Chap 38

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Point de vue Sarah

Lundi

Ma matinée s'est résumé à flâner sur le canapé en regardant une série. J'ai regardé deux saisons en une matinée. Mis à part pour aller au petit coin, je n'ai pas bougé. J'étais vraiment en plein dans cette série. Quatre filles se retrouvent à l'enterrement de leur chef de groupe, tout commence quand elles reçoivent un message sur leur téléphone avec l'initiale de leur meilleure amie défunte. L'intrigue commence dès le premier épisode. Vers midi, je décide de me faire chauffer un plat surgelé. La sonnerie du micro-onde retentis, je prends la barquette et sors une fourchette du tiroir à couvert en retournant sur le canapé. Davy travaille et sera de retour que vers 18 h. L'après-midi se résumera comme ce matin devant cette série dont je commence à être accro. Tout en mangeant et en regardant un nouvel épisode, mon téléphone m'annonce, un nouveau message, je l'attrape et mets pose à la série.

" Je me languis de partir avec toi en Italie, enfin nous retrouver, enfin n'être qu'avec toi loin de tout juste nous... xx"

Je souris bêtement au SMS de Davy.

" Et moi dont ne t'avoir que pour moi. Je ne me languis que tu rentres, tu me manques déjà. xx"

Je pose mon téléphone sur le canapé à côté de moi, mais il m'avertit l'arrivée d'un nouveau SMS.

" Ne pense pas qu'il va rester avec toi vu la photo de notre enfant que je lui ai envoyé. Il reviendra vers moi tôt ou tard."

Non, mais elle, va arrêter de me gonfler. Elle n'a vraiment pas d'autre occupation dans sa vie cette fille. Mes doigts tapotent mon écran de smartphone. Mes yeux se froncent. Je suis en train de m'énerver en lui répondant.

" Ne t'inquiète pas pour cela. Il sera là pour « votre » enfant, mais ça s'arrêtera là. Le lien qui nous unit est beaucoup plus fort que ce que tu crois. Ce n'est pas pour rien qu'il est avec moi à l'heure actuelle."

Non mais il ne faut pas me gonfler longtemps, elle va se calmer. J'appuie sur la touche lecture. Plus aucune réponse de madame Casse Bonbon. Je continue ma série en attendant le retour de Davy.

La porte de l'appartement s'ouvre.

- Alors cette journée? Je lance à travers l'appartement, en pensant que c'est Davy.

Personne ne me répond, mais des pas se rapprochent de moi.

-Davy? Je me relève du canapé.

Au moment où je finis de prononcer le prénom, je reste surprise même choquée de voir Vincent ici, couvert de cocards et de sang sur le visage. Ses vêtements sont déchirés et tachés de sang. Il a l'air sous le choc un peu paumé. Il est essoufflé.

-Désolé, je ne savais pas vraiment où aller. Je ne devrai pas être là, mais c'était l'endroit le plus proche.

Je m'avance vers lui.

-Mais de quoi tu parles ? Que t'est-il arrivé? Qui t'a fait cela? Je le prends par le bras pour l'emmener sur le canapé.

J'attrape la télécommande, mets sur pause. Je le regarde anxieuse. Mais que lui est-il arrivé ? Puis sans que je comprenne, il plonge son visage entre mes jambes et commence à pleurer. Je lève les mains surprises.

- Excuse-moi de tout ce que je t'ai fait. Pardonne-moi de tout.

-Mais que t'arrive-t-il ? Pourquoi es-tu venu chez moi ?

Je pose mes mains sur ces épaules pour le relever, mais ses mains me tiennent par les hanches. Il me serre de plus en plus fort comme pour s'y blottir après un gros chagrin. Je me déplace et m'enlève de son emprise. J'attrape son menton et le relève pour qu'il me regarde.

J'examine ces blessures. Il a un cocard à chaque œil, le nez et la bouche en sang. Ses cheveux sont ébouriffés et le col de son t-shirt et déchirés.

- Tout ce paye un jour Sarah. Aujourd'hui c'est mon tour.

Je l'interroge du regard. Il s'essuie les yeux en poussant des gémissements de douleur et en grimaçant.

-Le mec de Cindy a appris qu'elle me voyait. Il me regarde et continue. C'est la personne avec qui je t'ai trompé quand nous étions ensemble et que je n'ai cessé de voir depuis. Il m'est tombé dessus avec deux potes à lui. Dès que j'ai pu, j'ai couru et je me suis rendu ici en espérant que tu y sois. Je les ai semés en passant le portillon de la résidence vu que j'avais le code. Pardonne moi d'être là je vais repartir. Il se lève et se dirige vers la salle de bains.

Oula, je ne comprends vraiment plus rien, mais je sourie. Et oui la roue tourne toujours mon cher Vincent. Je le suis et sors la trousse de pharmacie. Je nettoie tout ce sang et commence à le soigner. Il m'attrape et serre son corps contre le mien en me caressant de partout en m'embrassant, en mettant sa tête dans ma poitrine. Je le repousse et recule d'un pas.

- Je te nettoie, je te soigne et tu t'en va tout de suite. Ne profite pas de la situation, ne t'avise à ne rien faire. Sois content que je t'ai écouté et non dégagé.

Je ne sais pas pourquoi je suis compatissante, mais le voir dans cet état-là me donne la nausée. Il me fait de la peine malgré toutes les crasses qu'il m'a faites. Je ne peux le laisser comme ça.

-Tu as raison, je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Il s'assoit sur le meuble de la salle de bains et je me mets devant lui pour soigner ces plaies.

La porte d'entrée s'ouvre. Je lâche le coton et me fige. Oh putain Davy!

-Je suis dans la salle de bains. Je lui lance en prenant une grande inspiration.

-Ça va, ta journée s'est bien passée ? C'est quoi ce sang par terre...

Il s'arrête net devant la salle de bains, sacrée scène qu'il doit voir. Sa copine entre les jambes d'un mec plein de sang qui ne connaît pas, qui se trouve être l'ex de sa copine. Sa copine qui nettoie les blessures. Ô putain ! Je m'avance vers lui et ferme la porte de la salle de bains derrière moi. Il a les yeux grands ouverts et sa mâchoire est crispée. Je pose ma main sur son visage.

- Ne t'imagine rien. C'est Vincent, il s'est fait casser la gueule par le mec de la fille avec qui il couche. Son mec l'a appris et lui est tombé dessus. Il est venu se réfugier ici. Je finis de le soigner et il s'en va. Ne t'énerve pas.

Ses pupilles ont changé de forme, son regard est noir. Je pose un baisée sur sa bouche, mais il me pousse gentiment. Il s'avance de la salle de bains et ouvre d'un coup sec la porte, qui vient claquer contre le mur.

-Si, tu ne veux pas avoir d'autre bleu dégages d'ici et démerde toi avec ce que tu as semé gros con et ne reviens plus jamais ici sinon je te finis.

Il crie, il crie beaucoup, je ne me rappelai plus comment était Davy quand il était énervé. Vincent se lève. Il a l'air apeuré, il sort, de la salle de bains ne bronche pas, ne dit pas un mot. Il passe devant moi.

-Merci Sarah, désolé encore. me lance-t-il, en sortant de l'appartement. Je lui souris un peu gênée de ce qu'il vient de se passer.

-Dégage ! hurle Davy dans la salle de bains.

Je reste plantée là dans le couloir. Davy est appuyé sur le lavabo, ses mains sont crispées sur la faïence, j'aperçois ses veines. Sa mâchoire est toujours contractée. Sa tête est baissée, il regarde un point fixe sur le sol et respire très fort. Je ne sais pas s'il faut que je m'approche ou si je le laisse se calmer tout seul. Je finis par retourner sur le canapé. La télévision est restée figée sur une image de la série. Je la fixe et me refait le film de ce qu'il vient de se passer. Je commence à trembler de peur, d'appréhension de ce que Davy va me dire ou comment il va réagir. Les larmes coulent sur mon visage, je n'ai rien fait de particulier et, pourtant, je me sens fautive.


DestinéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant