Chap 22

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Lundi,

Premier cour de réduction. Mon kiné vient me chercher avec un fauteuil roulant. Il prend ma prothèse, la pose sur les poignées du fauteuil. Il m'aide à m'asseoir. Je remarque qu'il a un tatouage qui commence dans son cou et qui descend sous sa blouse. Je n'arrive pas trop à distinguer ce qu'il représente. Je passe ma main sur ma cuisse et je me rends compte que le mien n'y est plus. Je l'avais eu pour mes 20 ans. C'était un cadeau de Davy. Il commençait du pied et s'arrêtait en dessus du genou. C'était un lys qui remontait le long de mon mollet. Je n'ose même pas imaginer à quoi il devait ressembler le jour de l'accident. J'essuie mes yeux avant que l'envie de finir en sanglots en passant à ma vie d'avant me submerge.

- Ça va mademoiselle ? Quelque chose ne va pas ?

- Si excusez-moi. Tout va bien. Allons-y.

Nous avançons dans les couloirs de l'hôpital. Nous entrons dans une grande salle. Il y a des miroirs, sur tout un pan de mur. Plein d'appareils de rééducation. Il me porte afin de m'asseoir sur le siège près de deux barres parallèles. Il me tend ma prothèse. Je lui prends des mains un peu dégoutté de mettre cette chose immonde qui n'est pas ma jambe. GRRRR. Je l'emboîte à mon magnifique moignon. Il m'attrape par le bras afin de m'aider à me lever, je me retrouve debout. Quel plaisir de ne plus être assis ou allongé. Cela me fait mal de sentir la prothèse sur ma cicatrise. Je fais une grimace en posant mes mains sur les barres. Je fais un pas avec ma jambe droite jusque-là rien de compliquer. Puis je m'arrête en hésitant de lancer ma jambe gauche. Je commence à faire quelques pas, ce n'est pas si facile que je le pensai.  Je me rends compte que la rééducation va beaucoup jouer sur l'articulation et le mouvement de mon bassin et non sur l'apprentissage à mettre un pas devant l'autre tout simplement.

Après une heure de rééducation, je suis épuisé. Il m'a rassuré que, plus, je marcherai avec la prothèse et plus l'évolution se verra. L'effort sera moins dur. J'aurai de moins en moins mal en me mettant debout en appui sur la prothèse. Je m'habituerai plus facilement à cette nouvelle jambe.  Je suis allongé sur ce lit d'hôpital, ma mère vient de me téléphoner. Je n'ai plus eu de visite depuis hier, je n'en ai pas vraiment l'envie. Je décide d'attraper mon ordinateur. Je me connecte sur Facebook, histoire de voir que la vie ne s'est pas arrêtée à part pour moi.

Mardi,

" Salut Davy, merci de prendre de mes nouvelles, je ne m'attendais pas à avoir un SMS de ta part, ça me fait plaisir, je vais bien enfin si l'on peut dire sa comme cela, enfin oui ça va, je ne vais pas rentrer dans les détails et t'ennuyer plus que cela. Bonne continuation. Sarah...xx.

Envoyé, je ne sais pas si c'était une bonne chose, mais je pense qu'il comprendra que son message m'a fait plaisir, mais que la discussion s'arrête là. Enfin, mon cœur ne pense pas vraiment cela, mais il le faut, j'ai assez souffert pour lui avec mes démons. Je ne vais pas replonger puis ce ne serait pas le moment à part si j'ai envie de faire un petit séjour deux étages plus haut en psychiatrie. J'ai assez donné.

Je décide d'appeler Micka. Je sais pertinemment,connaissant Davy, qui demandera pourquoi je lui ai envoyé ce message. Il demandera à Micka des explications. Mais je ne veux pas qu'il sache vraiment ce qu'il m'est arrivé.

- Oui, Micka, je ne te dérange pas ?

- Non, j'allais partir à mon entraînement de rugby, qu'est-ce qu'il y a? Rien de grave ?

- Rien de grave ne t'inquiète pas. Mis à part que je dois m'habituer à ma nouvelle jambe. C'est une horreur. Je t'appelai, car Davy m'a envoyé un SMS dimanche soir. Je trouve son message très gentil de sa part, je ne m'y attendais pas du tout. Je ne veux pas qu'il sache que j'ai été amputé Micka. Je ne veux pas qu'il s'occupe maintenant de mon état. C'est bien avant qu'il devait le faire ... Enfin je veux juste que s'il te pose des questions reste vague s'il te plaît. Vincent n'est pas informé de son message, je ne lui ai pas dit. Je ne préfère pas ... Micka, je ne fais que penser à Davy depuis son message. Je pensais qu'il m'avait oublié depuis tout ce temps. Je ne sais plus trop quoi penser. Je suis un peu paumé, je ne veux pas me faire des films même si je souhaiterais que ça ...qu'il revienne... Mais c'est impossible, il est encore avec elle et puis tu as vu à quoi je ressemble maintenant... Ma prothèse...

- Je sais... Mais il a été très choqué quand je lui ai dit. Je ne pense pas qu'il t'a réellement oublié. Vous ne pouvez pas le nier après tout ce que vous avez vécu pendant votre relation. Vous ne pouvez pas effacer tout cela. Je lui ferais passer le message comme quoi tu ne veux plus de ces nouvelles. Ne t'inquiète pas. Je ne sais pas trop quoi te dire. Mais je ne voulais pas te faire du mal. Je ne pensai pas qu'il t'aurait envoyé un message...

Sur ces derniers mots, je préfère raccrocher avant de fondre en larmes. Je m'essuie rapidement les yeux en poussant un soupir, dès que j'entends quelqu'un taper à ma porte. Je m'éclaircis la voix.

-Rentrez.

Vincent ouvre la porte avec un magnifique bouquet de roses rouge. Il le pose à mes pieds et m'embrasse. Ses lèvres sur les miennes ne me procurent plus la tendresse, ni le désir qu'elles me procuraient auparavant. J'essaie de cacher ses pensées et pose ma main dans son cou. M'ont baisé n'aie pas le même que le sien. Il sent aperçoit en se retirant. Il me regarde tout en s'asseyant dans le fauteuil où se situe ma prothèse. Il la pose sur la table. Il ne sait pas vraiment de quoi parler, mais finit par me parler de son boulot puis de notre couple d'amis qu'il y avait le jour de l'accident avec nous à bord. Je ne les ai toujours pas revus, mais je n'ai pas l'envie. Je le trouve de plus en plus bizarre avec moi, il essaie de rester souriant et naturel, mais je sens qu'il me cache quelque chose cela, c'est sûr. Je ne préfère pas faire une scène ici. J'attendrai d'entrer chez nous pour avoir une discussion plus posée. Son téléphone ne fait que sonner, mais il ne répond pas, puis au bout du quatrième appel, il décide enfin de répondre en sortant de la chambre.

J'envoie de suite un SMS à Jessy.

"Eh bien, je confirme, il est toujours avec sa pouf. Il vient de sortir de la chambre après le quatrième appel qu'il a ignoré. Je vais vraiment péter un plomb, de cette chambre sans décoration et ce connard qui vient alors qu'il est avec une autre. Je le hais. Vite que je sorte de ce trou, que je mette les choses au clair avec lui. Je ne le veux plus dans ma vie. Il me raconte des choses dont je m'en fous complètement. Il me ment. C'est à cause de lui que je suis dans cet hôpital, que j'ai perdu ma jambe. Jessy, je n'en peux plus. Viens dès que tu peux. Et seule....Je t'aime."

Il re rentre au même moment où j'envoie le SMS. Il s'excuse tout en me racontant que c'est le travail. Pff mais bien sûr.

Profite quand je sors, tu dégages de chez moi. Bouffon!!


DestinéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant