A peine était-il remis de son rhume qu'Ezarel avait insisté pour reprendre le travail. Il n'en pouvait plus de tourner en rond dans la chambre de Nevra. Il avait bien tenté de faire quelques excursions à la bibliothèque, à la serre ou sur la place des marchands, histoire d'avoir droit à un peu d'activité, mais Eweleïn l'avait bien vite rattrapé. Interdiction formelle de sortir tant qu'il n'était pas totalement guéri.
Sa chambre n'était toujours pas opérationnelle, il était donc piégé dans le "donjon de l'amour" du Vampire. Ezarel adorait Nevra. Plus que ça, il l'aimait. Mais il aimait également son libre arbitre et sa liberté. De plus, même si le contact charnel avec Nevra était délectable, il appréhendait toujours un peu de s'endormir à ses cotés, de peur que le brun soit trop entreprenant avec lui pendant son sommeil. Pourtant Nevra avait promis qu'il ne lui ferait rien sans son consentement et Ezarel avait confiance en lui. N'empêche que l'Elfe avait vraiment hâte de retrouver son petit cocon à lui.
Miiko lui avait avoué que ce n'était pas pour tout de suite. Apparemment, de gros travaux étaient à prévoir avant que la pièce ne soit réutilisable. Une question d'usure dans les tuyauteries, le plombier avait parlé de soude caustique, une sorte d'acide très puissante. Ezarel s'était bien évidemment abstenu d'admettre qu'il en versait régulièrement dans les siphons pour ronger les pelotes de cheveux qui partaient avec l'eau. Les femmes ne sont pas les seules à subir ce problème de chute capillaire. Le fait était que toutes les canalisations étaient à changer. Cela allait prendre des semaines avant que ce ne soit fait.
Ainsi donc, une fois remis sur pieds, Ezarel s'était empressé de se chercher des occupations. Refusant de le surmener, Eweleïn avait dû lui trouver des petites tâches ça et là pour l'empêcher de la harceler continuellement. Évidemment, faire l'intérimaire ne dura qu'un temps. Ezarel était revenu à la charge, réclamant des missions qui ne soient pas des insultes à son brillant esprit. Il avait tout tenté pour avoir accès aux laboratoires. Tyranniser les alchimistes lui manquait terriblement, mais malgré son insistance, l'infirmière tint bon et ne céda pas.
Face à l'acharnement d'Ezarel, la pauvre n'avait eu qu'une seule solution : l'embaucher à l'infirmerie. A vrai dire, il y avait beaucoup de travail à faire ces temps-ci. C'était en partie pour cela que la jeune Elfe avait du mal à assumer le rôle de Chef de Garde en plus de son travail quotidien.
Persuadé que ce serait une partie de plaisir et plus qu'heureux de démontrer qu'il ferait parfaitement l'affaire, Ezarel s'était pavané devant la facilité de la tâche qui lui revenait. Il devait faire l'inventaire annuel de tous les instruments, de tous les baumes et onguents de soin, de toutes plantes médicinales et de tous les linges stérilisés pour les interventions chirurgicales.
Cet inventaire avait pour but de vérifier les stocks afin de les compléter à nouveau. C'était une tâche primordiale qui impacterait le bon déroulement de l'année à venir. Ezarel n'avait donc pas le droit à l'erreur. De toute façon, ce n'était pas sorcier, compter quelques bouts de coton et des fioles de liquide, si ?
Cela ne faisait que quelques heures que l'Absynthe s'était plongé dans le dénombrement des différentes herbes qu'il trouvait déjà à redire.
- Tu peux m'expliquer pourquoi tu conserves de la menthe amère ? s'exaspéra-t-il en sortant la tête d'une étagère. C'est inutile comme plante !
- Parce que ça atténue les démangeaisons stomacales et les douleurs abdominales en cas d'ingestion de plantes urticantes, énonça Eweleïn sans détourner les yeux de ses feuilles griffonnées.
- Ok, donc je reformule ma question : pourquoi tu gardes ça ? Faudrait être un imbécile profond pour manger des orties...
Eweleïn cessa de faire crisser sa fine plume d'oisillon sur le parchemin, soupira longuement et daigna enfin accorder un regard à Ezarel. Ses sourcils froncés et son regard noir n'indiquait visiblement rien de bienveillant.
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Respire-Moi [BxB]
RomanceCela faisait des années qu'Ezarel avait vaincu son haptophobie. Du moins, il le pensait. A la réfréner en tout cas. Il a fallu d'un contact. D'un malheureux contact à même la peau pour le faire replonger dans les affres de son passé, régressant sur...