9 - Panne de réseau.

15.6K 1.8K 331
                                    


La sonnerie annonçant la fin des cours retentit et je range mes affaires sans tarder, trop heureuse de m'échapper d'ici. Cela ne fait qu'un mois que la rentrée est passée et je m'ennuie à mourir en cours, c'est horrible. À un point que je maudis presque mon oncle pour m'avoir fait prendre autant d'avance sur le programme en s'inquiétant de mes acquis.

À chaque nouveau cours, lorsque le professeur s'apprête à annoncer ce qu'il va nous apprendre, je prie intérieurement pour que ce soit une nouveauté, une chose que je n'ai pas déjà abordée, un sujet inconnu, un truc qui me réveille, tout simplement. Et lorsque l'énoncé du cours tombe, de déception, j'ai envie de m'affaler sur le bureau, et de pleurer de désespoir.

Je connais déjà tout par cœur et c'est insupportable que de pouvoir finir les phrases du professeur à sa place. Voire même, j'arrive à réciter la phrase avant même qu'il l'ait commencé. C'est très frustrant et éprouvant que de devoir rester assise sur une chaise toute la journée, à écouter un professeur sans avoir aucun intérêt pour ce qu'il raconte.

La première semaine, je n'avais comme occupation que le jeu de cocher sur mon cahier à chaque fois qu'un professeur se trompait sur ce qu'il disait. Charlie ayant remarqué mon manège, et surtout le fait que je n'écrivais aucune ligne pendant les cours, il s'est inquiété.

- Tu fais quoi au juste ? m'a-t-il chuchoté.

- Je fais une petite barre quand il dit une ânerie, ai-je soupiré.

- Mais... tu as fait plein de barres depuis le début de la semaine ! s'est-il exclamé.

Que répondre ? Rien, alors j'ai haussé les épaules.

- Tu veux dire que les profs se trompent ? Que tu sais mieux qu'eux ? a-t-il demandé avec un air soupçonneux et m'indiquant qu'il me trouvait un peu prétentieuse.

- De mon oncle ou des profs, tu penserais que lequel est le plus fiable ?

- Ton oncle... sans hésiter, a-t-il bougonné de devoir l'admettre, lui aussi.

- Ne t'affole pas, ce ne sont pas des erreurs qui t'empêcheront d'avoir ton diplôme, je le rassure.

- Mais plutôt que de faire des petites barres qui ne servent à rien, tu ne veux pas plutôt écrire les corrections sur mon cahier ? Ce serait plus utile, au moins pour moi, m'a-t-il fait remarquer.

- Tu n'es pas con, en fait, l'ai-je taquiné.

- Con, surement pas, mais pragmatique, et intéressé, c'est certain. D'ailleurs, tu pourrais peut-être prendre les notes à ma place aussi, ça t'occuperait et je pourrais me concentrer sur les paroles du prof.

- Bien tenté, mais non. Je ne suis pas ta secrétaire, ai-je ronchonné.

J'ai donc arrêté mes petites barres, mais les quelques notes que je rectifiais pour Charlie ne m'ont pas suffisamment occupée pour me faire paraitre le temps moins long. J'aurais tué pour avoir mon ordinateur et pouvoir au moins aligner des lignes de codes, mais ce n'était pas possible. J'ai donc commencé à en écrire au stylo sur mon cahier, mais les retaper le soir sur l'ordinateur est encore plus fastidieux comme travail, c'était contreproductif.

Il fallait que je m'occupe pour ne pas devenir folle, mais je ne trouvais pas comment. Lire un livre ? À peine plus discret que de tapoter sur mon ordinateur. Puis, pendant un cours, un professeur s'est mis à faire une mise en garde aux élèves sur l'utilisation massive des réseaux et des achats sur internet, des risques de piratage de nos données personnelles et bancaires.

En secret (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant