- Elle est revenue.
- Il était temps j'ai envie de te dire. Pourquoi nous a-t-elle délaissée alors qu'elle sait le bien qu'on lui fait ?
- Parce qu'elle a cru trouver cet apaisement ailleurs. Parce que sa douleur était si grande que son exutoire est devenu physique. Il lui a fallu un moment pour comprendre que cela n'était pas nécessaire, au contraire. Il lui a fallu être en colère contre certains mais surtout contre elle pour se calmer et revenir.
- Tu penses qu'elle est prête maintenant ?
- Je l'espère. En tout cas elle continue de s'accrocher et elle en a envie.
- Oui. Mais on sait où ses envies finissent toujours par la mener...
- Au moins elle y travaille. Peut-être un peu trop justement. Elle ne nous a pas vraiment mis de côté. Elle nous a simplement occulté comme elle le pouvait car cela la renvoie à une vérité trop amère. Un goût de solitude et de dérive émotionnelle incontrôlable. Elle finit toujours par s'attacher à une image de ce qu'elle croit être le bonheur. Ce à quoi elle aspire surtout quand elle se sent seule. Elle n'a pas souvent eu l'occasion d'apercevoir à quoi ressemblaient quelques moments de répit partagés. Mais certains lui ont permise de toucher de près ce sentiment de plénitude. Juste avant qu'elle s'égare et qu'elle perde tout. Elle a toujours cru capoter sciemment ces relations-là mais il n'en est rien. Elle le sait maintenant. Un simple dysfonctionnement. Trop peu de confiance, une trop grande envie d'amour, de chaire et une parfaite complexité des deux. Incapable de les dissocier, elle vend ses vices avant ses vertus. Elle pousse à ce qu'on l'aime sans qu'on s'y attache. Elle le fait suffisamment pour deux. Il est temps d'inverser la machine. Il est temps de changer et d'être en harmonie avec ce qu'elle désire.
- On en vient toujours aux désirs.
- Bien sûr. Comment peut-il en être autrement ? Elle n'est faite que de cela. Elle a juste besoin de recentrer les bons.
- Ne le sont-ils pas tous ?
- Je ne sais pas. Une part d'elle préfère croire que oui, cela lui permettrait de ne pas avoir de regrets. Mais peut-on vraiment se sentir bien avec tout ce que l'on accompli, sous prétexte que cela est désiré ? Rien n'est moins sûr. Ce qui l'est c'est que tout le monde n'en est pas capable.
- Et elle ?
- Elle... Elle se châtie trop souvent.
- Elle se victimise ?
- Probablement. Bien qu'elle ne se l'avoue pas. Elle met du temps à se rendre compte qu'elle se piège elle-même dans ces situations. Dans ses tourments. Elle s'en prend systématiquement à l'autre alors qu'elle transpire de pressions. De doutes. D'envies. D'attentes. De désirs impossibles. Et elle finit par faire fuir, autant qu'elle attire. Elle arrive à se mettre dans des situations dignes de romans mélodramatiques. Pour ne pas dire érotico-mélodramatiques. Quand sa passion prend le dessus. Son besoin d'expériences, cet attrait pour des montées d'adrénaline inattendues et en tout genre. Elle se pousse jusqu'à perdre pied. Jusqu'à perdre le contrôle de ses émotions.
- En même temps, elle ne les contrôle pas souvent.
- C'est vrai. Mais quand elle atteint son point de non retour, à l'intérieur elle éclate. Jusqu'à s'effondrer parfois.
- Si elle le sait, pourquoi ne réagit-elle pas plus tôt dans ce cas ?
- Tu as déjà vu quelqu'un appliquer ses propres conseils toi ?
- Non...
- Bien. Cesse les questions stupides.
- Tu plaisantes, ca non plus ca ne la changera pas...
- Encore une fois, tu as raison. C'est là toute sa complexité. Trop de questions, et pour beaucoup inutilement oppressantes.
- Elle en est où en ce moment ?
- Elle redescend. Elle s'analyse et elle prend du recul. Comme d'habitude.
- Tu sous-entends jusqu'à la prochaine fois.
- J'aimerais me tromper mais elle est impétueuse. Elle tire sur son arc mais avec moins de force avec le temps. Elle craque plus vite. Elle tombe plus facilement. Mais elle se relève aussitôt. Ses mauvaises habitudes, peut-être son naturel, apparaissent encore quand elle ne trouve plus d'issue. Elle finit toujours par poser des mots sur ses maux et continuer. Elle n'a simplement pas encore le réflexe de prendre le bon pansement du premier coup.
- Entre nous, si elle pouvait arrêter de se blesser inutilement si souvent, tout le monde en serait plus heureux, à commencer par elle.
- On dirait qu'elle ne peut s'en empêcher, une masochiste dans l'âme.
- Et tu dis ca en souriant ?
- Oui. Il vaut mieux sinon nous ne ferions qu'alimenter ses larmes. Elle a besoin de sourire. Besoin de tourner ses pensées vers ces instants de bonheur qu'elle peut se créer seule. Ne se suffire qu'à elle-même et devenir plus forte dans sa douceur. Plus pragmatique dans ses rêveries.
- J'ai l'impression qu'elle t'écoute de plus en plus.
- Cela t'ennuie ?
- Je crois. Et arrête de sourire...
- C'est normal, tu es rabat-joie, territorialiste et rebelle. Mais ne t'en fais pas, elle aura toujours besoin de toi. Elle est une partie de toi. Enfin, l'inverse. Elle n'en doute pas. Parfois.
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Déchirée
Short StoryElle est tellement de choses à la fois. Tellement d'émotions réunies en ce petit bout de femme qui ne se nourrit que d'amour et de passions dévorantes. Entre celui qu'elle a aimé trop longtemps et les autres qui ont traversé son lit et sa vie, elle...