Partie 20

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- Ma... Malaïka ? bégaya la vieille dame.

- Oui madame ! répondit ma mère. C'est bien moi.

- Ça alors ! Qu'est-ce que tu as changé... Pendant toutes ces années, je t'ai cherchée. À un moment j'ai même cru que tu étais décédée donc je me suis résignée...

    Elle se jeta à genoux devant ma mère.

- Levez-vous madame ! lui intima ma mère d'une voix neutre. Vous avez fait ce qui vous avait semblé le mieux pour votre fils et je ne vous en tiens pas rigueur. Je ne suis pas là pour que vous vous excusiez pour ce que vous m'aviez fait il y a 23 ans.

- En fait, si maman, intervins-je. C'est exactement pour ça que nous sommes là.

    Elle secoua la tête en me regardant.

- Ne me demande pas ça s'il te plaît !

- Viens avec moi maman, lui dis-je en me levant.

    Elle me suivit hors de portée des oreilles.

- Maman, regarde-toi. Regarde la magnifique femme que tu es devenue malgré tout ce que tu as subi. Regarde la belle vie que tu as aujourd'hui. Malgré la maltraitance, les injures et les coups. Serait-ce le cas s'il t'avait gardé avec lui ? Peut-être même que je n'aurai pas vécu jusqu'à cet âge, à cause de vos embrouilles. Personne n'en parle mais dans la majorité des cas, les nourrissons masculins qui meurent ne meurent pas seulement suite à des maladies mais aux disputes régulières des parents. Les Africains viennent d'Afrique. Tu m'as dit toi-même que cet homme t'a fait le plus beau des cadeaux, moi en l'occurrence. Ça fait vingt-trois ans que tu es partie et que tu t'es rebâtie ailleurs. Aujourd'hui tu as une famille comme tu le voulais et comme tu le mérites. Tout ça ne serait pas arrivé s'il ne t'avait pas jeté à la rue. Alors c'est un mal pour un bien maman. En leur pardonnant tu te libéreras toi-même, tu te déferas complètement de ton passé.

    Elle m'observa en silence pendant un moment.

- Là tout de suite, j'ai plus l'impression d'être ta fille que ta mère, me dit-elle.

    Je souris.

- Ça peut arriver.

- Mais tu as raison sur toute la ligne. Ils ne méritent pas ma haine, ils ne méritent pas ma colère. Dieu s'en chargera si ce n'est déjà le cas.

- C'est ce que je voulais entendre, lui dis-je en prenant ses mains dans les miennes.

    Je retournai vers les autres, ma mère à côté. Nous nous rassîmes côte à côte.

- Madame, dit-elle. Tout ce qui s'est passé, tout ce que vous m'aviez fait subir ont fait que je suis là où je suis. Vous m'avez aidé à trouver ma vraie place, celle qui m'attendait et pour ça je vous en suis reconnaissante. Je vous remercie aussi d'avoir mis au monde votre fils parce que grâce à lui, j'ai eu le mien. Je vous présente votre petit-fils. Il s'appelle Alexandre.

    Je m'abaissai poliment devant la vieille dame.

- Alexandre, m'appela-t-elle en larmes. Je suis contente de te connaître même si ce n'est que maintenant.

    Je ne pouvais pas savoir si elle était sincère ou pas, alors je me concentrai sur sa tête sans répondre. Je la scrutai pendant quelques minutes sans vraiment savoir ce que je cherchais. Puis je vis enfin quelque chose : sa tête était entourée d'une sorte de vapeur violette sombre. C'était son aura et sa couleur ne me disait rien de bon. La seconde d'après je l'entendis qui parlait. Je levai le regard vers elle, ses lèvres ne bougeaient pas mais je l'entendais quand même. Mon petit séjour à Autopsia m'a habitué à ce genre de situations donc je ne sursautai pas et je ne pris pas d'air surpris.

Autopsia, le monde du dessusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant