14. Give me a little more

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Souvent, on m'avait demandé d'écrire des bonus de L'Envers du décor. Comme je ne me voyais pas faire un deuxième tome, je me suis décidée à écrire juste un petit texte avec Louis et Matild, que beaucoup appréciaient. Bonne lecture. 

Il avait pris sa guitare avec lui. Il la portait avec son étui sur son dos. Elle n’était pas lourde. Au début, quand il venait de se la procurer, elle lui semblait lourde et pesante. Parfois, il s’arrêtait même pour la poser au sol, pour arrêter ce supplice qu’il endurait. Ensuite, il la reprenait, ne faisait pas plus de cinquante mètres avant de la reposer de nouveau au sol. Mais désormais, il la trouvait légère à force de l’avoir portée tous les jours sur son dos. Il ne s’arrêtait plus pour la poser, ni parce qu’il n’en pouvait plus. Ses muscles s’étaient formés, en une année. Il avait bien l’occasion de la porter sur son dos.

Cela faisait dix minutes qu’il marchait dans Paris. Quand il était sorti de chez lui, il n’avait pas eu d’idées en tête. Il ne partait pas au magasin, n’allait pas boire un verre au bar du coin. Non, il avait juste décidé de sortir, sa guitare sur son dos pour faire un tour. Juste pour se promener, pour savourer le vrai air français. Celui qu’il aimait tant. Il le savourait désormais, respirant à chaque fois avec de grandes bouffées pour remplir ses poumons. C’était bon, c’était agréable. Cela lui faisait un bien fou.

-          Louis, fit une voix dans un souffle.

Il se retourna d’un coup sec, reconnaissant ce souffle. Ce n’était pas un d’une fane transie comme il entendait tous les jours, ni celui de quelqu’un de sa famille. Il l’aurait reconnu dès le départ. Ce n’était pas quelqu’un du groupe, il aurait été moins élégant. Pourtant, ce souffle-là, il le connaissait. C’était comme s’il l’avait déjà entendu des milliers de fois mais que son propriétaire lui avait échappé.

-          Ca fait longtemps.

Au moment où cette voix retentit, il avait les yeux rivés sur la personne qui parlait. Ses longs cheveux roux lui tombaient plus bas que les épaules. Elles ne les avaient pas attachés, il flottait dans l’air comme des doux nuages. Ses yeux bruns le fixaient avec désarroi, tant la situation était gênante pour elle. Elle se mordillait la lèvre. Elle voulut enfiler ses mains nerveusement dans son jeans, mais elle ne put : Elle était en robe. Cette robe crème qu’elle portait le jour du casting.

-          Trop longtemps, Matild, répondit Louis, un sourire naissant sur ses lèvres.

Elle sourit doucement, soulagée. Il se rappelait d’elle. Malgré ses trois années de séparation, il se rappelait d’elle. Il n’avait pas passé plus de deux semaines ensemble pourtant son visage avait été gravé dans son esprit. Elle était touchée, réellement. Elle était presque gênée aussi. Il avait vu des milliers de filles depuis qu’ils s’étaient quittés devant la grande grille du collège, mais il les avait presque toutes oubliées, elles. Mais pas elle, cette jeune rousse aux yeux bruns foncés. Cette jeune rousse avec qui il avait passé une journée de casting qui l’avait marquée. L’avait-elle marqué, lui aussi ? A voir sa mémoire, surement. C’était touchant, apaisant, plaisant. Quelqu’un s’était rappelé d’elle. Elle était quelqu’un aux yeux de Louis.

Elle s’approcha de lui, souriant à son tour. Elle laissa doucement ses cheveux bouger derrière elle. C’était presque volontaire, comme une manière d’essayer de le retrouver. Que quand il se retourne, il garde un bon souvenir de cette nouvelle rencontre. Elle voulait qu’il se souvienne d’elle en bien, et non pas en mal :

-          Je suis contente de te revoir ! Je ne pensais pas que ce serait possible.

-          Moi non plus, je t’avoue, fit-il avec un rire embarrassé.

Les rires de Matild rejoignirent celui de l’anglais :

-          Ca fait vraiment plaisir de réentendre ton accent british.

Louis glissa ses mains dans les poches de son jeans. Il souriait comme un enfant. Jamais il n’aurait cru qu’en marchant dans la rue avec une guitare il retrouverait une vieille amie. Cette vieille amie là, celle qu’il n’avait jamais pu oublier. Il n’aurait jamais pensé réentendre sa douce voix prononcer quelques mots, son rire délicat retentir dans ses oreilles, son odeur pénétrer dans ses narines. Il avait pensé que la célébrité les avait séparés définitivement, mais non. Elle était là, devant lui, à rire de son accent anglais alors qu’il parlait cette langue, à rire de ses phrases maladroites et à le rendre fou rien que par son odeur : Elle sentait tellement bon.

-          Tu veux que je te paie un truc à manger pour que tu puisses l’entendre plus longtemps ? proposa-t-il en tapotant son pantalon.

Matild éclata d’un rire sincère avant de prononcer, sans réfléchir :

-          Jamais je ne pourrais refuser une si belle invitation, Monsieur Tomlison.

Elle lui ébouriffa les cheveux avant d’avancer doucement dans la rue, suivant le jeune anglais qui désormais avait retrouvé un sourire d’enfant. Son sourire d’avant mais aussi le Louis qu’il était lorsqu’il était étudiant : Celui dont les yeux avaient été ouverts par cette magnifique demoiselle.

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