Chap 18

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Vendredi

20 h 30.

J'entre chez mes parents. Tout en fermant la porte d'entrée derrière moi, je m'excuse de venir à l'improviste. Mon père est assis sur le canapé et regarde la télé. Seul le salon est allumé mis à part la petite lampe de la hotte de la cuisine. Il a l'air plus détendu que la dernière fois. Ma mère est à son cours de Zoumba. Je m'assois en face de lui. Je pose mes coudes sur mes genoux et ma tête vient se poser dans mes mains.

Qu'est-ce qui m'a pris d'avoir fait cela avec Camille. Je mettais jurer de ne plus poser une main sur elle. Je suis vraiment minable. Comment vais-je dire cela à Sarah? Sarah ... je n'ai plu de nouvelles depuis que je l'ai déposé chez elle avant d'aller récupérer mes affaires. Je relève la tête et croise le regard de mon père. Il me regarde longuement et fini par me demander ce que j'ai. Je prends une minute, je me passe les mains sur mon visage avant de lui répondre.

Je commence à tout lui raconter depuis le début. Son visage se change à chaque passage de mon discours. Je sais qu'il appréciait vraiment Sarah, elle faisait vraiment partie de la famille. Il avait été anéanti dès que nous leur avions appris qu'elle avait perdu le bébé. C'est depuis ce jour qu'il a changé de comportement puis cela s'est dégradé quand il a su que je l'avais quitté. Il n'aimait pas Camille. Il lui avait déjà fait différentes remarques sur sa façon de s'habiller et sur son comportement.  

 Il s'approche de moi et me prend dans ses bras. Cela fait une éternité qu'il n'avait plus eu de geste d'affection pour moi... Je finis par craquer. Ouai un mec qui pleure sa arrive. Je suis vraiment paumé, je ne sais pas dans quelle situation je suis avec Sarah et je viens de faire une belle connerie avec Camille. J'ai vraiment honte de mon acte. Je le regarde les yeux pleins de larmes. Il me sourit et décide de me parler de sa journée. Comme si de rien n'était. Il ne veut pas me juger, je le vois. Il me raconte que depuis mercredi, il sait rendu compte d'avoir été froid avec moi et s'en excuse. Je lui raconte mon nouveau travail. Il est fier de moi, même si je sais que son voeu est que je reprenne les terres avec lui. Mais franchement non merci. Je n'ai pas du tout la main verte et la patience de voir pousser des légumes. 

Il me propose de m'installer dans le studio qu'il m'avait construit. C'était une ancienne écurie qu'il a complètement réaménagé du sol au plafond. Je l'avais aidé, j'avais 16 ans quand il m'a fait cette surprise. Je me languissais à l'époque d'avoir ma liberté. J'étais trop jeune pour me prendre un appartement, j'avais des sous de côté, mais je n'avais pas la majorité. Nous avions décidé d'un comme un accord. J'avais mon indépendance en restant quand même chez eux, mais je devais l'aider à retaper l'écurie pour avoir mon chez-moi. J'avais de suite sauté sur l'occasion. L'écurie, c'était transformé en un immense studio voire même un T2. Il y a une grande pièce avec cuisine et salon. Derrière la porte du salon se trouve une chambre avec une salle de bains. La décoration a changé depuis. Mes parents s'en servent quand un couple d'amis de Paris descend dans le sud.

Je me rappelle avoir emmené plus d'une fois Sarah. Elle a connu ses lieux dès que les travaux étaient finis jusqu'à ce que nous prenions un appartement. Par contre, Camille n'y est jamais rentré. Je n'ai aucun souvenir d'elle ici et j'en suis ravi. Je m'avance vers lui et le remercie en le prenant dans mes bras. Son regard est surpris, mais fini par s'attendrir et un sourire éclaire son visage. 

 J'avance ma voiture vers le studio. Je commence à sortir tous mes sacs dans la pièce à vivre. Je décide de tout trier pour faire du tri dans ma vie et dans ma tête. Je ne veux plus rien comme souvenirs de ma vie passée. Je veux tourner cette lourde page et commencer un nouveau chapitre. Mon téléphone me ramène à la réalité en m'annonçant un nouvel appel. Je décroche sans regarder qui s'est.

- Allô ?

- Oui, c'est moi... Je ... Je voulais savoir si tu revenais ce soir ou pas ? ... Tu ne m'as pas dit si tu rentrais.

Merde ! Sarah, j'avais complètement zappé de la prévenir.

- Non, je suis chez mes parents là... Désolé... Je dors là-bas, je suis en train de ranger toutes mes affaires dans le studio.  Je n'entends que son souffle. Elle pousse un soupir.

- Pas de souci, bon eh bien à plus tard alors ... Elle raccroche. Je la sens confuse et, pourtant, elle n'a rien fait de mal. Ce connard de Vincent l'a vraiment changé. Elle est devenue timide, gêné envers moi. Hésitante sur ses paroles. Je ne comprends vraiment pas ce qu'il lui a fait. Je pose mon téléphone et continue de ranger. 

Je rejoins mes parents pour manger, ma mère me demande.

- Tu t'es bien installé ? Si tu as besoin de quoi que ce soit, je peux aller te faire des courses. Me dit-elle en me souriant.

Ma mère ne me pose pas d'autres questions. Mon père a dû lui parler. Nous finissons le dîner, mise à part la discussion entre mes parents, je ne parlai guère. Aucun des deux n'ose me demander plus d'informations sur ma venue. Mon père étant au courant, je lui laisse l'occasion de le dire à ma mère sauf si c'est déjà fait. 

Je retourne dans le studio après avoir dit bonne nuit à mes parents. Je rassemble tous les sacs maintenant vides. Je peux enfin revoir le parquet au sol qui étaient caché dessous toutes mes affaires. Je m'allonge sur le lit. Enfin un deux places ! La pluie ne cesse de battre dehors. Les orages grondent.J'ai bien fait de ne pas oublier de fermer les volets. J'attrape mon téléphone, un message de Sarah m'est parvenu alors que je mangeais.

" Si tu as besoin de temps, où même si finalement, tu es retourné avec elle, je ne t'en veux pas. Je t'attendrai encore et toujours. Car c'est avec toi que je veux être... XX."

Si elle savait que j'ai besoin d'elle moi aussi mais que j'ai déconné avec Camille tout à l'heure. Me le pardonnera-t-elle ?  Nous ne sommes pas officiellement ensemble, mais je ne veux pas lui faire du mal et encore moins la rendre triste déjà que son comportement n'ait plus comme avant. Je décide de ne pas lui répondre, car réellement je ne sais que répondre. Je pose mon téléphone sur la table de chevet et essaye de m'endormir. Son regard me hante, je ne vois qu'elle quand je ferme les yeux. J'ai besoin de mettre les choses au clair dans la tête, j'ai besoin d'un week-end à me retrouver, seul.


DestinéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant