Partie 26

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- Oh dé...désolée, bredouilla-t-elle. Je voulais juste vous prévenir que le dîner était prêt.

Elle claqua la porte derrière elle comme si de rien n'était. Irina et moi nous regardâmes puis elle éclata de rire. Quelques secondes après, je me mis à rire aussi sans trop savoir pourquoi.

Quand nous reprîmes nos souffles, nous descendîmes en évitant de nous regarder ou de regarder Soreah, de peur d'éclater de rire à nouveau.
À ma grande surprise, elle ne dînait pas avec nous, prétendant ne pas avoir faim. Je dînai donc en tête à tête avec Irina puisque ma mère avait décidé d'attendre le retour de son mari pour dîner.

- Depuis quand es-tu rentrée ? lui demandai-je alors qu'on venait d'entamer nos plats d'Akoumé*.

- Il n'y a même pas deux heures, répondit-elle. Quand j'ai appris que tu avais eu un accident et que tu étais dans le coma, j'étais vraiment en panique. Je n'avais qu'une seule envie : rentrer être à ton chevet. Et vu que j'ai fini mon examen de fin d'année, j'ai supplié mon père de me faire rentrer sans attendre les résultats. Et donc me voici devant toi. Mais finalement j'ai l'impression que Jasper a exagéré pour rien.

- Qu'est-ce qu'il t'a dit ? lui demandai-je entre deux bouchées.

- Que tu ne reconnaissais personne et que tu ne te rappelais plus de rien. Et quand je lui ai demandé de me faire une photo de toi, il m'a dit que ce serait malsain de prendre une photo de toi dans cet état.

Je manquai de m'étouffer en écoutant sa dernière phrase.

- Que quoi ? lui demandai-je.

- Tu as bien entendu, répondit-elle.

- Jasper n'est jamais venu me voir à l'hôpital pendant les deux semaines que j'y ai fait. Alors je ne vois pas comment il pourrait prendre une photo de moi, si ce n'était pas malsain.

- Quoi ? ! s'exclama-t-elle, surprise. Mais il me donnait de tes nouvelles tous les jours, me disant que ton état ne s'améliorait pas et tout. J'avais vraiment peur. Je n'arrêtais pas de pleurer. Pas plus tard qu'hier il me disait que tu n'allais pas bien et que tu ne reconnaissais personne. Qu'il était venu te voir, tu l'as traité comme un étranger. En rentrant je m'attendais à te retrouver dans un sale état.

- Il t'a menti, répondis-je en glissant ma main dans la sienne au-dessus de la table.

- Eh bien, je suis contente de me rendre compte qu'il m'a menti, répondit-elle.

Après le dîner, nous restâmes devant la télé dans ma chambre à discuter jusqu'à tard dans la nuit.

- On était un couple modèle, qu'est-ce qui nous est arrivé en chemin ? me demanda-t-elle après un court moment de silence.

Je connaissais parfaitement la raison de notre pseudo-rupture mais j'ignorais comment elle prendrait la nouvelle alors je décidai de ne rien lui dire par rapport à toute cette histoire de pouvoirs. Même si je pouvais lui faire confiance, je pourrais être désagréablement surpris.

- La distance sûrement, répondis-je. La distance peut tuer un couple certes mais c'est aussi et surtout le manque de communication. On avait l'habitude de tout se raconter entre nous, on se confiait l'un à l'autre même quand ça devait faire mal. Après ton départ et avec nos emplois du temps respectifs et tout le reste, on ne trouvait plus de temps pour notre couple. Voilà en gros.

- Tu as raison, répondit-elle en se blottissant contre moi. Et maintenant il est trop tard pour essayer d'arranger les choses.

- Beaucoup de choses ont changé et il serait difficile de juste...reprendre comme si de rien n'était. Même si ce n'est pas l'envie qui manque...

Autopsia, le monde du dessusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant