Les yeux bouffis, la bouche pâteuse et le teint blafard, je me réveillai une nouvelle fois par l'énième hennissement des chevaux. Je ne sais pas ce qu'il s'était passé cette nuit mais apparemment ils étaient les seuls à ne pas vouloir dormir.
Je râlai d'exaspération et tentais de retrouver le sommeil en me bouchant les oreilles avec mes coussins, blottie sous ma couette. Mais pourtant, ils n'arrêtèrent pas leur foutu chant matinal et je finis par capituler. J'attrapais mon téléphone à l'aveuglette et constatai l'heure avec effroi. Il n'était que 5h40 du matin et je n'avais ainsi dormi que quelques petites heures. J'étouffais un long râle de désespoir avec mon coussin, aujourd'hui était une longe journée de cours et je la commençais déjà très mal.
Je jetai un coup d'œil à mes messages et parmi les nombreux sms d'Helena me racontant ses dernières conquêtes, l'un d'eux m'interpella. Il était de Sören et disait mots pour mots :
<< Il faut qu'on parle, et sérieusement ce coup-ci >>
Je ne savais pas comment le prendre, j'étais partagée entre la joie qu'il veuille s'excuser (ou peut être de le revoir, avouons le) et ma méfiance envers lui. J'ai peur de m'être fait de fausses idées sur sa personne. Est-il vraiment digne de confiance ? Cache-t-il quelque chose sous son aspect de gentil et sage garçon ? Je n'avais toujours pas de réponses à toutes ces questions, mais ça ne saurait pas tarder... Finalement, je ne répondis pas à son message, puis de toute façon je savais très bien qu'il m'était interdit de le refuser.
Avec la lenteur d'un escargot, je m'habillai et mis mes précieuses lentilles. Je descendis jusqu'à la cuisine avec le moins de conviction au monde. Évidemment, je ne rencontrai personne, mon oncle et ma tante devaient encore profiter de leur nuit, contrairement à moi, et connaissant Clément, il était sûrement déjà en train de faire les boxs ou je ne sais quoi. À savoir que je devrais moi aussi me lever à l'heure des poules dans seulement un mois ne me motivai pas des masses, mais je sais que si je veux parvenir à réaliser mon rêve, je ne reculerai pas devant certaines difficultés comme celle-ci. J'attrapai une pomme sur le buffet et me fit un café bien fort, noir et sans sucre, pour survivre à cette longue journée. C'était définitif, le lycée ne me manquerait jamais même si c'est pour mettre les mains dans le crottin à la place. Je ne supportais juste pas l'idée de rester les trois quarts de la journée scotchée sur une chaise pour au final obtenir des résultats catastrophiques.
Je saisis ma grosse parka et une écharpe, en plus il pleuvait aujourd'hui, on ne pouvait pas faire pire. L'unique chose positive de cette journée était mon cours avec Audacieuse ce soir, j'allais enfin pouvoir prouver de quoi nous sommes capables toutes les deux. Il n'y a plus qu'à espérer que mademoiselle ne soit pas d'humeur massacrante. Ma tasse brûlante dans les mains, ma pomme dans la poche de ma veste, je sortis dehors avec cette fois-ci plus d'entrain qu'il y a quelques minutes. Il faisait de plus en plus froid et je resserrai mon écharpe en frissonnant. Le sol était gelé et les vitres des voitures aussi, je souris en repensant aux matinées où on passait des heures avec ma mère à faire partir cette couche de gel à base de cartes de visites ou d'eau chaude quand on le prévoyait. C'était des instants anodins mais qui pourtant resteront à jamais gravés dans ma mémoire.
Arrivée au niveau des écuries, je saluais quelques chanfreins qui s'offraient à moi et tout en buvant une gorgée du café encore fumant, je jetai un coup d'œil à l'heure. 6h00. J'avais encore une bonne heure devant moi avant de devoir rejoindre ma tante et me préparer pour le lycée. J'avais largement assez de temps pour sortir Audacieuse. Décidée, je partis avec entrain vers le pré de la pur-sang, n'oubliant pas de passer par la grange pour prendre un licol et des protections. Une fois à l'entrée du paddock je l'appelais en sifflant mais seul un long et effroyable silence suivit. Et pendant un court instant je redoutais, s'était-elle échappée ? Le pré était-il vraiment sécurisé ? L'avait-on volé ? Je me posais mille et une questions quand une petite tête noire aux yeux brillants sortie de nul part. Je soufflai pour évacuer le stress engendré, elle était juste partie à l'autre bout du paddock, pas de quoi paniquer...
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Audacieuse
RandomRaphaëlle était ce que l'on pouvait qualifier d'une lycéenne banale. Popularité, petit copain, meilleure amie, tout ce qu'elle voulait elle l'obtenait en un simple claquement de doigts. Et pourtant, cette adolescente de dix-huit ans était un paroxys...