chap 40

212 8 4
                                    

Sarah

Je ne comprends pas pourquoi il veut la voir et encore plus pourquoi il me dit de ne pas m'inquiéter. Comment veut- il que je ne m'inquiète pas ? Je suis comme une cocotte-minute intérieurement. Il fait rire. Il a pété les plombs quand il a vu Vincent, mais moi il faut que je garde mon calme. Je le regarde préparer à manger, il a l'air beaucoup plus détendu que ce qu'il était quand il est rentré du travail. Mais qu'a-t-elle pu lui dire? Je ne sais plus quoi penser. Je ne préfère rien dire.

Nous venons de finir de manger, je n'ai pas vraiment parlé. J'ai passé le repas à regarder mon assiette et jouer avec les pennes aux chorizos mimolette que Davy à préparer. Hmm ! Il cuisine toujours aussi bien. Monsieur a voulu se faire pardonner, car nous avons fini dans la chambre. Nos corps ont pris la place dans le lit et se sont échangés des conversations jusqu'au septième ciel. Cela ne m'avait pas manqué, bien au contraire. J'aime quand nos corps ne font plus qu'un. Quand nos langues s'échangent une danse tumultueuse. J'aime la façon dont il me caresse. Cette façon dont il ne fait plus attention à ce qu'est devenue ma jambe et à ma prothèse. J'aime la façon dont il me susurre des mots pendant que nous nous approchons vers l'extase. J'aime tout simplement quand il me fait l'amour.

Je me réveille assez tôt et attrape mon téléphone pour regarder l'heure. 04h45. La nuit est encore là. Un calme s'est emparé de l'appartement, seule la respiration de Davy se fait entendre. J'attrape ma prothèse et la mets. Je me dirige vers les toilettes puis dans la salle de bains. J'allume la lumière en dessus du miroir et me regarde. J'ai des cernes qui pourraient bientôt se creuser pour s'installer sous mes yeux. Je dors vraiment mal depuis quelque temps. Avant la présence de Davy me faisait du bien, je dormais sans cauchemars ou insomnies, là le charme n'opère plus. Trois jours où les insomnies sont devenues mes amies de la nuit. Trois nuits où mon cerveau cogite. Ce soir, je n'ai fait que penser à ce que peut vouloir Davy à aller absolument voir son ex. Puis Vincent, son irruption chez moi m'a chamboulé. Je l'ai senti démuni, sans défense... Il me fait de la peine, mais en même temps il n'a que le revers de la médaille.

Je me rends compte que je triture mon avant-bras qui finit par cicatriser. Ma respiration s'est accélérée, mon cœur bat plus fort. Et si le petit était vraiment celui de Davy. Je veux qu'il soit présent pour l'éduquer, mais je sais au fond de moi que cela me ronge que je serai, et je le suis déjà, jalouse d'elle, de cet enfant. Elle peut lui donner un enfant, il pourra le voir grandir alors que notre fils nous a été repris par la nature. Sans que nous disions un mot. Je me mouille le visage. Je laisse mes mains sur mon visage et je ferme les yeux au contact de l'eau fraîche sur ma peau. La bile redescend gentiment chez elle. Je sens deux mains se poser sur mes épaules, je me relève d'un bon. Davy se trouve devant moi. Il a l'air inquiet, ses sourcils sont froncés. Il baisse son regard sur mon avant-bras puis le remonte à mes yeux. Je suis son regard et remarque que j'ai griffé la plaie sur mon avant-bras. Elle est toute rouge.

- Qu'est-ce que tu étais en train de faire ? me dit-il en m'attrapant le bras, d'une voie autoritaire.

-Rien. Lâche moi, va te coucher, ce n'est pas encore l'heure. Je lui lance en m'enlevant de sa prise.

Je passe devant lui et retourne me coucher. Il me rejoint dans le lit et s'approche de moi. Je sens sa respiration dans mon dos. Juste le souffle dans mon cou me donne des frissons. Reprends-toi quand même.

-Sarah, parle-moi. Pourquoi te griffes- tu la plaie ? Qu'est-ce que tu me caches, on s'est dit que l'on ne se cacherait rien? Tu sais que c'est pour ton bien, je ne veux plus que tu souffres comme cela. Dis-moi. me dit-il, en déposant un baiser sur mon épaule.

- Dès que je commence à m'inquiéter sur des choses assez importantes pour moi, ils reviennent. Davy, je ne sais plus trop quoi penser après que tu l'as appelé. Qu'a-t-elle dit ? Pourquoi veux-tu aller avec elle si tu t'en fous de cette enfant ? Je le regarde vaguement, mes yeux sont remplis de larmes.

DestinéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant