Tome1 : Une semaine en montagne

Si seulement c'était simple

J'entends les pas de Boomer qui court dans le couloir et dévale les escaliers pour aller accueillir mes amis revenus de leur journée de ski. Je n'ai même pas pensé à demander à Drew ce qu'il leur a dit pour pouvoir me kidnapper pour le déjeuner. Sophia doit être aux anges, elle pense sans doute que nous avons fait... je ne sais même pas ce qu'elle pourrait penser que nous avons fait en fait. Peut-être qu'elle s'imagine que Drew m'a invitée quelque part, ou que nous sommes venus ici pour déjeuner juste tous les deux et qu'une chose en entraînant une autre, nous avons peut-être échangé un baiser. Elle ne doit pas s'imaginer plus que cela n'est-ce pas ? Elle n'a aucune raison de penser que son amie qui n'a pas eu de petit-ami depuis bien longtemps pourrait se jeter toute entière dans les bras du premier homme qui lui propose quelque chose. Elle ne s'imaginerait pas du tout ce que nous avons réellement fait il y a quelques jours et de ce fait, elle ne peut en aucun cas s'imaginer la conversation que nous avons réellement eut aujourd'hui. Si seulement elle en avait une idée, elle me mettrait sans doute des claques.

Je soupire et me tourne dans mon lit pour la cinquantième fois depuis que j'ai demandé à Drew de me laisser tranquille. Je fais face à la porte vitrée qui donne sur le balcon et les montagnes. Le soleil est déjà bien bas dans le ciel. Et mon humeur n'est pas mieux. Je n'ai pas réussi à fermer les yeux plus de cinq minutes sans voir les beaux yeux de Drew ou le magnifique sourire d'Ethan. Je ne lui ai toujours pas répondu, j'espère qu'il ne s'est pas vexé. Je trouverais une excuse à lui donner. Je lui dirais que mon téléphone était éteint, ou que je ne l'avais pas avec moi. Je trouverais bien quelque chose. Pour l'instant je n'arrête pas de penser à Drew. J'ai beau retourner le problème dans tous les sens, même s'il veut être avec moi, c'est impossible. Nous ne vivons pas au même endroit, je ne sais même pas où il vit. Et je ne veux pas déménager, quitter les seules personnes que je connaisse pour le suivre je ne sais où, en espérant que nous nous supporterons assez longtemps pour vivre ensemble. Même s'il a vraiment des sentiments pour moi, quels qu'ils soient, nous ne pouvons pas vivre dans deux villes différentes, à je-ne-sais combien d'heures de route ou de vol l'un de l'autre. Ce n'est pas une relation ça.

Alors il veut quoi, qu'on s'amuse encore jusqu'à la fin de la semaine et ensuite chacun s'en va dans son coin, le cœur brisé ? Très peu pour moi. C'est un problème sans issues. Ce que nous avons fait n'aurait jamais dû se produire et les sentiments qu'il dit avoir n'auraient donc aucune raison d'être. Il doit juste se faire à cette idée. Ce doit être parce que nous sommes entourées de couples fous amoureux toute la journée, ça lui a fait croire qu'il avait des sentiments pour moi, mais une fois que nous aurons retrouvé nos vies normales, il m'oubliera vite et se rendra compte que ce n'était qu'une erreur. Je n'ai pas envie d'être son erreur.

Je soupire à nouveau, sans doute pour la centième fois aujourd'hui et attrape mon téléphone. Ethan est un bon choix. Je pourrais aller loin avec lui, plus loin qu'avec Drew. Je sais que j'ai dit que je ne voulais pas de relations, et j'avoue que pour moi c'est toujours étrange de l'envisager, mais après tout je n'ai rien à perdre. Il faut juste que je pense à garder mon cœur en sécurité, là où un autre abandon ne me tuera pas. La mort de mes parents, un après l'autre, ont chacune laissé une entaille toujours à vif dans ma poitrine. Je ne peux pas me permettre de laisser quelqu'un d'autre me blesser encore une fois. Si ça doit se finir, c'est moi qui y mettrais fin, comme les autres fois. Je m'échapperais à la moindre faille pour ne pas me laisser emporter dans quelque chose qui me laissera en miette. Je peux flirter avec Ethan et profiter de sa compagnie tant que cela sera possible. 

J'ouvre ma messagerie et relis le message d'Ethan avant de lui envoyer une réponse.

Je suis heureuse que mes lèvres t'aident à tenir le coup. Si tu es sage, tu les reverras.