Haunted {TERMINÉE}

Haunted CHAPITRE 22

Chapitre 22: Into the black.

Le vent faisait vibrer le col de son manteau. Il le sentait aussi s'engouffrer à l'intérieur de ses vêtements, s'entortiller entre ses mèches brunes. Il releva son col un peu plus sur sa nuque et croisa les bras sur sa poitrine. Le vent marin lui battait les joues. L'océan Pacifique l'avait toujours passionné, cette immensité bleue qui étincelait, là, sous son regard. Il entendait le rire de sa sœur, en bas, plus loin, vers la plage, il devinait le sourire de sa mère et les blagues décalées de son oncle. Mais Thomas ne trouvait pas le réconfort qu'il avait espéré pour ce weekend en famille. Il détailla un instant son père qui lisait à côté de lui, se battant avec le vent pour maintenir les pages de son livre. Celui-ci lui lançait un regard curieux par dessus ses lunettes.

- Tu veux rentrer toi, comme t'es là ? Demande-t-il à son fils, voyant bien que toute cette mascarade familiale ne lui allait pas.

- Je suis désolé papa, mais je ne peux vraiment pas faire semblant.

Thomas avait du mal avec sa famille paternelle. Chose que son père avait très vite compris. Le jour où sa mère, la grand-mère paternelle de Thomas, l'avait clairement traité de dégénéré, le brun avait quitté la table en colère. Sa grand-mère, femme très stricte et assez traditionnelle, était l'archétype de la républicaine pure souche, un poil raciste, un poil homophobe et surtout très très religieuse. Quand Thomas avait exposé son point de vue sur la situation en Afghanistan et l'intervention armée des Etats-Unis, elle l'avait traité de fou et de dégénéré, bon à être interné. Enfin, c'était la conclusion de plusieurs discussions sur des sujets plus ou moins tendus. Son père avait fini par baisser les yeux vers son assiette, ne demandant même pas à son fils de revenir à table, car il savait pertinemment que l'esprit acéré de Thomas ainsi que son immense culture générale triompherait certainement sur les idées fascistes de sa mère. Son fils avait la connaissance et sans doute aussi une certaine ouverture d'esprit qui le différenciait des idées arrêtées de sa mère.

Thomas se leva, acceptant que son père le ramène à la gare. Il n'en pouvait plus. Une seule soirée et une matinée en compagnie de sa famille et surtout de sa grand-mère lui avait fait perdre la tête, il était à bout de nerfs. Il n'en pouvait plus de voir son regard condescendant. Le brun passa une main dans sa chevelure et emboîta le pas derrière son père. Pour une fois, il appréciait son père, pour cette attention qu'il avait malgré les relations houleuses avec sa famille. Peut-être parce que le père de Thomas était aussi en conflit intellectuel avec sa mère et que malgré les apparences, toute cette dogme religieuse lui portait sur les nerfs. Alors lorsque les membres de sa famille s'en prennent à son fils parce qu'il avait un esprit critique et une opinion assez crue sur le monde actuel le mettait hors de lui. Il préférait que Thomas rentre chez lui, là-bas à Portland plutôt qu'il subisse tous les blâmes de sa grand-mère.

Il grimpait dans la voiture de son père, jetant sa valise par dessus les sièges et attacha sa ceinture. Son père démarra, jetant un petit regard amusé à son fils. Il ébouriffa les cheveux de Thomas. Le brun grogna et détourna la tête. La route défilait, reliant de plus en plus rapidement Thomas à la gare.

- Dis, papa, tu penses quoi de l'homosexualité ?

Le père de Thomas accéléra un peu et jeta un coup d'oeil à son fils par dessus ses lunettes.

- Je ne suis pas comme ta mère, Thomas, ni comme ta grand-mère.

Le brun tourna vivement la tête vers son père et le regarda, soudainement passionné par la discussion.

- J'ai toujours vu ça comme une forme d'amour. Rien d'autre. C'est deux personnes qui s'aiment et ça n'a pas d'importance, si ?

Un sourire illumina le visage de Thomas. Peut-être qu'il aimait son père un peu plus qu'il ne le croyait et que l'image du chef de famille américain pur souche.