Chap 23

52 4 0
                                    

  Mercredi,

Jessy vient d'arriver. Elle rentre dans la chambre avec un sourire jusqu'aux oreilles. Je la regarde. Elle est habillée avec une petite robe noire, des baskets blanches et sa veste en cuir qu'elle ne quitte jamais. Elle s'avance vers moi, m'embrasse. Elle s'installe au pied du lit. Elle me lance un regard pétillant. Je lui demande ce qu'elle a, à me regarder comme ça.

- Je ne sais pas trop si c'est le moment ou plutôt le lieu, mais j'ai une grande nouvelle à t'annoncer.Je la regarde impatiente, comme un enfant devant le Sapin de noël qui attend d'ouvrir ces cadeaux.

- Je suis enceinte... Elle devient toute rouge.

- Je suis trop heureuse pour toi, pour Micka. Le cachottier, il ne m'a rien dit hier soir quand je l'ai eu au téléphone.

-Il ne le sais pas encore, j'attends, sa pause de déjeuner pour lui annoncer, je vais le rejoindre.

Je suis vraiment heureuse pour eux, après les nombreux tests d'ovulation, de grossesse et test plus approfondi sur les risques d'infertilité. Enfin ma meilleure amie va être maman. Je lui tends les bras et elle s'y jette sans hésitation. Je pleure de joie mais aussi au souvenir de ma grossesse. Elle n'a pas tort ce n'aie pas le lieu mais je m'en fous. Je suis contente pour elle.

- Bon maintenant, tu vas me dire ce qui se passe avec Vincent? Elle me regarde un peu inquiète.

Je commence à lui raconter pour Vincent de son passage hier, de son appel. Je lui fais part de mes doutes qu'il soit encore avec cette fille. Je lui explique que je ne ressens plus rien quand il m'embrasse. J'étais un peu déçu en le voyant arrivé hier. Je lui parle de ma haine envers lui, de l'accident, que tout cela est sa faute. Je continue sur ma déprime concernant ce qui m'arrive. Et puis j'en viens à Davy. Elle ne sait pas vraiment comment je dois prendre son SMS mais me dit de rester sur mes gardes. J'apprends que Micka doit passer voir Davy, cette après-midi. Il est assez chamboulé ce qui me touche vraiment. J'espère que Micka ne lui dira pas pour mon amputation...

Nous sommes allées nous promener dans le parc de l'hôpital, un grand parc arboré qui rejoint le centre de rééducation par un petit pont qui traverse un lac. L'air de dehors m'a fait un bien fou, le soleil était au rendez-vous malgré le froid hivernal. Ce n'était plus deux amies qui marchaient bras dessus bras dessous mais une assise dans le fauteuil roulant l'autre la poussant. Nous avons parlé de tout et de rien. Puis vers 11 h 30, Jessy me laisse. Elle attrape son sac et m'embrasse sur le front. En partant, elle attrape le bouquet de fleurs de Vincent et le jette dans la poubelle de ma chambre.

- Elles ne sont pas belles, puis ce n'est vraiment pas original comme bouquet. Elle a toujours le truc pour me faire rire. Elle me lance un magnifique sourire digne d'une pub pour dentifrice et s'en va.

Jeudi,

1 ère sonnerie, 2 ème sonnerie, 3 ème sonnerie, 4 ème sonnerie... Répondeur.

Je raccroche, tu m'étonnes, il n'allait pas me répondre. On dira que mon doigt a sans faire exprès appuyé sur la touche appel sur le numéro de Davy. J'ai tellement envie de lui parler. Juste entendre sa voix. Je sais au plus profond de moi que son SMS n'était pas juste pour prendre de mes nouvelles et encore moins sa signature avec les deux xx. Je pose mon téléphone. Je tire la tablette du repas de ce soir. Au menu, salade de céleri, hachis parmentier et yaourt. Bon appétit. Cette odeur de cantine d'hôpital me donne plus la gerbe que l'envie de me jeter sur un de ces plats.

Je commence à m'endormir devant la télévision, il est assez tard. Je décide de l'éteindre et de m'installer confortablement dans ce lit qui n'est pas vraiment confortable. GRRRR ...                    Au moment où mes yeux se ferment mon téléphone se met à sonner. Je mets un peu de temps à l'attraper avec une jambe, c'est un peu la galère. Je dois être vraiment fatigué quand je vois le nom de Davy s'afficher sur l'écran. Au bout de deux secondes, je réalise que non c'est bien lui qui m'appelle. Je décroche un peu hésitante en prononçant son prénom.

Je raccroche la voix nouée. Je suis un peu paumé par ce qu'il vient de me dire et surtout de la discussion que nous venons d'avoir. Il est inquiet pour moi, je crois rêver. Je suis à la fois heureuse, mais aussi un peu en rogne, il ne pouvait pas être inquiet, il y a quelques années en arrière. Cependant, il m'a bien dit qu'il était toujours avec Camille. Quel prénom de pouf. Moi qui pensé qu'il allait me dire qu'il n'était plus avec ... Puis entendre sa voix. Une voix grave, autoritaire mais à la fois douce. Il était un peu hésitant dans ses paroles, un peu mal à l'aise. Je vois que l'on était deux. Je suis resté sans voix, quand il m'a dit que ses sentiments envers moi, notre relation, il n'avait rien effacés. Bien au contraire qu'ils avaient refait surface dès l'annonce de mon accident. J'étais tout le temps dans sa tête. Je n'ai pas hésité une seule seconde, je lui ai dit ce que j'avais sur la cœur. Mais c'est quand je lui ai dit que, logiquement, il n'y avait plus rien entre nous qu'il m'a répondu le contraire. Je ne pensai pas du tout qu'il m'aurait sorti cela comme réponse. Je pose mon téléphone sur la tablette, me replace dans le lit. Ma main ne cesse de caresser mon moignon en me montrant ce que je suis devenu. Ma tête ne cesse de penser à lui en me rappelant mes souvenirs passés à ses côtés.

Vendredi,

Mon regard se perd à travers le paysage que me donne la fenêtre de ma chambre. Au loin les montagnes et le Mont Ventoux, son sommet est recouvert de neige. Pour le ski maintenant je pense que je peux oublier. Sur ma droite les axes autoroutiers, est-ce que je vais pouvoir un jour reconduire ? Il faut absolument que je pose la question à mon kiné. Et puis sur ma gauche, il y a des champs à perte d'horizon. J'ouvre légèrement la fenêtre jusqu'à la protection qui la bloque. Je peux à peine y passer un bras. L'air frais du matin me caresse la peau. Mes poils s'irisent au contact de la brise fraîche. Je repense à cet appel d'hier soir. Puis je suis sorti de mes pensées au moment où l'infirmière rentre dans la chambre. Je rentre mon bras et ferme la fenêtre, je commence à m'habituer à ma prothèse. Le déambulateur et la béquille m'aident beaucoup. L'infirmière me félicite de mes efforts et m'annonce que le docteur, va bientôt, passer me voir pour voir l'évolution. Une semaine où je suis ici, il y a une semaine toute ma vie allait changer. Je prends beaucoup sur moi. Le fait de remarcher me donne de l'espoir. Je ne me morfonds plus sur mon triste sort. 

Je n'ai eu que deux appels de Vincent depuis sa venue, nous discutons par SMS. Je m'assois sur le fauteuil, j'attrape mon ordinateur et décide d'aller répondre aux notifications que j'ai eues sur Facebook. Que des jolis mots. Je réponds à chaque personne. Je m'aperçois que malgré tout même si je ne garde contact avec des personnes que sur Facebook, elles m'ont quand même laissés de magnifiques mots de compassion et de rétablissements. Une idée me survole et je tape dans la barre de recherche Davy Émeri. Je ne suis pas retourné sur son Facebook depuis presque 2 ans un peu après avoir rencontré Vincent. Ensuite il m'avait bloqué. Je survole son mur. Rien d'extraordinaires. Je vais dans ses photos et tombe sur une de lui et d'Elle. Elle ressemble exactement à ce que je m'étais mis en tête lors de la description de Micka. Mes yeux s'arrêtent sur lui, cet homme pour qui mon cœur n'a cessé de battre. Il a mûri, ces traits du visage ont changés. Il a une petite barbe qui commence à pousser. Ses cheveux sont coupés court et bien coiffés. Il a pris un peu de poids, mais ça lui va bien. Il est quand même musclé. Mon regard se terne quand je remarque qu'il l'a tiens pars les hanches, elle le regarde avec un sourire. Il la regarde avec....Désir.... GRRRRRR.. Je ferme mon ordinateur d'un coup sec.  Je préfère  me remémorer la discussion que nous avons eu. Et penser que sa relation avec elle bat de l'aile. Un sourire se crée sur mon visage.  

DestinéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant