Partie 4

303 46 13
                                    

​- Il n'y a rien à voir croyez-moi ! Vous ignorez tout d'elle.

- Tu crois ?

- J'en suis certain. Il y a de ces jours où tout ce dont j'ai envie, c'est de me retrancher. Être seul et méditer sur ma vie, sur ce qui m'entoure, sur mes projets. Où j'ai envie de prendre mes propres décisions, avant de demander l'avis des autres. Où j'ai envie que tout, autour de moi, ne soit que mutisme et calme. Mais c'est aussi dans ces moments que je déprime le plus. Et c'est précisément dans ces moments que tout le monde a envie de me parler, où on m'invite à faire des trucs que j'aime en temps normal. Et là je pète un câble et je m'énerve parce que j'ai l'impression qu'on m'étouffe. Je me sens acculé, persécuté... Je suis peut-être super bavard, le genre de personne qui te parle de tout et de rien pendant des heures. Mais quand il s'agit de mes problèmes, je suis très introverti. Même à ceux qui m'entourent directement, je n'en parle pas. Je suis plutôt du genre « Demande moi et je te dirai ou pas ». Et la seule personne qui réussit à me faire parler dans ces moments de dépression, c'est Solim. Elle me comprend mieux que moi-même. Elle me soutient dans tout ce que je fais et elle me remet dans la bonne voie quand il le faut. C'est elle mon âme-sœur.

- Mais selon tout ce que tu viens de dire, elle te bloque tu ne trouves pas ?

- Comment ça ?

- Tu viens de dire toi-même qu'il t'arrive de vouloir te poser et réfléchir à ta vie, à tes projets et tout le reste et que dans ces moments c'est elle seule qui arrive à te faire parler, en d'autres termes : elle t'empêche de te recueillir et de prendre de bonnes résolutions pour ta vie. Mais ça ce n'est qu'un détail. Ce que je vais te dire te sera difficile à croire alors il serait préférable que je te montre directement.

La chambre disparut à nouveau et un bar se matérialisa devant nous. L'endroit était vide mis à part un groupe de trois jeunes qui étaient en grande conversation dans un coin. Je m'approchai d'eux et reconnus Solim, Jasper et Tek, un ami.

- Il faut que je me sauve, Alex m'a invité à une partie de console, dit ce dernier en se levant.

- Je ne comprends pas comment tu arrives à être pote avec ce snobinard. Toujours à se la péter avec ses gadgets high-tech et le fric de ses parents.

- Il est vraiment cool, si tu le connaissais tu ne parlerais pas de lui comme ça. Il vit selon le train de vie auquel il a été habitué c'est tout.

- C'est qui cet Alex plein aux as que vous ne me présentez pas tous les deux ? intervint Solim. Comment vous pouvez faire un truc pareil ?

Tek la foudroya du regard et s'en alla. Elle se tourna vers Jasper.

- Je veux en savoir plus, fit-elle d'une voix suave.

- Je n'en sais pas plus que toi, répondit Jasper. Je nous ferai présenter très bientôt.

- Tu as plutôt intérêt, dit-elle. Tu sais bien que tu y gagneras aussi bien que moi.

- Je sais, je sais. Mais comment tu fais ton truc au fait ? Comment tu arrives à les rendre accro à toi et tout ?

- C'est mieux que tu n'en saches rien, répondit-elle en se levant.

Elle l'embrassa langoureusement avant de partir, son sac au bras. Jasper resta assis là, la bouche béante pendant de longues minutes.

- De quoi parlait-il ? demandai-je alors que nous suivions Solim.

- D'un truc que vous ignorez tous les deux. Tu te souviens de ton premier baiser avec Solim ?

- Parfaitement, répondis-je.

- Très bien, je vais te montrer maintenant ce qui s'est vraiment passé pendant ce fameux baiser.

Je me rappelai ma première rencontre avec Solim. C'était à un chill que j'avais organisé chez moi avec Tek et quelques potes. Elle était venue avec Georges, que je ne connaissais pas encore à l'époque. Elle ne m'a pas quitté des yeux de la soirée alors je l'ai attirée dans la cuisine mais avant même que je ne dise quoi que ce soit, elle m'a plaqué contre le plan de travail et a pris mes lèvres d'assaut. Au début je voulais juste la faire monter dans ma chambre et prendre du bon temps vu comment elle était chaude. Mais quelque chose en moi m'a bloqué. Je l'ai laissée sans plus mais le lendemain, je ne pouvais plus m'empêcher de penser à elle. J'étais tombé amoureux d'elle en un seul baiser.

En un clin d'œil nous nous retrouvâmes dans mon salon. Alpha se dirigea de sa démarche assurée vers la cuisine. J'étais debout contre le plan de travail, Solim tout contre moi en train de m'embrasser.

- Observe bien le contact de vos lèvres, me dit Alpha se mettant de l'autre côté de la scène.

J'obéis. C'est là que je vis une sorte de vapeur jaune étincelante s'échapper de mes lèvres pour disparaître dans celles de Solim. J'écarquillai les yeux devant la scène.

- Qu'est-ce que c'est ? demandai-je à Alpha qui avait un sourire mystérieux aux lèvres.

- Une partie de ton esprit, répondit-il simplement.

- Qu'est-ce qu'elle en a fait ?

Il fit un geste de la main et nous nous retrouvâmes dans la chambre de Solim cette fois. C'était la nuit.

Cette dernière sortait de la douche. Elle retira son pagne avant de se coucher toute nue sur son lit.

- En tant qu'esprit bienveillant, vous pourriez au moins faire semblant de détourner les yeux non ? lui demandai-je.

- Tais-toi et observe attentivement, répondit-il.

Je me concentrai sur les courbes de son corps que j'avais déjà exploré sous tous les angles. J'attendis pendant de longues minutes mais elle semblait s'être endormie.

- Je l'ai déjà vu dormir plusieurs fois vous savez, dis-je à Alpha.

- Approche-toi et touche le milieu de son crâne, fit-il.

Je fis ce qu'il a dit et je me retrouvai dans une vaste maison. Il faisait noir mais je pouvais voir. La maison était absolument vide, pas de chambres, pas d'occupants, rien. Seul un puits trônait au milieu de la maison. Je vis Solim s'approcher du puits mais elle se déplaçait sur sa tête. Je ne comprenais pas comment c'était possible. Je me tournai vers Alpha.

- C'est une sorcière. C'est comme ça qu'elles se déplacent, dit-il. C'est aussi pour ça qu'elle n'a pas eu une seule égratignure lors de l'accident.

Si certaines émotions comme la peur étaient toujours présentes en moi, j'aurais tôt fait de prendre mes jambes à mon cou. Mais au lieu de ça, je la suivis près du puits.

Elle tendit ses deux mains au-dessus du puits et un bocal transparent, émettant la même lueur jaune que celle de mon esprit, lévita doucement hors du puits et atterrit dans l'une de ses paumes ouvertes. Elle prononça quelques paroles inintelligibles et la partie de mon esprit qu'elle avait aspirée plus tôt dans la journée sortit de sa bouche pour se réfugier dans le bocal avec les autres. Des voix s'élevèrent du réceptacle.

- Calmez-vous mes chéris, murmura-t-elle de la même voix suave que dans le bar. Alex, il faudrait que tu m'appelles demain. On a beaucoup à se dire...

- Et tu l'as fait. lâcha Alpha.

- Comment pourrais-je récupérer l'autre partie de mon esprit ?

- C'est à la fois simple et compliqué, répondit-il. Mais je te montrerai comment le faire.

Autopsia, le monde du dessusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant