Partie 24

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- Quoi ? ! m'exclamai-je, surpris.

     Je m'attendais à toutes les réponses sauf à celle-là.

- J'ai peur de te toucher parce que je pourrais être à nouveau électrocutée et j'ai peur de te mettre en colère parce que tu pourrais invoquer la foudre sur moi.

- Mais pourquoi ? Ce n'est que moi, Alexandre. Et je ne te ferai jamais de mal.

- Non ! C'est une toute autre personne que j'ai vu hier sur la cour de ta maison familiale. Tu me dis que tu ne me feras jamais du mal mais tu l'as fait hier. Vouloir tuer quelqu'un parce qu'il a tué ton père, c'est bien légitime. Mais le faire sans hésiter fait de toi quelqu'un de dangereux. Avec tous ces pouvoirs que tu as, tu représentes un danger pour toi-même et pour ton entourage si tu n'apprends pas à les contrôler et à te contrôler toi-même. J'ai vu ton regard quand tu avais la main au-dessus de sa tête : il était glacial, on aurait dit un monstre. Ça ne te faisait ni chaud ni froid de la tuer. On aurait dit que la vie humaine n'avait plus de valeur à tes yeux. En privant une sorcière de ses pouvoirs, tu sauves des vies et tu délivres des gens qui étaient sous son emprise. Mais en la tuant, tu prends une vie donc tu ne vaux pas mieux qu'elle. Il faut que tu comprennes cela.

     Je baissai la tête. Je n'avais pas vu les choses sous cet angle jusqu'à ce qu'elle en parle.

- C'est vrai tu as raison sur toute la ligne, admis-je. Sur le moment je me suis laissé submerger par la douleur que je ressentais. J'étais très en colère parce que même si je ne le connaissais que depuis quelques heures, il était mon père. C'est comme vouloir quelque chose toute sa vie puis perdre cette chose tout juste après l'avoir obtenue. Et ce qui fait le plus mal dans la mort d'un être cher c'est l'aspect permanent de la chose. Tu le vois. Tu lui parles. Il te répond. Et la minute d'après, il n'est plus là. Et il ne sera plus jamais là. Il ne te répondra plus jamais. Il ne te sourira plus jamais. Tu comprends ? Tu sais toute ma vie j'ai été impuissant face à certaines situations. Cette impuissance qui t'écrase la poitrine et qui te paralyse les membres pendant que tu vois une partie de ta vie s'effacer. Pour une fois que je pouvais faire quelque chose, je l'ai fait et je sais que ce n'était pas la meilleure chose à faire et que tu ne comprends pas forcément. Mais je l'ai fait, et si c'était à refaire je ne suis pas sûr que je ferai autrement. Tu penses que j'ai mal fait et je te comprends parfaitement. C'est le genre chose qu'on dit ne jamais faire ou qu'on pense ne jamais faire jusqu'à ce qu'on y soit confronté...

     Je m'éloignai sans un mot de plus. Pendant que je montais les escaliers, une larme naquit au coin de mon œil. Elle roula doucement sur ma joue et mourut au bout de mon menton. Je l'essuyai du revers de la main.

    Je m'enfermai dans ma chambre toute la journée. Je faisais une dépression. Je venais juste de perdre mon père biologique, mes amis me tournaient le dos et personne ne me comprenait vraiment alors je me sentais seul et délaissé.

    Il était presque dix-sept heures et je n'avais rien avalé de la journée. Mais je n'avais toujours pas l'appétit. Il fallait que je parle à quelqu'un. Alors je me tournai vers la seule personne qui n'avait rien à me reprocher. Espérant qu'il soit dans les parages.

- Ardys tu es là ? pensai-je très fort.

- Oui Alex, entendis-je.

    C'était la voix d'Ardys.

- J'avais besoin de parler à quelqu'un.

- Je comprends ce que tu ressens, fit-il. Je suis passé par là moi aussi. C'est pour cela que j'ai une aversion particulière pour la sorcellerie. Ils m'ont pris ma mère quand j'étais tout petit. Je suis né avec ma magie tout comme toi mais je n'avais personne pour m'initier et à m'apprendre à m'en servir. Et j'étais tout petit alors je croyais que tout ce que je voyais était normal alors je le disais.

Autopsia, le monde du dessusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant