1. "Le jour où il la laissa sur le parvis de l'église (...)"

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« Le jour où il la laissa sur le parvis de  l'église sans se retourner, sa vie changea. » 2014 pour http://justeunmot.skyrock.com/

La foule s’est déjà dispersée. Elle s’en est allée, comme le vent aurait balayé les feuilles, laissant derrière elle un goût acre et amer empli de regrets, accompagné d’un long silence difficile à supporter.

Cela n’aurait pas dû finir comme cela, dans les larmes et dans les cris, dans les hurlements des disputes qui tambourinent dans les tympans jusqu’à les exploser, la trempe de notre âme en saignant douloureusement. Le jeune homme qui était debout, face à ses proches, n’était pas censé lancer cette phrase horrible qui détruit tout cœur censé le jour de son mariage « Je ne t’ai jamais aimé ». On ne pouvait s’attendre à le voir sortir en trombes de l’église, laissant derrière lui cette jeune femme pour laquelle il n’avait jamais éprouvé le moindre des sentiments, réduite en miettes.  

Pour c’était le cas, et un corps tremblant gisait sur le sol, souffrant d’une douleur qu’il n’aurait jamais pensé connaitre. On l’a donc relevé avec peine, pour le sortir de la salle, tentant de garder pour lui un semblant de dignité. La mère de la triste demoiselle a alors prié à tout le monde de s’en aller, pour que la demoiselle puisse rester seule, un instant ou un long moment s’il le fallait, pour réfléchir.

Alors, on l’a laissée là, et on a attendu qu’elle veuille bien revenir.

*

Assise sur un des bancs de l’Eglise, Marina regarde la grande salle que la  joie aurait dû animer, avec des douces paroles, des rires francs et sincères sortant de la commissure des lèvres des deux personnages principaux de cette journée ainsi que leurs invités. Elle l’admire de tous côtés, n’oubliant aucune des petites choses qui en font son charme, avec un dégout profond l’empêchant de respirer correctement. Elle reluque les décorations qui auraient dû la rendre heureuse et comblée, qui aurait dû se graver dans sa mémoire avec délicatesse et sensualité pour laisser derrière elles un baume réparateur auquel elle penserait à chaque fois où quelque chose allait mal, pour se remonter le moral, mais qui lui donne surtout envie de pleurer à cet instant précis. Peut-être qu’elles lui donneront toujours envie de laisser couler une rivière sur ses joues, maintenant qu’elle y pense. Elle ravale sa salive, en baissant la tête, fixant sa longue robe blanche. Elle ne doit pas y penser.

Elle soupire, avant de croiser ses jambes sous ce tissu fleuri, avec lequel elle se met aussitôt à jouer du bout des doigts. Cette chose qu’elle porte ne représente plus grand-chose elle, maintenant que les souvenirs s’y associant se sont détériorés horriblement. Ce n’est même plus rien, en tout cas de bon. Elle pourrait l’enlever, tout de suite, la laissant à l’endroit où elle est assise, et s’en aller sans même se retourner pour la regarder. Pourtant elle ne peut le faire, car son cœur n’est pas au rendez-vous, et son cerveau ne répond plus à ses nombreux appels de détresse. Son corps tremble comme une feuille sur le point de s’envoler, alors que son esprit, lui, est déjà parti depuis bien longtemps, dans un monde de malheurs et de géhennes, sans aucune lueur qui pourrait nous faire oublier la profondeur des problèmes qui nous accablent.

Elle ne vit pourtant pas la pire situation du monde, et elle le sait. Mais elle ne peut s’empêcher de s’apitoyer sur elle-même, ses mains glissant sur son visage, cachant ses yeux rougis par la tristesse. Elle ne peut pas sortir, pas encore du moins. 

*

 « Je ne sais pas ce qui m’a poussé à sortir de l’église, à deux heures, cette après-midi là. Je ne pourrais pas te dire ce qui m’a motivé à me lever, posant les pieds au sol après des heures où ils restaient très loin de la pierre la dessinant avec froideur. J’aurais beau essayé de me rappeler, de retrouver ce détail au fin fond de ma mémoire, je sais pertinemment que je n’y trouverais rien. Parce que même sur le moment, je ne comprenais pas ce que je faisais. »

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