5. Mauvaise prestation

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Soyons francs, ce texte datant de 2012 (ou 2013 ?), je ne me souviens plus du thème que l'on m'avait donné pour que je l'écrive. Je me souiens cependant que c'était pour le concours http://writedirection.skyrock.com/ . J'espère que malgré la poussière qui s'est accumulé dessus, vous aimerez. 

Elle me regardait amusée. Ses yeux me fixaient comme son futur jouet. Comme sa future cible. Je détestais ce regard. Je le connaissais presque par cœur. Ce regard qui voulait tout dire. Je savais que ça allait être la pire interview de ma vie. Surtout après ce que je venais de vivre. Mais là, ca me montrait qu’elle n’était pas là seulement pour le disque. Comme elle avait à notre manager au téléphone. Non, elle était là pour bien plus. Pour quelque chose qui lui portait bien à cœur. Ou plutôt, quelque chose qui lui vaudrait une promotion. Soupire. Son sourire me donnait envie de la baffé. Elle se prenait pour qui celle-ci ?

Les studios dans lesquelles je me trouvais étaient plutôt grand. Voir même très grand. Ca m’avait toujours étonné de voir ce que les chaînes TV pouvait avoir comme matériel. Comme place aussi. Il y avait des caméras tout autour de nous. Mais quand je dis tout autour, ce n’était pas un gag. Il y en avait même derrière moi. Quelque chose qui ne sert strictement à rien étant donné que je portais un T-shirt banal. Elles étaient toutes braquées sur un des membres du groupe. C’était pesant. Surtout pour moi qui voulait que cette mascarade médiatique cesse. Je n’en pouvais plus de toutes ses filles en pleures dès que je passais. Je voulais redevenir le jeune homme que j’étais. Et ce n’était voir ses sourires mesquins de journalistes et ses caméras ne me faisaient pas trop plaisir.

Mais Harold tenait tellement au groupe. Il avait peur de ce qui se passerait après la fin. Moi, je le savais. Une retraite avec des millions. Une retraite à vingt-trois ans. Ou je travaillerais dans un pays perdus loin des caméras. Mais pas en Angleterre, on ne ferait que de me parler de ma gloire passée. J’en frissonais déjà. Si seulement elle pouvait déjà être passée. J’avais tellement fait de mal à ma famille avec ça. Je n’en pouvais plus. Mais plus du tout.

Je savais qu’ils nous avaient étudiés dans les moindres détails pendant notre séjour en Amérique. Je connaissais bien les journalistes avec le temps. Les sites des sources et ce genre de choses. C’était juste une évidence tout ceci pour moi. Chaque morceau de ma peau avait été passé à la loupe. Chaque photo prise avait été vendue à des milliers de dollars… Alors que moi, je ne touchais pas un sou pour voir des photos de mes venues dans New York dans les magasines. Je n’avais jamais fait confiance aux journalistes et aux paparazzis, contrairement aux autres membres du groupe. Et j’en souffrais encore plus aujourd’hui. Car c’était surement moi qu’ils voudraient le plus. Ce serait à moi qu’il voudrait soustraire des informations. J’avais peur. Trop peur !

-          ACTION !

Je me calmais et fis semblant que tout était normal. Je devais afficher un sourire rayonnant et faire semblant que je leur faisais vraiment confiance. Je devais aussi montrer à mes fans un faux bohneur. Une fausse joie. Soupire. Un. Deux. Je n’en voulais plus de ce groupe. Plus du tout. Je voulais tout lâcher et partir retrouver mon père. Ne pas rester ici à faire des interviews pourries.

Je me battais contre l’envie de dire aurevoir aux garçons. Je me battais contre l’envie de pleurer au milieu des interviews. Je me battais contre l’envie de crier sur certaines fanes. Je me battais depuis des mois contre moi. Non, pas contre moi en fait. Contre cette popularité qui me définissait aux yeux du monde.

-      Bienvenue dans l’émission Breaking news ! Avec comme invités, nos revenant anglais… Nos One direction !

J’entendais déjà les filles crier derrière la télévision. Je voulais partir en courant. M’enfuir le plus loin possible. Elle me faisait peur mes fans. Trop peur. Je voyais déjà twitter partir en fusion. Les télés s’allumer dans tous les continents. Des pleurs. Des cris. Des pop-corn. Des fou-rires.  Non, je détestais cette vie, surtout que maintenant. Je ne pouvais pas redevenir le jeune homme anonyme de Londres que j’étais ? Celui qui livrait les pizzas ? Celui qui chantait pour les animations de campings à Brighton ?

Je voulais être celui que j’étais avant. J’étais prêt à tout.

Mais je n’étais pas seul. Il y avait les quatre autres du groupe qui y tenait encore tellement. Ils étaient jeunes. J’étais le plus vieux. Devoir jouer la comédie du jeunot débile à vingt-et-un an me rendait dingue. Je voulais devenir mature. Je voulais partir faire mon chemin dans l’anonymat seul. Mais pour ça, je devais arrêter le groupe. Et pour arrêter le groupe, je devais me battre contre les autres.

Trop de combats pour moi.

J’avais l’impression de n’être qu’un pion dans un jeu d’échec. Un pion maniable. Un pion dans un milieu qui n’était pas le mien. Un pion qui allait mourir déchicoter.

-      Alors, les One direction, comment c’était les States ?

Première question, je me calmais, ça va, ce n’est pas aussi grave qu’a ce à quoi je m’attendais. J’ai laissé les autres répondre en essayant de paraître toujours aussi rayonnant. Si seulement je pouvais baffer la journaliste ! Elle me donnait envie de pleurer tellement qu’elle était pathétique. Avec son petit mascara qui dégoulinait. Avec ses petites manies ridicules. J’ai soufflé un grand cou pour essayer d’oublier sa présence. Mais je ne devais pas montrer mon malhaitre devant l’écran.

-      Woaw, c’était génial ! J’ai fait des rencontres superbes et la carrière du groupe c’est envolée. Franchement, merci, articulais-je doucement.

La journaliste essayait de séduire Harold, c’était évident. Mon dieu. Mais elle se prenait pour qui cette tarée. Souffle. Souffle. Sourire surtout. Ne pas perdre son sourire. Je devais me battre contre moi-même pour ne pas me lever et tout lâcher.

-      Sinon, vous êtes heureux d’être revenu en Angleterre ?

Les autres répondirent. Eux étaient contents d’être là. Content que la journaliste s’intéresse à eux. Que le journaliste leur fasse des compliments. Mais moi, je me battais contre l’envie qui me prenait un peu plus petit à petit. Tout lâcher. C’était mon tour. Trop vite :

-      Je suis content d’être revenu à Londres oui. Mais je me ferais un plaisir de revenir vite aux Etats-Unis pour de nouveaux concerts !

Mensonge. Encore un mensonge. Mes yeux étaient presque remplis d’eaux.

-      Et nous vous avons souvent aperçu avec une jolie fille, qui est-elle ?

Je devins rouge tomate. Sous l’œil amusé du journaliste bien entendu. Je m’y attendais tellement à celle-là ! Mon souffle se fit court. Mon souffle me donnait envie de lâcher les larmes qui étaient sur le bord de mes yeux. Aller. Je devais absolument me calmer pour que ça ne finisse pas en compotter. C’était dûr de se battre contre moi.

-      Euh… C’est compliqué.

-      Mais expliquer nous !

Mes mains attrapèrent un stylo bille. J’en pouvais plus. Je n’allais pas y arriver. Je ne pouvais plus me battre contre moi éternellement. Je ne pouvais plus me battre contre les journalistes indéfiniment. Je ne pouvais plus le faire.

J’avais deux choix. Continuer à faire la guerre avec moi, ou sortir en courant de la salle en pleurant. Je voulais que ça en finisse. Enfin. La façon la plus rapide de mettre fin à une guerre est de la perdre.Je devais abandonner. Quite à mettre ma réputation de gentille star en jeu. Quite à ce que mes fans ne pensent plus que je sois un gentil interviewé. Je ne pouvais pas continuer comme ça. Sinon, ca allait vraiment mal tourner. Si je partais maintenant, ce serait mieux que si je cassais la figure aux journalistes dans vingt minutes.

J’avais perdu. Les journalistes m’avaient poussé à bout. Je voulais que ca en finisse enfin. Je n’avais plus le choix.

Mes mains frappèrent violemment la table. Je n’arrivais plus à me calmer. Plus du tout. Je voulais crier la mort.

-      Je vais prendre l’air.

-      Mais Louis…

-      Je vais prendre l’air, mademoiselle.

Je suis sorti comme une bombe, claquant la porte derrière moi. Toutes les personnes me regardaient avec de gros yeux. Bravo Louis. Tu viens de gâcher des mois de combat. Encore. J’ai soupiré. Je suis alors parti aux toilettes des hommes en bouclant la porte. Je me suis laissé glisser contre la porte en larmes.

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