Autopsia, le monde du dessus

Partie 7

- Waouh ! m'exclamai-je en admiration devant la jeune femme. Faut croire que j'ai toujours eu bon goût en matière de femme.

     Je croisai le regard réprobateur d'Alpha.

- Enfin sauf pour Solim, m'empressai-je de corriger.

     Il ignora mes remarques.

- Il faudra la retrouver à ton réveil. Pour le moment elle ignore qui tu es mais dès que vos mains entreront en contact, elle se rappellera tout ce que vous avez vécu ensemble et elle recouvrera ses pouvoirs. Elle sera ton seul soutien direct pendant la mission qui te sera donnée alors tu as intérêt à ne pas la faire fuir avant de pouvoir lui rendre ses souvenirs et ses pouvoirs.

- Les femmes ça me connait croyez-moi ! Je sais comment m'y prendre.

- Oui tu t'y prends tellement bien que ton esprit se retrouve actuellement dans un bocal dans le monde des rêves. Tu devrais donner des cours sur Internet.

- Mais comment pouvais-je savoir que j'avais affaire à une sorcière ? Déjà que je ne croyais même pas en leur existence.

- Alors arrête de frimer !

     Je l'ignorai et me concentrai sur Soreah. Elle donnait un bain à un enfant, elle le faisait avec tellement de tendresse qu'on aurait cru que c'était le sien.

- Pourquoi je ne l'ai pas connu plus tôt ?

- Elle a tenté plusieurs fois de te retrouver à travers tes rêves mais elle ne le faisait pas consciemment et elle n'a pas ses pouvoirs. Continuons, dit-il sans donner plus de détails.

     Nous débarquâmes chez Tek. Il lisait un livre. Je le contournai pour regarder la couverture du livre. Chemin, lus-je.

- C'est l'une des personnes sur lesquelles tu pourras compter pour ta mission. Lui il a été initié depuis tout petit et il en sait des choses. Tu auras sûrement plus de pouvoirs que lui mais il en sait plus que toi pour le moment. Tu sais si tu l'écoutais vraiment et que tu le croyais quand il te parlait de magie et tout le reste, peut-être que tu ne serais pas là. Mais c'est aussi parce que ton esprit est emprisonné par Solim, il ne peut donc pas divaguer. Tu n'as pas remarqué que depuis que tu sors avec Solim tu ne fais plus de rêves ?

- Maintenant que vous en parlez si, répondis-je.

- Ça te bloque sur beaucoup de plans parce que les rêves sont des bribes de tes vies antérieures qui te sont montrées.

- Par qui ? m'enquis-je.

- La bonne question est "pour quoi" ? En visionnant ces petites parcelles de tes vies antérieures, tu aurais évité de refaire les mêmes erreurs. Tu vivrais mieux.

- Donc si mon esprit n'avait pas été emprisonné je n'aurais pas eu cet accident ?

- Non cet accident était inévitable parce que sans cela tous les signes qu'on t'a envoyés ne t'éveilleront pas. Surtout qu'il n'y a personne dans ton entourage pour le faire. Ça aurait pris un temps considérable pour que tu t'éveilles tout seul.

- Donc c'est vous qui êtes à la base de cet accident ? m'enquis-je.

- En quelques sortes, répondit-il en nous faisant atterrir dans une rue déserte.

- Mais pourquoi vous avez fait ça ?

- Il n'y avait pas d'autres solutions.

- Vous n'auriez pas pu vous introduire dans mes rêves tout simplement ou je ne sais pas moi... Vous connaissez toutes ces choses et provoquer un accident qui pourrait me tuer est le seul moyen que vous avez trouvé pour me révéler ces choses ? C'est extrême vous ne trouvez pas ?

- En te parlant de la structure d'Autopsia tout à l'heure, je t'ai dit qu'il y a la haute Autopsia où il y a tes ancêtres et les esprits bienfaiteurs. Ce sont eux qui te protègent donc si tu as eu cet accident c'est qu'ils l'ont laissé arriver, pas qu'ils l'ont provoqué.

- Peut-être mais ça reste extrême selon moi.

- Aux grands maux les grands remèdes comme on dit. Tu te souviens d'avoir eu un accident de vélo quand tu avais cinq ans ? Tu t'étais évanoui après t'être cogné la tête contre le guidon d'une moto stationnée dans la rue où tu habites.

- Non, répondis-je en secouant la tête.

- Tu te souviens quand tu as failli te noyer dans une piscine quand tu avais treize ans ? Là aussi tu es tombé dans les pommes, tes amis ont même cru que tu étais mort.

- Je me souviens que je buvais la tasse mais je ne me souviens pas m'être évanoui.

- Tu te souviens t'être évanoui sans raison en classe quand tu avais seize ans ?

- Je me souviens m'être senti faible mais je n'ai pas eu de moment d'absence.

     Il se tut.

- Que veux dire tout cela ? lui demandai-je. Si c'est pour me montrer que je suis fragile, je suis déjà au courant.

- Non c'était des tentatives d'éveil mais tu n'avais pas l'esprit ouvert. Tek a été chargé ensuite de t'aider à croire en tout ça afin de faciliter ton éveil mais rien. Tu es une vraie tête de mule et le fait d'avoir grandi avec un docteur n'a pas arrangé pas les choses. Tu avais un raisonnement scientifique, tu trouvais toujours une explication scientifique aux évènements. Tu étais rationnel. Tu ne laissais aucune place pour les croyances exotériques, les jugeant superstitieuses. Tout ce que tu as pu voir et entendre repose sur une chose très importante : la foi.

- Foi en quoi ?

- Foi en toi-même d'abord, au concept qu'il y a des forces qui te dépassent et aussi en ta mission. Tu es capable de beaucoup de choses mais si tu n'y crois pas, tu n'y arriveras pas. C'est pour ça que ça a pris autant d'années pour ton éveil.

- Maintenant je suis là et après tout ce que j'ai vu, je ne peux qu'y croire.

- Voilà, tu vois ton monde ne s'est pas écroulé autour de toi. Au contraire, il a juste été reconstitué avec des gens qui t'aimeront et seront prêts à tout pour t'aider. Il faut que tu inities ta mère. Il faut que tu lui racontes ce que tout ce que tu as vu ici. Il faut que tu lui parles de moi.

- Je n'ai pas compris votre dernière phrase, lui répondis-je. Pourquoi devrais-je lui parler de vous spécialement ? Je veux dire c'est vrai que c'est vous qui m'initiez à je-ne-sais-quoi-encore mais la façon dont vous l'avez dit c'est comme s'il y avait un lien spécial entre vous...

    Il sourit. Il fit un geste de la main et un miroir apparu devant moi. Il vint se placer derrière moi.

- Qu'est-ce que tu vois Alex ? me demanda-t-il d'une voix grave.

     Je regardai dans le miroir et un détail me frappa tout de suite. J'étais son portrait craché mais en plus jeune. Je me tournai tout de suite vers lui.

- Je suis Alexander Attah, je suis ton grand père.