En secret (Terminée)

12 - Préparatifs.

En parlementant et bataillant ferme, le patron du Joey's parvient à faire partir toute la bande. Shaun est l'un des plus vindicatifs, mais cède finalement, comme tous les autres. Lorsque je le vois se diriger vers sa voiture en chancelant, tenant à peine sur ses jambes et tout en vociférant des insultes à l'encontre de tout le monde et personne, j'ai le cœur brisé. Le voir dans un état aussi lamentable me choque et j'ai les larmes qui menacent, alors je tourne vite la tête pour ne plus le voir et risquer de pleurer devant tout le monde. Personne ne comprendrait que je sois autant touchée par son sort.

Le pire, c'est qu'il prend le volant alors qu'il n'est pas capable de conduire. Il démarre et comme à son habitude, sort du parking comme un fou. Je ne sais par quel miracle il ne s'encastre pas dans une voiture ou un arbre, et ensuite, nous entendons son moteur rugir jusqu'au loin.

Le patron du Joey's revient sur la terrasse et quand il arrive devant nous, tous silencieux et encore interdits par la scène qui s'est jouée, il nous rassure.

- Il n'y a plus de problèmes les jeunes, vous pouvez continuer à vous amuser, lance-t-il avant de rentrer dans le bar.

- Il était complètement pété Shaun, non ? demande un des gars.

- C'est clair. Il n'a pas l'âge de boire de l'alcool, il roule comme un malade et bourré, il va mal finir celui-là, confirme un autre.

- Ce n'était déjà pas brillant pour lui, mais alors là, ajoute Léna en levant les yeux au ciel.

La réflexion de Léna est l'effet d'un coup de poing et je lutte pour ne pas me lever et prendre sa défense. Leur expliquer que Shaun n'est pas comme ça, pas tout le temps du moins, et surement pas avant que je ne malmène ses sentiments.

Même si l'ambiance redevient un peu plus légère au bout de quelques minutes, nous restons tous un peu choqués. Moi, je n'en parle même pas, je n'arrive pas à penser à autre chose qu'à Shaun. Finalement, ne profitant plus du tout de la soirée, mes pensées n'étant plus à la fête, je décide de les quitter en prétextant de la fatigue.

Après les avoir tous salués et leur avoir promis de sortir plus souvent avec eux, ce que je ferais avec plaisir, je ramène Léna qui souhaite aussi rentrer chez elle.

Je me sens extrêmement mal. J'ai le cœur lourd de le voir dans un tel état et je conduis en silence, jusqu'à ce que je me décide à questionner Léna.

- Tu savais qu'il buvait et se battait ?

- Oui, répond-elle. Mais je ne l'avais encore jamais vu et ça m'a fait drôle. Même si Charlie m'en avait parlé, parce qu'il l'a croisé à des soirées quelques fois ces derniers temps, et ça empire à chaque fois d'après lui. Mais je ne pensais pas que c'était à ce point.

- Mais les types louches avec qui il traine, ce sont des adultes, ils ont tous plus de vingt et un ans en plus.

- J'imagine que c'est justement son intérêt de sortir avec eux, sinon, il ne pourrait pas boire d'alcool, précise-t-elle.

- Ce sont qui ces types d'abord ? je questionne.

- Des mecs qui ont arrêté leurs études, aucun n'est allé à la fac, ils bossent tous, ou font autre chose de nettement moins clair, j'imagine.

- Mais quel gâchis, je soupire.

- De toute façon, tu t'en fiches bien. Toi et Shaun, c'est plutôt la guerre, il t'en fait voir. Alors au moins, il te fiche la paix, conclut-elle en haussant les épaules.