En état d'arrestation

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            Le retour au chalet me semble interminable. Nous passons devant de magnifiques paysages et j'arrive à prendre quelques photos avec mon téléphone sans le faire tomber. Un exploit. J'ai obligé Drew à ralentir plusieurs fois pour que je puisse prendre une photo convenable ce qui, au début l'a fait rire, puis il a commencé à râler à chaque fois que je le lui demandais. Il semblerait qu'il ne puisse pas me résister. Mais finalement, il s'éclatait à accélérer comme un fou pour rattraper les autres. J'ai eu à nouveau la peur de ma vie quand il est passé à toute vitesse sur une bosse formée par la neige et que mes fesses ont décollé de quelques centimètres de mon siège. Je me suis agrippée à Drew tellement fort qu'il n'avait plus d'air.

— Punaise, tu n'en as pas l'air mais t'as de la force, il s'est exclamé le souffle court.

— Tâche de t'en souvenirs, je l'ai prévenu sans vraiment y croire.

Cette fois ce n'était que grâce à l'adrénaline, j'ai vraiment eu peur. Mais en d'autres circonstances je ne suis pas vraiment ce qu'on peut qualifier de forte. C'est pour cette raison que j'ai envisagé de prendre des cours de self-défense, histoire de pouvoir tout de même me protéger toute seule, mais je n'ai pas encore trouvé où. Et dans l'espoir de faire passer le temps, parce que le retour est vraiment interminable, je me suis amusée à faire des photos des autres et de nous. Drew m'a taquiné en me disant que ça ne sert à rien parce qu'avec nos casques, dont les visières sont noires comme les vitres teintées des voitures, il est impossible de savoir qui est sur la photo. Ça ne m'a pas arrêté pour autant.

Quand enfin nous arrivons au chalet, il est près de seize heure, comme l'avait prévu Jules. Mes jambes sont engourdies d'être restées pliées et crispées pendant tout ce temps. Je sautille d'un pied à l'autre pour les réveiller, sous le regard amusé de Drew qui en profite pour faire sortir Boomer de sa cage. J'en serais gênée si cette danse ridicule n'était pas nécessaire.

— Ça vous dit des chocolats chauds ? s'enthousiasme Elise.

Personne n'a le temps de lui répondre qu'elle est déjà dans la cuisine à les préparer. Je suis bien tentée de m'affaler sur un canapé, mais je décide d'aller l'aider pour ne pas passer pour celle qui ne fais rien de la journée et qui râle tout le temps. Elise commence à sortir les tasses et vient juste à côté de moi.

— Je ne sais pas ce que tu lui as dit, elle me confit à voix basse pour que les autres ne nous entendent pas, mais ça a été efficace.

Elle m'adresse un clin d'œil avec son habituel sourire serein. Je me tourne vers les autres, les trouvant tous assis dans les canapés à discuter et rire. Je capte le regard de Drew une fraction de secondes avec cette même sensation qui nous traverse tout le corps quand on nous effraye. Pas la peur, mais cette sorte de vague qui passe sur nous. Il tourne à nouveau la tête vers moi juste quelques secondes après et me sourit. Mais lorsque je vois le regard de Sophia passer de lui à moi, je me détourne.

— Quand je l'ai rejoint il était déjà un peu mieux, je chuchote à mon tour.

Elise fait chauffer du lait pendant que je sors le cacao et trouve avec joie une bombe de chantilly dans le réfrigérateur. Je l'agite devant elle avec un large sourire.

— Alors, la sortie vous a plu les filles ?

Je sursaute en entendant Jules juste derrière moi. Trop occupée à faire la maligne avec ma bombe de chantilly, je ne l'ai même pas entendu approcher. Il pose son bras sur mes épaules et m'approche de lui en me serrant brièvement avant de me relâcher, comme le ferait un frère.

— Oui c'était génial, lui répond Elise. J'ai juste un peu mal aux fesses.

Je lui adresse un regard interrogateur, tout comme Jules. Elle nous regarde à tour de rôle, l'air de ne pas savoir quoi nous répondre. Parce qu'il faut dire que même avec les bons que Drew m'a infligé, les sièges étaient assez confortables pour que je n'ai même pas mal au postérieur.

Tome1 : Une semaine en montagneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant