Mon téléphone glissa de mes mains alors que je m'étais faite violemment heurtée sur le côté droit de mes frêles jambes par la porte de ce cheval devenu fou. Heureusement j'eus assez de temps pour me décaler de quelques centimètres mais qui ne m'empêchèrent pas de me prendre de plein fouet une partie de la porte en chêne sur mes cuisses et sur le début de mon abdomen. Écroulée sur le sol et maintenant dépourvue de source de lumière, j'entendais à quelques pas de moi la fougueuse bête continuer son cinéma des plus dangereux. Le cheval, ou plutôt devrais-je dire monstre, fulminait d'affolement ou peut être de rage devant moi, je ne percevais pas sa couleur mais seulement une masse noire aussi informe que fantomatique. Seulement ses yeux étaient perceptibles dans la pénombre de cette écurie et ceux-ci me faisaient trembler de peur, on ne pouvait percevoir que le blanc de ses iris et ses nombreuses veines rouges l'entourant.
L'animal était dans un état de folie pure et continuait de puiser toute sa force dans ses coups de sabots des plus violents, la bête provoquait un vacarme terrible qui commençait à affoler ses pauvres congénères. Se postant sur ses pattes arrières elle s'étendait de toute sa hauteur en battant excessivement des sabots, ses muscles ruisselaient sous la faible lumière et au moment où je m'y attendis le moins, elle bondit vers moi et se réceptionna de son saut de biche à seulement quelques faibles centimètres de ma tête. Ma faible et délicate tête.
Je fis de gros yeux commençant à sentir la panique couler dans mes veines à l'idée qu'elle puisse me tuer, là maintenant, d'un seul et unique coup de sabot. Et pourtant alors que je ne bougeais pas d'un poil, absolument tétanisée par une peur si tenace qu'elle m'empêchait de réfléchir correctement, embrumant mes pensées, obstruant mes gestes, le monstre au-dessus de moi me toisa de son intimidante hauteur et tendit son nez vers moi. Comme-ci la folie avait quitté son esprit une vague minute, le cheval me regardait avec curiosité, tendit son délicat museau vers mon visage et me renifla, je sentis son souffle chaud et délicat se répandre sur mon cou, et désirant calmer son esprit vagabond, approchai doucement ma main dans sa direction. Ses iris avaient repris leur couleur noire aussi sombre que la teinte de ses poils. Avançant finement ma main vers ses naseaux, je continuais d'observer cet étrange animal au caractère des plus lunatique.
Ses crins étaient aussi emmêlés que mes pensées il n'y a que quelques instants, son poil de jais recouvert par la transpiration était terne et d'une noirceur semblable à celle que possédait les cheveux de Clément. C'était étrange et peu plaisant pour lui de le comparer aux poils d'un cheval à cet instant mais cela me fit bêtement rire intérieurement. Alors que la paume de ma main allait se poser sur son poil duveteux, la dernière personne que je désirais voir de toute ma vie apparue, toujours aussi insupportable. Quand on parle du loup.
<< C'était quoi ce bordel ? s'écria-t-il et quand il me remarqua accroupie sur le sol, le cheval à mes côtés, la panique semblait influer en lui subitement sans aucune raison >>
L'animal paniqua à sa vue alors que mes doigts s'étaient enfin posés sur son naseau si délicat, la bête recula brusquement et se cambra sur ses pattes arrières avant de débouler dans la direction de Clément. Celui-ci s'agita et tendit les bras en l'air pour éviter que le cheval s'échappe, essayant en vain de l'intimider. Mais ses efforts furent inutiles et heureusement pour lui, et malheureusement pour moi, il dût obligatoirement se décaler sous peine de finir écrabouiller par ce monstre musculeux.
L'animal sauvage claqua violemment ses sabots contre le sol pierreux et fusa à travers l'écurie faisant paniquer les pauvres chevaux à l'intérieur des boxes qui ne comprenaient absolument rien à la situation. Tout comme moi. Clément me reluqua hautainement et me lança son habituel regard hargneux alors qu'une porte en chêne gisait à mes côtés.
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Audacieuse
RandomRaphaëlle était ce que l'on pouvait qualifier d'une lycéenne banale. Popularité, petit copain, meilleure amie, tout ce qu'elle voulait elle l'obtenait en un simple claquement de doigts. Et pourtant, cette adolescente de dix-huit ans était un paroxys...