Premières rencontres

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            J'ai passé les deux jours les plus exténuants de ma vie. Bon, peut-être pas de ma vie, mais au moins de la semaine. Le samedi, Jenna me libère à treize heure comme prévu et pour une fois c'est avec joie que je rentre chez moi. Habituellement je préfère travailler, sans me presser, parce que je sais qu'en rentrant chez moi je serais toute seule. Mais aujourd'hui je suis trop fatiguée et pressée. Je traverse les rues au pas de course et trottine en montant les escaliers de mon immeuble comme si quelqu'un me poursuivait. Je n'ai pas beaucoup de temps pour me préparer. Sans prendre la peine de réfléchir à ce que je fais, je me précipite à l'intérieur de mon appartement jusqu'à me prendre les pieds dans le sac que j'ai préparé pour notre semaine de vacances. Je m'affale presque parterre en trébuchant et me rattrape au dernier moment sur mon canapé.

La journée ne s'améliore pas.

Ce matin j'ai déjà fait tomber deux fois mon plateau, alors que ça ne m'arrive jamais. Jamais ! Je crois que je suis un peu nerveuse. Je ne suis jamais partie en vacances avec des amis, je n'ai même jamais vécu avec quelqu'un d'autre que mes parents, et cette fois en plus, je ne connais que Sophia et Jules. J'ai déjà discuté avec Elise et Stuart, mais on ne peut pas dire que nous soyons de grands amis. Je fais vraiment un effort énorme pour prendre sur moi et ne pas prétexter que je suis malade pour éviter la torture de passer toute une semaine avec des personnes que je ne connais pas ou à peine.

De nouveau en équilibre sur mes pieds, je file sous la douche pour enlever l'odeur de café qui me colle à la peau à chaque fois que je rentre du travail. Je ronchonne en enfilant mon jean et mon pull, et cherche comme une dingue mes bottes de neige que je trouve bien cachées sous mon lit. Je ne les ai pas ressortis depuis l'année dernière. La neige a tardé à arriver jusqu'aux plaines cette année, mais il y en a déjà beaucoup dans les massifs. J'aime bien la neige, c'est beau, et quand elle n'entrave pas la circulation, c'est presque agréable, mais je n'aime pas vraiment le froid. Et je déteste le ski. Mon père nous y avait emmené, ma mère et moi, quand j'avais neuf ans, juste avant le cancer de ma mère. J'ai fait une mauvaise chute et j'ai passé le reste des vacances et encore trois mois après avec un bras en plâtre. De quoi me vacciner pour le reste de ma vie.

J'arrive à bout de la deuxième botte au moment où la sonnette de mon appartement retenti. C'est l'heure, je ne peux plus reculer. Je vais ouvrir la porte pour trouver Sophia et Jules... en train de s'embrasser. La touffe de cheveux blond bouclés de Jules m'empêche de voir le visage de mon amie et sa carrure, bien qu'il ne soit pas plus grand qu'elle mais tout de même plus grand que moi, donne l'impression qu'il va la manger toute crue. Je me racle la gorge pour leur rappeler qu'ils ne sont pas seuls et appréhende déjà les moments de solitudes qui m'attendent. On n'est même pas encore partis et ça commence déjà mal.

— Tess ! s'exclame Sophia en me prenant dans ses bras.

Jules en profite pour entrer, déposant un baiser dans mes cheveux en guise de salutation, et fonce au salon.

— C'est ton sac ? il demande alors que je referme la porte.

— Oui, vous voulez boire quelque chose avant de partir ?

Il revient, mon sac de voyage à la main et secoue la tête.

— On ne peut pas laisser Boomer dans la voiture tout seul, me confit Sophia avec un sourire d'excuse.

— Boomer ? Je croyais que l'ami de Jules s'appelait Drew ? Et il peut monter, vous n'étiez pas obligés de le laisser dans la voiture.

Jules passe à côté de moi en riant et sort sur le palier avec mon sac. Sophia se mord la lèvre pour retenir un fou-rire.

Tome1 : Une semaine en montagneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant