19. Little Coffee

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Comment dire que je suis morte de rire ? Mais genre pliée en deux, la tête à la hauteur de mon ventre, entrain de verser des larmes tellement que cela en est drôle ? Pour ceux et celles qui ont lu la fiction Café renversé, je pense que ce texte vous mettra dans le même étât que moi. Pour les autres, sachez que l'année dernière, j'ai écrit une fiction qui commençait par ce cliché, et j'avais créé une personnage qui faisait tout pour que cela ne prenne pas. J'avais pris tous pleins d'autres clichés que je démontais par la suite. Et découvrir que j'ai écrit quelque chose contre lequel je me suis battue une année après, bah, c'est drôle. Bref, c'est cliché, mais si ca peut vous plaire.... ahah

Il était dans ce café londonien. Ce café dans lequel il venait depuis le début de sa carrière, celui où il prenait toujours la même boisson. Il n’avait changé d’avis, c’était devenu comme une tradition. Ce gobelet chaud dans ses mains. Il les réchauffant doucement en hiver, les brulant en été. Tous les matins, encore et toujours. Il sentait le liquide lui couler dans la gorge. Elle lui la râpait tellement qu’il était amer, mais il avait pris l’habitude à force. Il aimait même ça désormais. Ce café noir et sans sucre. Il avait pris cela au début pour jouer le gros dur. Maintenant, il l’était devenu. Il passa doucement sa main sur sa peau lorsqu’il eut fini son breuvage. Ca lui avait fait du bien, terriblement. Même trop, peut-être.

C’était comme une manière de se montrer que malgré tout, rien ne changeait. Sa vie ne changerait jamais complètement et que personne ne pourrait l’empêcher de continuer à boire ce qu’il voulait, où il voulait. Il se sentirait bien en sortant du café, il se sentirait léger. Il se sentirait moins coupable, moins lourd. Il ne serait pas rempli de tristesse, de colère. Pendant quelques minutes, il se sentirait peut-être humain. Il se sentirait peut-être apte à affronter sa journée sans hurler, sans casser la figure d’un des garçons. Il n’aurait peut-être pas besoin de fumer tout un paquet de cigarette pour se calmer, ni sortir des répétitions pour prendre l’air, parce qu’il était venu ici, comme chaque matin. Il n’avait pas changé, là-dessus. C’était rassurant, au fond.

Il commanda un deuxième café, sans grande raison. Il fit un joli sourire à la serveuse, paya l’addition et se leva du comptoir. Il enfila rapidement sa veste sous le regard des autres clients puis il sortit du café. Il ferma doucement la porte pour ne pas qu’elle se brise. S’il l’avait lâchée, le vent l’aurait fait claquer contre le cadran et des morceaux de verres auraient jonchés le sol. Même s’il n’en avait pas grand-chose à faire de la saleté, il avait tout de même fait attention. Il ne voulait pas faire la couverture d’un magasine, encore.

Il se retourna alors dans la rue, son gobelet de café à la main. Il commença alors à faire glisser ses pieds sur le sol gelé. Il aimait le faire. Il s’en foutait de ce qu’on pouvait penser de lui, marchant aisni dans la rue. Parce qu’il appréciait sentir ses chaussures s’écraser contre le sol, puis reprendre leur forme originale lorsqu’il levait le pied. Elles revenaient toujours à la normale, quoi qu’il fasse.

Il ne regardait pas devant lui, mettant le gobelet devant ses lèvres, prêt à boire ce qu’il venait de payer. Il ferma les yeux, oubliant les autres autour de lui, oubliant qu’il n’était pas seul. De toute manière, on l’éviterait, on le toucherait si on voulait le rencontrer. On le vénérait. Personne n’oserait le pousser, le frapper, l’effleurer.  

Il sentait le vent sur son visage, dans ses vêtements, dans ses cheveux. Il n’aimait pas le vent, il détestait ca. Comme toute personne censée d’ailleurs. Il n’aimait pas quand l’air lui claquait au visage, quand il avait de la peine à marcher. C’était encore pire que la pluie, à ses yeux. La pluie, cela pouvait s’éviter. On pouvait mettre une veste, prendre un parapluie. On n’était pas mouillé. On la voyait s’écraser au sol, on la voyait faire boucler les cheveux d’une jolie fille. Mais on ne risquait pas d’être mouillé aussi. Ce n’était pas comme le vent, car contre lui  on ne pouvait rien faire. On pouvait rester dans sa maison à attendre que ca passe. Mais des jours, on n’avait tout simplement pas le choix. Il était dans un de ses jours là. Un de ses jours à être obligé de marcher dans le vent sans pouvoir l’éviter.

Il laissa son esprit divaguer, buvant doucement son breuvage, les yeux fermés.

Il heurta une personne devant lui. Il sentit sa poitrine s’écraser sur quelque chose de dur, de consistant. Il crut glisser lorsqu’il sentit cette masse contre lui. Il lâcha alors ce qu’il avait dans les mains, tentant de trouver quelque chose auquel il pourrait se rattraper. Il avait eu ce réflexe. Ses mains attrapèrent quelque chose. Quelque chose de froid et de dur. Un lampadaire, surement. Il était tellement grand. Il poussa un soupir de soulagement. Il n’avait rien eu, rien eu du tout.

Mais il n’avait pas pu sauver son café : il s’était écroulé en direction du sol, s’éclaffant contre le béton armé. Il avait alors explosé tant le sol était dur. Le liquide était sorti de son gobelet en carton, aspergeant ses chaussures et le bas de son jeans. Ils étaient désormais teintés d’un léger bruns foncés, une couleur qui n’était pas celle d’origine.

Mais il n’y avait pas que cela qui avait changé de couleur. Le visage de la jeune femme qu’il avait heurté aussi. Il avait dû secouer la tête pour se rendre compte qu’elle était au sol. Elle se relevait doucement lorsqu’il réalisa. Elle avait du café dégoulinant sur le visage, les cheveux en bataille, les habits sals. Elle était dans un sal état. Elle avait en plus l’air énervée, très. Ses yeux étaient noirs, comme ses cheveux en bataille. Ses mains étaient serrées en deux gros poings, comme si elle avait envie de le frapper avec. Elle poussa un soupire, relevant les yeux vers lui, encore assise sur le sol.

-          Regarde où tu marches abruti ! fit la jeune femme en relançant une mèche de cheveux bruns derrière son oreille. Et commande des cafés potables, juste par respect.

Elle se releva, n’attrapant pas la main qu’il lui tendait. Il avait voulu l’aider, elle avait refusé. Toutes les filles du monde se serrait jeté sur sa main. Mais elle non, elle avait presque eu une envie de lui cracher dessus, ca se voyait. Il ne voyait aucune trace de joie sur son visage. On voyait de la colère émaner de ses yeux, ses mains s’étaient serrées comme des poings de boxe. Elle faisait également bouger nerveusement ses cheveux noirs.

Il ne savait pas tellement comment réagir face à elle. Ca ne lui était pas arrivé depuis qu’il était rentré dans X-factor, personne n’avait jamais été autant énervé contre lui. Il avait envie de lui hurler dessus : Elle aurait mieux fait de l’éviter si lui foncer dedans l’énervait autant.

Même lui trouvait cela ridicule.

-          Je… c’est le vent, essaya-t-il de renchérir.

-          Ce n’est pas le vent. Le vent c’est bien, c’est doux. Mais pas ton café atroce.

Zayn mit ses mains dans ses poches :

-          Qu’est-ce que tu as contre mon café ?

-          Il est déguelasse, je n’ai pas tellement eu le choix d’en déguster, je dois dire.

Ses yeux bruns foncés étaient toujours remplis de colères. Elle avait croisé ses bras sur sa poitrine. Elle ne baissait pas le ton, elle ne se montrait pas plus courtoise. Elle n’en avait rien à faire de le voir lui aussi énervé. Il le sentait, il le voyait.

-          Mais c’est le café de Zayn Malik. Tu devrais être ravie, fit-il en se montrant supérieur.

-          De qui ? dit-elle en éclatant de rire. Zayn Machin quoi ?

Zayn resta sur les fesses, elle ne le connaissait pas. Il lui lança un regard de travers, ouvrit la bouche pour renchérir. Mais finalement, il la ferma, faisait tourner la phrase dans sa tête. Elle avait rit. Rit d’un rire sincère. Elle avait cru qu’elle se prenait pour quelqu’un de connu. Il l’était, mais elle ne le savait pas. Elle ne le savait pas. C’était bien la première fois qu’on ne le reconnaissait pas. Était-ce une chance ? Il changea d’avis.

-          Personne. Je t’emmène à la laverie pour m’excuser.

-          Tu as intérêt.

Il lui fit signe de le suivre, se demandant si au fond, ce n’était pas le destin qui lui avait fait commandé un deuxième café, en fin de compte. 

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