Hier soir après avoir débarrassé la table, je me suis réfugiée dans ma chambre et ai fermé la porte à clé. Il me fallait un peu de solitude pour réfléchir. Ça n'a pas été efficace du tout. Je n'ai fait que me poser les mêmes questions, encore et encore. Je me suis questionnée sur la vie de Drew. D'où vient-il ? Vit-il seul ? A-t-il des frères et sœurs ? Ses parents sont-ils toujours vivants ? Pourquoi Jules a dit que Drew a eu une enfance difficile ? Et pourquoi a-t-il dit qu'il ne pouvait pas me donner ce que je pourrais attendre de lui pour ensuite me proposer cet arrangement et maintenant me regarder comme s'il en voulait plus ? Est-ce que moi j'en veux plus ? J'ai beau essayer d'imaginer une relation avec Drew, je n'arrive pas à l'envisager. Je suis trop solitaire et de toute façon nous ne vivons pas au même endroit. Ce doit être une semaine de plaisir entre amis, c'est tout. Rien de plus que du sexe et de la rigolade. Une parenthèse dans mon quotidien ennuyeux mais bien réglé. Parce que j'ai besoin de cette rigueur. J'ai besoin que tout soit bien en place, je n'aime pas l'imprévu, pas depuis un petit moment en tout cas. J'avais juste envie de changer un peu, juste pour une semaine, juste une petite folie sans conséquences. Et à la fin de la semaine je retournerais à cette routine sans le moindre regret. Pas vrai ? Je n'ai aucune raison de redouter ce moment, je sais qu'il va arriver et que je ne verrais plus Drew. Il le sait tout aussi bien que moi. J'ai juste dû mal interpréter ce que j'ai vu. C'est tout. Juste un mauvais tour de mon imagination. Rien de plus. Pourquoi aurait-il changé d'avis alors qu'il était bien clair depuis le début ? C'est sans doute une farce de mon imagination. Nous avons failli nous faire prendre et il était encore amusé par cela, c'est tout.
Au réveil, ce matin, ils étaient déjà tous partis quand je suis descendue. J'ai trouvé un mot sur la table de la salle à manger, placé juste au milieu en évidence. Et alors que j'avais réussi à me convaincre qu'il n'y avait rien de plus que ce que nous avions établi depuis le début, ce mot n'a fait que m'obliger à me poser d'autres questions. C'était un mot de Drew me disant qu'ils sont partis tôt et qu'ils n'ont pas voulu me réveiller, qu'ils ont pris la voiture de Stuart mais que je peux utiliser la sienne si j'ai besoin de sortir.
Utiliser sa voiture ? Celle qu'il m'a dit de ne pas toucher ?
Et en dessous, il m'a laissé son numéro de téléphone « au cas où ». Au cas où quoi ? S'il m'arrive quelque chose ? Je peux très bien appeler Jules ou Sophia dans ce cas. J'ai même le numéro d'Elise bien que je ne m'en sois jamais servi.
Peut-être qu'il veut que je le prévienne en premier s'il arrive quelque chose à Boomer ? C'est une explication rationnelle et logique. Une explication moins tordue que de penser qu'il veut que j'aie son numéro pour rester en contact après cette semaine.
J'ai gardé le petit mot dans ma chambre et j'ai enregistré son numéro dans mon téléphone. Au cas où.
Ma matinée s'est résumée à lire une bonne partie du roman que j'ai ramené, Boomer couché en boule à côté de moi sur mon lit. Pour le déjeuner, j'ai fait réchauffer les restes de la veille que j'ai partagé avec mon ami à quatre pattes, puis je suis allée me promener avec lui le long de la route pendant une bonne demi-heure avant que je ne sente plus le bout de mon nez. Des flocons ont commencé à tomber quand je suis retournée au chalet, mais seulement quelques-uns. Pas assez pour recouvrir la route. Mes amis ne devraient donc pas avoir de mal à rentrer au chalet. Finalement, après avoir essayé en vain de trouver quelque chose d'intéressant à la télévisions, j'ai repris ma lecture devant la cheminée.
J'apprécie le calme que me permet d'avoir cette journée sans eux. Je les aime beaucoup, mais j'ai besoin de ma dose de solitude. Et je dois avouer que le silence de ce chalet est beaucoup plus agréable que celui que je peux avoir dans mon petit appartement. Il n'y a pas de voitures qui passent à longueur de journée sous mes fenêtres, ni de voisins dont les coïtes sont un peu trop bruyants ou dont le chien n'arrête pas d'aboyer à longueur de journée. Ici tout est reposant. Tellement reposant que je crois que je me suis endormis sur le tapi devant la cheminée, mon bouquin ouvert sur le ventre. Parce qu'au moment où une main se pose sur mon épaule pour me réveiller, et que je vois le visage de Sophia penché sur moi, c'est comme ça que je suis.
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Tome1 : Une semaine en montagne
Storie d'amoreAprès la mort de son père, Tess décide de fuir son passé et de recommencer sa vie ailleurs. Elle ne met pas longtemps à se trouver une nouvelle place dans une petite ville du Colorado où elle trouve un job et surtout une nouvelle amie. Et c'est cett...