21 - La foudre.

16.7K 1.8K 508
                                    

*** Point de vue de Shaun ***

Allongé sous une bagnole et en train de me battre avec un moteur qui commence sérieusement à me gonfler à me résister comme ça, j'entends mon portable sonner l'arrivée d'un message. C'est assez rare pour que j'en sois étonné, et ce n'est rien de le dire puisque cela fait bien deux ans que je n'en reçois plus aucun. Personne n'a rien à me dire et le peu de potes que j'aie n'aime pas écrire, ils préfèrent appeler. Pour demander toujours la même chose d'ailleurs, « on va boire un coup ? ».

Bref, c'est bon, ça me surprend assez pour que je glisse sur le dos pour me sortir de sous la voiture et attraper mon téléphone dans ma poche. Quand j'allume l'écran, mon cœur a un raté. Ma Lila. Je suis comme un con à regarder son message, je me sens tout mou d'un coup, comme si on venait de me dégonfler. Elle est rentrée ? C'est ce qu'elle me fait comprendre, j'en suis sûr.

Merde ! Elle est revenue ! Je me sens mal, j'ai le cœur qui s'affole. Je sais que je suis hyper heureux et pourtant, je me sens tout bizarre, je crois que je suis sous le choc. J'attendais trop ce moment et en même temps, je n'y croyais plus. Mais elle est de retour et en plus, elle me prévient. Elle doit être chez son oncle, à peine à un kilomètre de moi, et elle pense à moi. Bordel, voilà que mes mains tremblent maintenant.

N'arrivant pas à m'en remettre, je laisse mes jambes flancher pour m'assoir à même le sol, toujours en regardant son message.

Ok. Il est temps de faire le point. Je vais aller la retrouver dans sa chambre ce soir, c'est obligé. En plus, elle s'en doute, ça aussi, c'est certain. Ce qui veut dire que je vais avoir du travail en sortant du boulot. Je dois prendre une douche si je ne veux pas qu'elle me fiche dehors, et il va falloir que je frotte pendant une heure si je veux être totalement décrassé.

En réfléchissant, je passe une main dans mes cheveux et mes doigts se prennent dans mes mèches emmêlées. Mes cheveux... pas le temps d'aller les couper, mais si je les lave trois fois, ça devrait passer un peu mieux parce que là, c'est de la paille. Et pas de la paille qu'on vient de ramasser dans les champs, le truc qui sent bon la nature, mais plus la paille qu'on récure après que les vaches aient chié dessus.

Mon regard glisse sur ma main qui tient le téléphone et je vois mes doigts noirs et mes ongles... on ne les voit même plus dans tout ce noir. Si je les trempe dans la javel, est-ce que ça peut le faire ? La brosse en fer plutôt, ça me semble indiqué vu le désastre et elle ne voudra jamais que je la touche avec des paluches pareilles.

Je gémis en constatant qu'il va me falloir toute la soirée pour être au moins correct devant elle. Et je ne sais même pas si j'ai des fringues propres, c'est la grosse loose. J'ai peut-être le temps d'en acheter par contre, ça vaut le coup de faire au moins ça.

Bon, en résumé, je n'ai pas intérêt à trainer et vite partir dès que j'ai fini si je veux être un minimum présentable.

C'est la course quand j'ai fini ma journée. Mon père n'a pas compris quand il m'a vu courir pour sortir du garage, il voulait me parler, mais j'ai crié « Pas le temps ! » en fonçant vers ma bagnole pour démarrer ensuite en trombe. Je viens de sortir du seul magasin de fringues de la ville avec une tenue complète, jean pétrole, chemise, t-shirt blanc parce que les miens ne sont plus blancs depuis longtemps vu que je fais des machines en mélangeant tout. Tant qu'à y être, j'ai pris des boxers et des chaussettes parce que les miennes... c'est juste pas possible.

Je fonce à la maison, ou le truc qui m'offre un toit sur la tête, et quand j'arrive enfin, je défonce presque la porte pour entrer plus vite. Je jette le sac de fringues sur mon lit, je me dépoile en expédiant le tas de linge puant dans un coin de ma chambre, et je vais direct sous la douche.

En secret (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant