<< Il suffit simplement de mettre ton pied gauche dans l'étrier et de tenir avec ta main gauche les rênes me conseilla Clément avec lasse >>
Postée à côté du grand Furioso aux poils semblables à ceux d'un renard, je soufflai bruyamment, excédée d'être à nouveau considérée comme un chien. Nous étions tous les trois au centre du manège situé à l'intérieur même des écuries, j'avais dû une nouvelle fois me réveiller aux aurores pour nettoyer du crottin et seller un cheval, avec en plus la merveilleuse compagnie de Clément qui était d'une humeur particulièrement exécrable. J'eus droit hier après-midi à une heure de morale par le grincheux sur les chevaux dangereux et dont l'équidé couleur jais, ou selon les dires de monsieur, la jument. J'étais d'ailleurs resté bloquée sur ses mots, non sérieusement, ça une jument ? Cet animal au regard de braise était en fait une jument ? Pourtant ce cheval représentait tout le contraire, pour moi une jument était le semblable d'une femme mais en une version équidé, féminine, douce et calme. Mais pourtant je m'étais trompée.
<< T'attends quoi la rouquine ? Que je le fasse à ta place ? cracha agressivement le brunet >>
Excédée par son ton des plus agaçants, je le fusillais du regard puis montais brusquement sur le dos de Furioso, qui n'était en passant aucunement furieux. Pauvre bête à devoir supporter un nom des plus stupide tout le long de sa vie. Une fois à cheval, je ne pus m'empêcher de ressentir une certaine nostalgie en repensant à mes anciennes années de cavalière qui se sont terminées si brutalement et tristement. J'avais dès l'âge de quatre ans appris à monter à cheval et m'étais attachée à une farouche petite boule de poils nommée Azurion. Azurion était un petit Welsh alezan brûlé et au caractère bien trempé. Mais malgré ses sautes d'humeurs, ce petit poney m'avait emmené très loin, enchaînant les compétitions de saut d'obstacles et les victoires. Nos tours n'étaient pas des plus soignés mais nous étions rapides, agiles et nous avions surtout la gagne.
Malheureusement alors que mes parents étaient à deux doigts de céder pour enfin me l'acheter, le centre équestre dans lequel j'étais a fait brutalement faillite et Azurion est partit du jour au lendemain pour finalement finir, comme pour la moitié des chevaux du centre, sous le couteau. Je me rappelais de la douleur que j'avais ressentis lorsque j'ai appris cette terrible nouvelle, j'étais à la fois triste et enragée, depuis je n'avais plus jamais voulu remonter à cheval. Mais après tant d'années je sens que peut être je suis enfin prête à recommencer, ce sport m'avait toujours terriblement manqué mais j'avais réussi à le compenser avec le surf.
Mettant la monture sous moi au petit trot, je ne pouvais m'empêcher de penser que j'aimerais tellement retrouver un cheval comme Azurion avec lequel je pourrais enchaîner les compétitions et espérer en ressortir pour la plupart victorieuse. J'avais toujours cette gagne logée au fond de moi, cette envie d'arriver à ses fins, de réussir, je ne l'avais jamais perdu et cela depuis enfant.
Je fis faire quelque cercles tout en me rappelant cette incroyable sensation lorsque l'on monte à cheval, on se sent si supérieur et imposant face aux autres. Je me sens surhumaine sur mon fier destrier, j'ai cette fabuleuse impression que rien ne peut me blesser, enfin bref, je me sens terriblement bien. Je jouai doucement du bout des doigts jusqu'à ce que Furioso baisse sa tête et arrondisse son encolure, continuant dans ma lancée je le menai sur la piste tout en allongeant son trot, l'hongre accéléra subitement sa cadence sous moi et j'eus l'incroyable sensation de m'envoler tant il tendit ses antérieurs en avant, trop captivé dans son grand trot digne des grands carrés de dressage.
Je demandai un arrêt net en A et alors que le Grincheux n'avait pas parlé depuis que j'étais à cheval, je lui lançai un regard empli de malice, un sourire diabolique se dessinant sur mon visage. Il me fixait complètement éberlué et n'ayant pas finit de l'impressionner, je positionnai mes jambes et demandai un petit galop à partir de l'arrêt au grand alezan, celui-ci l'exécuta à merveille et je me sentis revivre alors que je me dirigeai en direction d'un petit vertical pour finir en beauté. Furioso prit sa battue d'appel parfaitement et m'effectua un joli saut avant d'atterrir gracieusement toujours dans un galop des plus régulier. Je continuai ma petite galopade jusqu'à Clément et m'arrêtai pile en face de lui, une lueur de défi dans le regard.
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Audacieuse
RandomRaphaëlle était ce que l'on pouvait qualifier d'une lycéenne banale. Popularité, petit copain, meilleure amie, tout ce qu'elle voulait elle l'obtenait en un simple claquement de doigts. Et pourtant, cette adolescente de dix-huit ans était un paroxys...