Chapitre 36

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La douleur qui étreignait ma poitrine était insupportable. Les mots, à nouveaux, ne purent dépasser mes lèvres.

Fuki ? Fuki ! Fuki !!

Je voulais hurler, mais seule étais-je capable d'entendre la voix qui ébranlait mon esprit. Elle souriait toujours, le sang qui s'échappait de ses plaies teintaient ses vêtements d'un pourpre cruellement sombre. Je savais qu'une fois transpercée par Yoite, les plus robustes n'avaient que quelques secondes à vivre. Je savais, mais une partie de moi, bercée dans l'espoir, niait de toute sa puissance, certaine qu'on la ramènerait à la vie.

Le pragmatisme qui ne quittait pas sa loge d'honneur déclarait sans erreur, qu'importe la nature de l'arme et sa capacité, les blessures seraient mortelles, et aucun sort de soin ne se révélerait capable de réparer ces infamies avant le grand repos de la jeune femme.

- Encore dans mon chemin... ! Gronda Haru.

Et il tourna soudain sa lame pour m'atteindre à travers le corps de ma camarade. Mon sang ne fit pas un tour, lorsque une plainte rauque échappa à Fuki, que je l'entourais de mes bras et dégageais une colossale vague de flammes en hurlant de rage.

Mon frère battit vivement en retraité, retirant sèchement son arme du dos de la chasseresse d'esprit. Je fis de même, plus précautionneusement.

Fuki inspira longuement, le souffle entre-coupé par des convulsions passagères.

- Pourquoi... ? Marmonnai-je.

Sa tête reposait entre mon cou et ma poitrine. Je la serai dans mes bras, les mains déjà enduites de son sang. Ses membres tremblants et sa faible respiration poignardaient lentement mon cœur.

- Je te l'ai... dit :... nous nous... battrons pour... toi...

- Mais je n'ai pas demandé... ta vie ! Je ne veux pas que tu partes... pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi joindre le fardeau des vies que je porte... ? Pourquoi donner ta vie pour... la chose que je suis ?!

- Eirin... tu es Eirin... tu ne changeras jamais... Tu as toujours été... Eirin. Ta constitution... ne détermine pas... ce que tu es.

- Mais ça n'explique pas ton geste ! Vociférai-je tout en écoutant ma voix se briser.

Les secondes s'écoulaient. Déjà les battements de cœur sur lesquels je me raccrochais s'éloignaient lentement, la vie la quittait. Et pour ses derniers instants, Fuki se redressa. Sa main tremblante, recouverte par le sang de son abdomen, se posa sur ma joue. Elle souriait encore.

- Désolée mais... je suis heureuse... de savoir... que c'est toi qui vivras... pour moi.

- Mais j'ai pris ta vie ! Comment pourrai-je me pardonner une telle chose !?

D'abondantes larmes affluaient sur mes joues. Il me semblait assister au deuxième trépas d'une sœur. Le visage de Kasumi se reflétait à travers ses traits, ses grands yeux d'argent agençaient parfaitement les siens.

- Ne me laisse pas... soufflai-je.

- Je ne regrette... rien. Je ne t'en... veux pas. Je suis soulagée...de te voir en vie... ne l'oublie jamais.

[Lancez le média] (et qu'il marche cette fois T_T)

Alors qu'elle prononçait ses paroles, une larme courra le long de sa pommette. Elle m'offrit le plus auguste des sourires, puis sa main quitta lentement ma joue. Son front reposa sur mon épaule, la vie quitta ses prunelles miroitantes, et doucement, je la berçai dans son dernier repos.

- Izanami t'accueillera, ce soir... murmurai-je.

Le désir oppressant d'hurler à la mort me prit à la gorge. Une sensation de brûlure extrême dans la poitrine, un flot aqueux indisciplinable dans mes yeux, sur mes joues... les paumes poisseuses de sang, la pestilence de la mort, le requiem de mes propres sanglots et le goût amer du regret, de la rage.

Diabolik Lovers : Fallen Girl [TERMINÉ - EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant