Partie 9

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​    J'entendis des gémissements et j'ouvris les yeux. Je n'étais plus au volant dans la voiture mais dans ma chambre à la maison. J'avais une batte de baseball à la main et devant moi, Jasper était en plein coït avec une fille. Je contournai le lit pour voir de qui il s'agissait.

    Soreah.

    Au lieu d'asséner un coup violent sur la tête de Jasper, la batte me glissa de la main et produit un bruit qui les fit sursauter.

- Ce n'est pas ce que tu crois Alex, commença Soreah. Laisse-moi, le temps de t'expliquer.

   Je savais très bien que c'était un test, mais l'odeur de sexe qui emplissait la chambre et le sourire narquois de Jasper le rendait tellement réel que j'avais envie de reprendre ma batte.

- Vas y essaie de me frapper, de toute façon c'est ce que tu fais le mieux : la violence. T'occuper d'une femme par contre ce n'est pas dans tes cordes. Tu as vu comment je la faisais grimper au rideau ? Eh bien c'est comme ça qu'on s'occupe d'une femme. Même Solim pourra en témoigner, elle m'a complimenté tellement de fois. Soit tu ramasses ta batte et on en finit ou soit tu sors d'ici.

    Je regardai la batte à mes pieds et le regardai.

- Décide-toi gros faible, on a une partie de jambe en l'air à finir et tu nous perds le temps, continua-t-il.

    Soreah ne parlait plus, elle était toute en larmes. Je m'abaissai et ramassai la batte.

- Voilà gros faible, approche...

    Je serrai la batte très fort.

- D'abord Solim, ensuite Soreah. Mec, je crois que je suis fait pour tes meufs. Elles en pincent toujours pour moi et je suis trop généreux pour me refuser à elles. Soreah dis-lui comment j'assure au lit. Tout compte fait ce ne sera pas nécessaire, je crois qu'il a entendu tes gémissements.

     Je levai la batte au-dessus de ma tête, prêt à lui donner ce coup qu'il désirait tant.

     « Le mal est plus attrayant que le bien. », me répéta la voix de mon grand-père.

    Au lieu de le frapper comme me le criait chaque cellule de mon corps, je sortis de la chambre.

- Hé gros faible, viens terminer ce que tu as commencé sinon ce sera ta mère la prochaine que je baiserai.

   Dès que je sortis de la chambre, le sol se mit à vaciller dangereusement sous mes pieds. Je regardai en bas et remarquai que j'étais debout dans une barque. Je m'assis sur le seul banc de la barque pour qu'elle retrouve l'équilibre. La rivière sur laquelle je me retrouvai, était d'un bleu turquoise. Une légère odeur de mangue embaumait l'air. Aucun bruit dans l'entourage, même pas de chants d'oiseaux, ni les clapotis lointains des vagues sur les rives boisées. Aucune vague ne secouait la rivière d'ailleurs. Seule une brise légère ridait sa surface paisible de temps à autre.

    La barque se mit soudain à bouger toute seule, voguant silencieusement sur la rivière. J'admirais ce paysage d'une beauté féerique. Quelques minutes plus tard, la barque s'immobilisa sur une rive. Je compris que j'étais arrivé à destination sans pour autant savoir laquelle.

    Je descendis sur la rive et pris un petit sentier qui se trouvait devant moi.

    Je m'enfonçai dans les bois jusqu'à une petite clairière. Tout était toujours aussi calme. J'étais si détendu que je commençais à douter de si j'avais connu la colère.

     Assis sur un rocher, Alpha m'attendait dans sa sérénité habituelle.

- Je ne pensais pas vous revoir de si tôt, lui lançai-je en m'approchant.

- Même moi je suis surpris que tu sois là aussi rapidement.

    Je souris. Je sondai les alentours du regard.

- Quel est cet endroit ? lui demandai-je.

- C'est le fond de ton cœur, répondit-il en contemplant la nature.

- Vous voulez dire qu'on est...dans mon cœur ?

- Oui, enfin c'est l'image de ton cœur pour être exact. Si pendant les trois épreuves auxquelles tu as été soumis tu avais cédé à la colère, cet endroit ne serait que feu et obscurité. Et je ne serai même pas là.

- Ça veut dire que j'ai réussi ?

- Oui et très rapidement. Tu as même été plus rapide que moi quand je suis passé par là. J'ai eu beaucoup de mal à contenir la colère. L'élève a battu le maître.

- Vous voulez dire que vous avez déjà fait tout ceci ? lui demandai-je. Pourtant vous m'aviez dit que c'était très rare. Alors si ça ne saute qu'une génération c'est que ce n'est pas si rare que ça.

- Ton cas est spécial parce que moi je suis passé par tout ceci après ma mort. Je n'étais pas dans le coma comme toi.

- Vous avez été initié après votre mort ? lui demandai-je, confus.

- Non.

- Alors pourquoi avoir subi tout ceci comme moi ?

- Pour devenir membre du cercle, répondit-il. Mais ce n'est pas le plus important, moi je suis déjà passé alors concentrons-nous sur toi. Maintenant tu as trouvé la paix intérieure. Tout est en harmonie dans ton corps, ton esprit et ton âme.

- Que va-t-il se passer ensuite ?

- Tu vas nous emmener au cercle.

    Je hochai la tête. J'étais confiant. Je ne savais pas où se trouvait le cercle mais après tout ce par quoi j'étais passé, j'étais à présent sûr de pouvoir faire tout ce qu'on pouvait attendre de moi.
    Je m'assis en tailleur sur le sol de la clairière comme dans la pièce blanche.

- Joignez-vous à moi, dis-je à mon grand-père.

    Il quitta son rocher et vint s'asseoir en tailleur devant moi. Je lui tendis les mains, il les saisit et se concentra en même temps que moi.

    Une minute plus tard je sentis le sol bouger sous mes fesses. J'ouvris les yeux. Le sol bougeait vraiment. Il était ridé comme la surface de l'eau balayée par la brise.

- Concentre-toi et n'ouvre les yeux que tu quand tu te sentiras dans ton élément, me dit Alpha.

    Je refermai les yeux et me concentrai à nouveau.

- N'oublie pas de te détendre complètement, cherches la paix intérieure et rien de plus.

    Je suivis ses instructions. Un grand vent se leva soudain autour de nous, menaçant de nous emporter mais il retomba quelques secondes après, remplacé par une chaleur intense. J'entendais le crépitement d'un feu. Le bruit était très proche à croire que les arbres autour de nous brulaient mais je n'ouvris pas les yeux, gardant en tête ce que m'avait dit Alpha quelques instants plus tôt. Je restai donc calme malgré la chaleur qui continuait de s'intensifier et le feu qui semblait se rapprocher de plus en plus.

    Je sentis de l'eau nous entourer soudain. Je me délectai dans sa douceur. Mais quand j'ouvris les yeux, je remarquai qu'on n'était pas dans de l'eau. On était dans une grande salle illuminée par de grandes fenêtres par lesquelles entrait la lumière du jour. Trois sièges étaient disposés de chaque côté de la salle et un septième était au milieu. Six d'entre eux étaient occupées. Le septième, à gauche de celui du milieu, était vide.

   Les six hommes étaient habillés comme Alpha. Tuniques blanches, crânes rasés les paumes des deux mains jointes comme dans une prière. Alpha alla occuper le siège vide, me laissant seul au milieu.

- Bienvenu dans le cercle des anciens Alexandre ! lancèrent les sept hommes d'une seule voix.

Autopsia, le monde du dessusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant