chap 29

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Jeudi.

Je ne me souvenais plus ce que c'était que d'attendre le bus. Tous les gens se regardent du coin de l'œil, limite de travers. Alors avec ma béquille, ils doivent se faire tout un film du pourquoi, j'ai une béquille. Pourquoi ma jambe gauche est bizarre dessous mes collants? Je me sens un peu mal à l'aise lorsque le regard d'une vieille dame s'arrête longuement sur ma jambe. Je sens mes joues rougir et la chaleur de mon corps montée. Je baisse les yeux tellement, je me sens gênée. Ouf sauvé par le gong. Le bus arrive. Je monte tant bien que mal. Je paye mon voyage. Je m'assois à la première place derrière le conducteur. le conducteur me regarde dans son rétroviseur, il doit se demander pourquoi j'ai mis autant de temps à monter dans son bus. Il est gros, ses cheveux noirs sont huileux. Il sent la transpiration à dix milles. Sa moustache se finit de chaque côté par des boucles qu'il a du bien coiffé. Je décide de regarder mon téléphone, je branche mes écouteurs et mets en marche ma playlist. Rolling in the Deep d'Adèle. Voilà ce qu'il me fallait. Ma chanteuse préférée. Je n'entends que sa voix autour de moi. Je regarde à travers la vitre le paysage. Les remparts d'Avignon. L'université. Le Rhône. Je regarde les piétons. Je regarde les habitudes des gens, leur façon de marcher. J'aime beaucoup regarder la gestuelle de chaque personne. J'aime examiner leur façon de faire de se comporter. 

 Le bus s'en va, me laissant devant un arrêt de bus assez morbide. Les vitres de l'abri de bus sont toutes cassées. Le banc est tagué et sale par les chewing-gums qui ont été collés et qui ont séché. Je marche vers le centre de rééducation toujours ma musique à fond dans les oreilles. Je regagne l'arrêt de bus.

Mon cours de rééducation s'est vraiment bien passé. Je suis vraiment fière des efforts fournis et de ma persévérance. Je regarde mon téléphone et décide de répondre au message que Jessy m'a envoyé, il y a une petite heure. Je lui réponds. Je prends la ligne pour me mener vers le centre-ville.

Je sors du bus et marche en direction de la place où se trouvent les bars et restaurants branchés d'Avignon. Je marche, ma jupe joue avec le vent. Je m'arrête d'un coup. Je reste plantée autour de la foule autour de moi. Il est là assis avec Micka et Jessy. Il est magnifique. La garce, elle ne m'a rien dit. Je suis à la fois heureuse mais aussi vraiment angoissé. Allez ma vieille, on sort les doigts du cul et on marche, c'est ce que tu veux non le voir. J'avance comme si sa présence était normale en terrasse avec mes amis. Je suis à quelques mètres de leur table, au même moment son visage se tourne vers moi et s'arrête dès qu'il m'aperçoit. Ça y est, il m'a vu. Je décide de lui sourire en baissant les yeux. Il me regarde avec admiration. Il se lève et me rejoint. Il se tient maintenant devant moi, nos corps sont proches. J'appuie sur mon téléphone pour baisser le volume dans mes écouteurs. Il pose sa main sur mon bras et me tiens jusqu'à ce que nous retrouvons nos amis qui ne cessent de nous regarder avec des airs ahuris. Il m'aide à m'asseoir, j'appelle le serveur et lui demande un café. Il pose sa main sur ma jambe, nos regards se croisent. Nous nous regardons, en fait plus rien n'aie autour de nous. La bulle qui s'était créée mardi matin a réapparu et nous cocoone de tout ce qui se trouve autour de nous. Je pose ma main sur la sienne et souris timidement.

Micka nous sort de notre bulle en demandant à Jessy de prendre congé. Je la regarde se lever et lui répondre en me regardant. Elle me lance un clin d'œil et ils s'en vont.

Je me sens un peu gêné, je ne sais que dire, ni ose le regarder. Je sens l'électricité autour de nous, elle devient même palpable. Il rapproche sa chaise de la mienne en tournant ma chaise vers lui. Nous nous retrouvons face à face, il écarte ses jambes afin d'encercler les miennes. Ses yeux s'embrasent dès qu'il s'aperçoit que je mordille ma lèvre inférieure. J'ai la bouche sèche. Soudain il pose ses mains sur mon visage. Elles sont chaudes. Il dépose directement un baiser sur mes lèvres. Il plonge son nez dans mes cheveux. Je le prends dans mes bras.

-Tu m'as tellement manqué... Je lui dis en chuchotant à son oreille.

-Moi aussi... Excuse-moi de ne pas t'avoir répondu à ton SMS. J'ai eu une journée assez chargée. J'ai appris que comme toi, je suis cocu et comme il faut. Il rit jaune.

Il relève sa tête et me regarde longuement. Il m'explique avoir quitté Camille. Je pense devenir tout rouge, car intérieurement je suis en train de sauter de joie. Je ne le montre pas heureusement, il me prendrait pour une folle.

- Décidément le destin fait en sorte que nous soyons cocus en même temps. Je lui dis en prenant ses mains et en lui souriant.

Je n'avais jamais vraiment regardé et inspecté le centre-ville. Ces rues pavées, ces petits salons de thés, ses bâtiments immenses avec une architecture magnifique. Je n'avais vraiment pas fait attention avant à tout ce qu'était cette ville. Il y a certains dictons ou proses de différents écrivains ou poètes. Je décide de me lancer et attrape sa main en entrelaçant nos doigts. Il se raidit à mon contact mais recommence à marcher normalement après que nos doigts jouent entres eux. Il me sourit. Cette sensation de marcher avec lui me refait penser à nos années que nous avons passées ensemble. Je souris bêtement en pensant à nos souvenirs.

Nous nous arrêtons près d'un snack pour commander de quoi manger. Nous parlons de tout est de rien pendant tout notre repas. Tout sauf de nous.  Nous avons promené encore dans les rues du centre-ville. Moi qui adore faire les boutiques, je ne m'y suis pas attardé longtemps. Je n'avais qu'une chose en tête qu'il me raccompagne chez moi.



DestinéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant