Partie 3

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    Un flux incessant de patients et d'accompagnateurs entrait et sortait de l'hôpital. Il se perdit dans le flot de ceux qui entraient. Je le suivis de près pour ne rien manquer de ce qu'il voulait me montrer.
    Une fois dans l'hôpital, j'aperçus mon père - ou du moins, celui que je considérerais comme tel - disparaître dans un couloir au loin. Je courus pour essayer de le rattraper. Le temps que j'arrive, il avait déjà disparu. Je me tournai vers Alpha qui venait d'entrer dans le couloir à son tour. Il me désigna une porte sur ma droite. J'entrai et trouvai mon beau-père assis au pied du lit d'une femme.
    Je m'approchai en espérant trouver ma mère allongée sur le lit mais ce n'était pas elle. Mon beau-père portait une blouse blanche alors je compris qu'il était de service ce jour-là. Il discuta quelques minutes avec la femme. Les deux autres occupantes de la chambre, dormaient dans leurs lits, leurs bébés à côté. Mon père sortit de la chambre et se rendit dans celle d'en face. Une seule femme occupait l'unique lit de la chambre. Elle était couchée de manière à ce qu'on ne voyait que son dos et il n'y avait pas de bébé à côté d'elle.
    Elle se retourna en entendant les bruits de pas du docteur.
- Bonjour madame, fit ce dernier en s'approchant du lit.
- Où est mon bébé ? s'enquit-elle d'une voix éplorée.
- Un homme vous a déposé devant l'hôpital et est reparti. Vous vous êtes évanouie tout de suite après.
- Et mon bébé ? demanda-t-elle à nouveau.
- Il va bien, répondit-il. Vous avez subi une césarienne vu que vous aviez perdu connaissance et que vous étiez trop faible pour accoucher de vous-même. Je suis même surpris que vous soyez déjà réveillée.
     Elle essaya de se redresser mais son visage se tordit de douleur. Elle se rallongea.
- Vous ne devez faire aucun effort. Pour le moment, tout ce dont vous avez besoin c'est de repos.
- Je veux voir mon enfant, balbutia-t-elle d'une voix faible.
- Vous le verrez dans quelques instants.  Vous devez manger quelque chose histoire de prendre des forces. On va vous apporter à manger. En attendant vous pouvez répondre à quelques questions s'il vous plaît ?
    Elle acquiesça en hochant la tête.
- Comment vous appelez-vous ?
- Malaïka Attah.
- Vous avez de la famille ? Quelqu'un pour venir vous chercher à votre sortie ?
    Elle secoua la tête et éclata de nouveau en sanglots.
- Calmez-vous madame ! lui dit le docteur d'une voix rassurante. Ce n'est pas bien grave. On s'occupera de tout cela après. J'ai créé un programme qui prend en charge les mères célibataires qui n'ont aucun soutien. On s'occupera de vous et de votre enfant jusqu'à ce que vous puissiez le faire vous-même.
- Mais je n'ai pas de quoi vous rembourser ! fit-elle. Je n'ai même pas de quoi payer les frais d'hôpitaux.
- Tout sera pris en charge par notre programme, répondit-il simplement. Tout ce dont nous avons besoin pour le moment c'est du nom du père de votre fils pour établir une déclaration de naissance.
- Mon fils portera mon nom. Alexandre Attah, comme son grand père.
    Il inscrit le nom sur le calepin qu'il tenait à la main.
- Il nous faudra quand même le nom du père madame, reprit-il ensuite.
- Michel Okoye, répondit-elle.
     Son visage s'assombrit. Une infirmière toqua discrètement à la porte et entra dans la pièce, les bras chargé d'un plateau de nourriture.
- Je veux voir mon enfant d'abord ! s'emporta ma mère. Je n'ai pas souffert ces neuf derniers mois pour qu'on me dise maintenant d'attendre quelques minutes avant de le voir.
- Calmez-vous madame ! Personne ne vous empêche de voir votre fils mais vous avez subi une césarienne et il faut que vous reprenez ne serait-ce qu'un peu de force.
     Il fit un signe de tête à l'infirmière qui déposa le plateau sur la table de chevet et sortit.
- Elle va vous ramener votre fils, dit-il en désignant la porte par laquelle venait de sortir l'infirmière. Mais en attendant commencez à boire la soupe qu'elle vous a apportée.
     Le docteur l'aida à se redresser et lui mit le bol de soupe entre les mains. Elle commença à boire doucement sa soupe, à contre cœur. Quand elle eut fini, elle reposa le bol sur le plateau et se tourna vers lui. Ce dernier se tourna vers la porte qui s'ouvrit comme par enchantement, laissant entrer l'infirmière avec un bébé maigrichon dans les bras. Je fis un pas vers elle pour me regarder. J'étais minuscule et tout rose, mes petits poings étaient serrés comme s'ils renfermaient un précieux trésor. J'étais emmitouflé dans une petite couverture rose.
    La soignante s'approcha du lit et me tendit à ma mère. Son visage s'illumina tout de suite en me voyant. Elle me prit délicatement dans ses bras.
    Elle leva un regard reconnaissant vers celui qui allait devenir son futur mari, mon père adoptif.
- Merci, chuchota-t-elle en souriant.
    Une larme roula sur sa joue pour s'écraser sur l'un de mes petits poings fermés. Je sentis la larme sur ma main d'adulte.
- Comment ça se fait ? demandai-je à Alpha en lui montrant la goutte de larme sur ma main.
- C'est en rapport avec l'élément dominant de ta personne, l'élément eau. Tu peux ressentir les émotions et les sentiments même ici et cette goutte de larme en contient beaucoup. Ça représente l'espoir, le courage mais surtout l'amour que ta mère porte pour toi.
    Je pris quelques secondes pour analyser la situation, récapituler tout ce que j'ai vu et entendu jusque-là mais tout cela ne revêtait d'aucune forme d'explication à mes yeux alors je me tournai à nouveau vers lui.
- C'est quoi le but de tout ceci ?
     Il nous fit revenir dans la salle blanche avant de répondre.
- Te faire découvrir qui tu es vraiment, et surtout te faire acquérir une bonne dose d'humilité parce que c'est ce qui te manque le plus. Mais imagine si ta mère avait été déposée dans un autre hôpital ou si on ne l'avait pas emmené à l'hôpital du tout. Où serais-tu ? Et qui serais-tu ? Tu passes ton temps à snober les autres parce qu'ils n'habitent pas de grandes maisons, ne conduisent pas de grosses voitures, et si ton beau-père n'avait pas tout ça ? Et si comme toi il avait décidé de se payer la belle vie au lieu de bosser en serais-tu là ? Serais-tu cet Alexandre Vieira que tu aimes tant rappeler à tout le monde ? Tu n'es pas le nombril du monde comme tu le crois tu sais.
- Je ne vois pas du tout de quoi vous parlez ! Je ne suis pas ce genre de personne. Mes amis pourront témoigner que je suis attentionné et altruiste.
- Tu sembles bien sûr de toi ! répondit-il. Solim, ta copine tu as demandé d'après elle depuis que tu es ici ? Tu as demandé de ses nouvelles ? Tout ce qui t'intéresse c'est ta petite personne, pourtant c'est toi qui l'as mis dans cette situation.
- Elle allait très bien quand on nous a admis à l'hôpital. C'est plutôt à elle de s'inquiéter pour moi.
- Et voilà une fois de plus tu ramènes tout à ta petite personne.
- Solim et moi c'est une toute autre histoire que vous ne pouvez pas comprendre. On a un lien très spécial qui nous lie elle et moi. Même avec Jasper mon meilleur pote, je n'ai pas ce lien.
- Encore un point sur lequel je vais devoir te décevoir.
- Que vas-tu me montrer cette fois ?
- La fille dont tu es amoureux bien sûr !

Autopsia, le monde du dessusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant