25. Coup de poker

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Cette fois, c'est un texte plus récent que je vous propose. Harry et Louis dans un pari morbide qui ne peut que glacer le sang. Pour l'anniversaire d'une amie proche, je t'aime. 

Le deal est simple. « Je gagne, tu es à moi. Tu gagnes, je t'abandonne à jamais. » Comment savoir qui va remporter ce duel ? Rien de plus simple : des cartes, des jetons, et de la chance. Ils se retrouveront dans un casino, à minuit tapante, c'est ce qu'ils ont prévu. Ils s'affronteront, se défieront, et la personne qui gagnera la partie de poker sera le vainqueur, sans aucune revendication.  Et s'il y en a, les témoins les entourant seront là pour trancher le véritable gagnant ce pari foireux. Pas de billets sous la table pour les manipuler, pas de tricherie possible pour que les mots sortant de la bouche des spectateurs soient corrompus, vu qu'ils ne sauront pas jusqu'à la dernière minute qui sera présent pour les entourer. Ils les prendront sur le tas, les croisant dans les allées de la salle de jeux, et leur proposant une heure de divertissement intense, alcool payé, à la seule condition qu'ils regardent attentivement ce qu'il se passe sur la table verte où se jouera leur destinée. Et qui refuserait de se saouler gratuitement pour si peu ?

Ils ont décidé cela sur un coup de tête, sans réfléchir, sans tourner leur idée dans tous les sens avant de la divulguer. Ils n'ont pas pesé le pour et le contre avant de se la lancer, comme si c'était une évidence. Comme lorsque seul de l'argent est en jeu, et qu'ils sont prêts à tout pour récupérer ce qu'ils ont mis sur le tapis vert, en espérant au passage rafler la mise des autres. Ils n'ont pas médité une manière habile de faire pour arriver à leurs fins sans se salir les mains, mais ils ont laissé l'adrénaline, la colère et la peur prendre le dessus, même si leur visage ne laissait pas transparaître la moindre de ses émotions. Ils voulaient bluffer. Mais ce n'est pas une liasse de billets pour laquelle ils ont sortis cette phrase à double tranchants, mais pour le restant de leur existence.

Ils la misent sur un coup de bol, un coup de poker, qui pourrait dessiner une histoire complètement différente en fonction de la direction que le vent prend. Il suffit qu'il tourne, d'un coup, au milieu de la partie pour que tout soit remis en cause, pour qu'aucune conséquence ne ressemble à celles qu'ils avaient imaginées. S'il caresse le visage d'Harry, il pourra s'en aller, les mains dans les poches, retrouver une vie calme sans les aléas turbulents du jeune homme qui rêve de l'avoir à jamais. Mais s'il effleure les pommettes de Louis, il pourra sentir enfin la pression des phalanges du plus jeune sur les siennes sans qu'il ne puisse broncher. Il pourra le voir, le sentir, le toucher, quand il veut, s'il le veut, car sa victoire lui en donnerait le droit.

La chance d'un entraînerait la liberté, la chance de l'autre entraînerait la dépendance. Tout repose sur une notion abstraite, qu'ils tentent de rendre concrète avec des détails insignifiants. Il faut impressionner, sans même avoir les cartes du jeu en mains. Et pour cela, il y a plusieurs techniques que les deux hommes connaissent très bien, et qu'ils sont prêts à appliquer à tous moments, s'il le faut.

Il faut pouvoir se démarquer pour que l'autre perde pied. Si cela est plus aisé pour le plus jeune homme, qui n'a qu'à ouvrir sa chemise et laisser ses tatouages paraître au grand jour pour que le plus âgé ait des vapeurs, il en faut beaucoup plus à Louis pour qu'il puisse avoir le dessus. Alors, il a sorti le grand jeu : luxueux costard, chaussures neuves fraîchement cirées, coupe de cheveux travaillée, et un sourire colgate fièrement affiché. S'il ne peut pas se faire désirer, il peut se faire obéir, en suivant son regard avec aplomb. La différence est énorme, mais le résultat pourrait être le même.

Les vêtements et la beauté que l'on arbore, même si ils se mêlent à toute l'atmosphère qu'il faut créer pour qu'une tension les traverse lors de leur partie, ont un grand rôle. Un simple jeans et un t-shirt serait trop négligé dans ce genre de situations, si on veut avoir le dessus. Il faut savoir où est-ce que l'autre va poser ses yeux, ce à quoi il va faire attention, pour réussir à le cerner dans son premier regard sans qu'il n'ait le temps de rien faire. Harry va sûrement surement préparer sa chemise bleue aux teintes légèrement transparentes, pour que le cœur de Louis se mette à accélérer dans sa cage thoracique, faisant démarrer son moteur, déréglant tous les paramètres qu'il avait tant bien que mal créés en lui. Parce qu'il sait, Harry, qu'il est son point faible, et qu'il serait prêt à tout pour toucher son corps, ne serait-ce qu'avec le bout de ses ongles. Il faut qu'il le mette en avant, alors que Louis doit l'embellir, pour qu'ils soient sur un pied d'égalité.

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