chap 12

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19h30

Sans vraiment le vouloir, ma tête a choisi la direction et m'emmène devant la maison des parents de Sarah. Je sais qu'elle n'est pas là mais cet endroit me donne un sentiment de protection et me rappelle mes souvenirs avec elle d'hier et quand nous étions ensemble. Je m'avance sur le chemin et à travers le muret qui encercle la maison, j'aperçois un gros pick-up noir, celui de son père. Je m'arrête devant le portail. Ma tête va exploser. Je baisse le volume de l'autoradio. J'éteins les phares. Qu'est-ce que je fous là? Je devrai faire demi-tour mais mes mains restent accrochées sur le volant. Je pose ma tête sur le volant et ferme les yeux. Tout est confus dans ma tête. Il fait déjà nuit noire et le bruit sourd d'une porte, me fait sursauter je lève la tête et j'aperçois devant l'entrée le père de Sarah, Bruno, qui sort un manteau et une écharpe sur le dos pour le couvrir du froid. Quand il se retourne son regard se bloque sur ma voiture. Il avance vers moi, en essayant de voir qui se trouve devant chez lui. Je baisse la vitre teintée et quand il me reconnait, il me regarde heureux mais à la fois surpris de me voir ici, cela fait plus de 3 ans que je ne l'avais pas vu, il me sourit et m'ouvre le portail. J'avance et me gare derrière le pick-up. Il s'approche de ma portière.

- Davy... mais que fait tu ici ?

-Salut Bruno, désolé je suis un peu paumé ce soir et la voiture m'a mené jusqu'ici. Je vais faire demi-tour désolé encore. Je ne devrai pas être là.

- Ne t'inquiète pas, Corinne n'est pas là, elle est parti à son cours de yoga. J'allai partir chercher du pain et des clopes mai ça peut attendre... allez rentres, je t'offre un verre... allez viens.

Je ferme la voiture et le suit à l'intérieur de la maison. Il me prend dans ses bras. Je suis un peu gêné par son geste.

- Qu'est-ce que ça fait plaisir de te voir ....Que se passe-t-il mon garçon?

Le père de Sarah est un homme de 50 ans avec des cheveux couleur poivre sel coiffé en arrière. Il a une petite moustache jaunie par la cigarette. C'est un homme plus grand que moi malgré mes 1 mètres 77, il est assez costaud. Un ancien joueur de rugby. Il m'a toujours considéré comme le fils qu'il n'a jamais eu. J'hésite à lui parler réellement de mes soucis, que je suis un homme avec des cornes plus grosse que celle d'un bélier. Que la roue vient de tourner par rapport à ce que j'avais fait à Sarah.... Et pourtant, je me lance, je lui raconte ma rupture avec sa fille, mon histoire avec Camille. L'annonce de l'accident de voiture de Sarah, mon approche en lui envoyant un SMS. Que l'on s'est revu, que nous sommes venus ici, qu'on a flirté et que j'ai stoppé net. Je lui raconte également que Camille m'a annoncé, il y a quelques heures maintenant, qu'elle me trompait. Je lui déballe tout mon sac. Je suis comme un gosse qui se plaint à son père.

- Ah les femmes, elles ne savent pas où elles ont mal. Mais... mon garçon, pourquoi te prends tu autant la tête? Tu vas bientôt avoir 30 ans, Sérieusement tu es quelqu'un de fort, je ne t'ai pas connu comme çà. Qu'est ce qui t'a autant détruit, affaibli, paumé comme tu dis ..? Il me lance un regard interrogateur et à la fois inquiets. Il a toujours eu un discours direct quitte à blesser selon les mots qu'il emplois. Mais en même temps oui, je suis paumé. Il allume une cigarette et m'en tend une. Je l'allume et sans vraiment savoir quoi répondre, les premiers mots qui me viennent sorte naturellement de ma bouche.

- Je suis paumé depuis que j'ai eu des nouvelles sur Sarah. Depuis que j'ai revu votre fille. Depuis que tout s'est chamboulé dans ma tête, que mes sentiments ont refait surface, moi qui penser qu'ils étaient enfouis...Je tire sur la clope en le regardant le regard perdu.

Il se lève et me donne une petite tape sur l'épaule.

- Et bien, si tu l'aime encore mon garçon ; tu sais ce qui te reste à faire. Quitte la personne qui te fait du mal et rejoins celle que ton cœur désire .... Sache que Sarah nous a juste dit par rapport à votre séparation que vous étiez plus sur la même longueur d'ondes mais je pense qu'elle devait se tromper... Ne t'inquiète pas sa restera entre nous ta petite visite nocturne.

Il écrase sa cigarette dans le cendrier.

Je fais de même et le serre dans mes bras. Je le remercie de m'avoir ouvert sa porte, de m'avoir écouté me lamenter sur mon sort alors que quelques années auparavant je laissai seule leur fille comme un lâche.

Je sais ce qui me reste à faire mais je vais d'abord devoir trouver un endroit pour dormir ce soir. Hors de question que je dorme sous le même toit que Camille, mes nerfs sont encore trop à vifs. J'ai besoin que la nuit me porte les meilleurs conseils pour que mes paroles soient réfléchies et non brutal. Je sors du chemin de chez les parents de Sarah en regardant son père qui monte dans sa voiture.


DestinéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant