ouvrage pour me lancer un regard totalement désintéressé et ennuyé.

-"L'Histoire des Maisons de Nirma". Passionnant, non ? C'est Père qui m'a forcé à lire cette antiquité.

Un sourire malicieux s'étire sur mon visage. Tiens, il n'est pas tant intéressé par la lecture que ça, finalement. Mais je ne suis pas venue dans sa chambre pour savoir quel genre de livre il aime, et je lui explique la raison de ma visite, lui demandant si il y avait possibilité de m'emmener à Diantis tout en cachant la véritable raison de cette sortie.

-C'est hors de question.

Sa réponse, inattendue, me fait l'effet d'une gifle. Je ne m'attendais pas à ce qu'il me prenne par la main pour m'emmener dans un lieu qu'aucun de nous ne connaît, mais je m'étais attendue à une réponse moins cinglante.

Vexée, je quitte sa chambre sans un mot, claquant la porte derrière moi. Il va falloir que je trouve une autre solution pour aller voir Lysandre. Je n'aurais peut-être pas dû accepter son invitation, il risque de m'en vouloir si je ne peut pas venir.

J'ai beau réfléchir à toutes les solutions, je n'en voit aucune qui puisse m'être favorable. J'ai déjà épuisé toutes mes chances de pouvoir sortir d'ici.

La déprime monte en moi. Je ne sais plus quoi faire pour m'occuper en dehors des entraînements, et je n'en peux plus de rester enfermée ici. Je suis de nature énergique, j'ai besoin de me dépenser, de sortir dans les rues, voir du monde. Je ne tiens plus en place.

Une unique solution me vient alors : j'irai seule. À pied s'il le faut, mais j'irai, avec ou sans aide. Je ne supporte pas de vivre cloîtrée aux crochets de personnes que je connais trop peu.

Je tente d'élaborer un plan de fuite et commence par chercher une carte de Nirma dans la bibliothèque. Toutes les Familles en ont une, où il est inscrit le siège de chacune d'entre elles, de la petite Famille bourgeoise sans grande influence à la Famille Royale elle-même.

Par chance, je trouve l'exemplaire que je cherchais. Il indique les distances et les routes les plus courtes à emprunter pour arriver au plus vite à destination.

Les trois jours d'attente avant de voir Lysandre passent à la vitesse de l'éclair et je suis fin prête à le rejoindre.

Je range la carte dans ma poche et vérifie que personne ne m'ait suivie puis me dirige vers la sortie du manoir en essayant d'avoir l'air le plus naturel possible. Pourquoi est-ce lorsque l'on a le plus besoin d'être naturel qu'on ne l'est pas ?

Je passe la porte sans aucun souci, feingnant de vouloir simplement prendre l'air dans les jardins. Les servants ne me jettent même pas un regard.

Cependant, j'avais oublié un léger détail dans mon plan...Lydia. Celle-ci était partie en direction des jardins la dernière fois que je l'ai vue, et c'était il n'y a même pas une heure. Elle doit encore y être. Tant pis. J'inventerai un mensonge, elle n'y verra que du feu. Je suis excellente menteuse : il faut dire qu'avec la vie que j'avais avant, il valait mieux pour moi que je le sois. Nous vivions dans la pauvreté extrême, nous devions inventer n'importe quelles ruses pour nous en sortir.

Je trouve la jeune fille posée sur un banc, occupée à admirer les oiseaux buvant l'eau de la fontaine. On dirait qu'elle ne m'a pas remarquée. J'accélère le pas afin de partir avant qu'elle ne remarque ma présence. Subitement, elle tourne la tête vers moi et, à mon grand étonnement, m'adresse un clin d'oeil avant de poser un doigt sur sa bouche en signe de silence. Je m'arrête dans mon élan, stupéfaite. Elle a deviné mon plan ? Comment peut-elle savoir ?

Je lui lance un regard interrogateur mais n'ai le droit qu'a un grand sourire en retour. Mais qui est cette fille ?!

Passé l'étonnement, je reprends ma fuite en tentant d'être plus discrète que je ne l'étais déjà, les pensées obnubilées par Lydia et sa capacité d'analyse. Elle est vraiment intéressante, mais également très dangereuse. Elle arrive à tout deviner, tout prévoir et anticiper chacune des actions des personnes qui l'entourent. C'est comme si ses étoiles la guidaient.

Arrivée près du portail que j'ouvre facilement grâce à la clé que j'ai trouvée dans la bibliothèque, je sens une main puissante me retenir par le bras. Je n'avais pas fait attention aux pas précipités derrière moi.

-Alors comme ça tu compte sortir toute seule ? Je ne vais pas te laisser faire, ma jolie.

Blanche [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant