Depuis qu'elle était à la tête de la Garde Absynthe, Eweleïn prenait un malin plaisir à jouir de sa nouvelle autorité. Elle avait même profité de l'occasion pour surcharger Ezarel de travail. Ce dernier se voyait obligé d'accomplir toutes les tâches qu'il reléguait auparavant. La plupart étant des corvées ingrates à ses yeux.
Il dut notamment s'occuper de l'entretien de la serre principale. Les Absynthes habituellement présents sur les lieux l'avaient regardé d'un drôle d'oeil, s'attendant à un coup fourré de leur ancien chef. Ils n'avaient pas osé le taquiner, redoutant les représailles. Ezarel s'était dirigé vers le local à outils et s'était muni du nécessaire pour son travail. Il avait passé la journée à gratter la terre pour y planter de jeunes pousses et à se mettre à genoux pour arracher les mauvaises herbes qui poussaient sans cesse.
Le soir, il dormait à moitié sur son assiette, trouvant à peine la force de lever sa fourchette à sa bouche. Il avait fait du mieux qu'il pouvait pour abattre trois jours et demi de labeur en seulement une journée. Ainsi supposait-il qu'il pourrait s'occuper comme il le souhaitait le reste de ce délai. Mais le trouvant terriblement efficace, Eweleïn n'en était pas restée là et lui avait confié encore d'autres tâches pour les jours suivants. Ezarel déprimait donc sévèrement sur son plat, se maudissant d'avoir fait du zèle. A y réfléchir, il aurait eu le même type de réaction pour ses subordonnés. Il avait supposé qu'Eweleïn serait plus douce, mais il s'était trompé.
Ce soir-là, Nevra rejoignit l'Elfe à sa table pour discuter. Il réclama une poignée de main qu'Ezarel eut du mal à lui offrir. Il n'avait véritablement aucune envie de toucher qui que ce soit, mais il devait faire des efforts.
Quand il s'était glissé sous ses draps frais, Ezarel avait soupiré de bonheur en espérant que la nuit soit des plus longues. Mais il avait eu l'impression de ne fermer les yeux que quelques instants que déjà, le cliquetis de son dispositif de réveil s'activa bruyamment dans la chambre. L'Elfe s'était donc levé en traînant des pieds.
Ce jour-là, il devait asperger les tiges des roses d'or d'insecticide pour empêcher fourmis et pucerons de les dévorer. Cette fois-ci, il prit son temps, sans pour autant être trop lent.
Finalement, il réalisa qu'il prenait goût à ces basses-besognes. Certes, il se traînait dans la terre et en avait jusque sous les ongles et dans les cheveux, mais rien qu'une bonne douche ne puisse enlever. Ce qui lui plut particulièrement, c'était le calme.
Lorsqu'il était penché entre les rangées de plantes, il en oubliait que quelques autres Absynthes étaient dans la serre avec lui. Personne ne venait entamer la conversation avec lui ou ne tentait de le toucher. Plein de terre et poisseux comme il était, il n'attirait pas vraiment les câlins. Même cette glue d'Erika lui fichait la paix.
Parfois, un rayon de soleil perçait la voute de la serre pour se ficher directement sur le visage de l'Elfe. Alors dans ces moments-là, il cessait toute activité et levait le menton au ciel, savourant la douce caresse chaleureuse du soleil. Pourquoi les autres ne pouvaient-ils pas être comme le soleil ? Toujours présent, si chaleureux mais surtout éternellement distant ?
Ce jour-là, Nevra s'infiltra dans la serre et rendit visite à l'Elfe. Comme il n'était pas sorti prendre l'air une seule fois, le Vampire n'avait pas pu l'aborder comme il avait l'habitude de le faire. Il aimait venir le voir, sans raison apparente, juste pour réclamer un contact. Il fallait que ce soit gratuit, totalement sans "intérêt". Pour que le contact physique ne soit fait que dans le but d'être touché. Ezarel avait beaucoup ronchonné au début, prétextant qu'il n'avait pas le temps, que Nevra le dérangeait, qu'il était sale et dégoûtant. Mais le Vampire était tenace, il parvenait à avoir ce qu'il désirait.
Nevra tenait à ce que l'Elfe apprenne à accepter un toucher dont il n'était pas forcément l'initiateur. Cependant, il prenait toujours le soin de le prévenir. Il souhaitait qu'Ezarel se prépare psychologiquement et ne voulait pas le prendre par surprise, au risque de le braquer. Une nouvelle régression n'était pas l'objectif.
Ezarel avait finalement joué le jeu, même si de violents frissons l'avaient parcouru au début. Toujours était-il qu'il commençait à se faire au contact de Nevra. Cela pouvait aller d'une légère tape dans le dos, à la poignée de main, quand l'Elfe était disposé.
Ce jour-là, sur le retour vers le bâtiment de la Garde, Nevra glissa son bras par dessus les épaules d'Ezarel pour marcher à son coté. Ezarel se retint de geindre pour repousser Nevra. Il avait du mal à supporter ce type de proximité mais il prit sur lui. Il devait y parvenir. Autant dire qu'Ezarel n'avait tout de même pas tenu le choc très longtemps. Sentant les tremblements de son ami, Nevra s'était retiré avant de lui provoquer un malaise.
Les deux compères restèrent encore ensemble une ou deux heures, à discuter de tout et de rien. Nevra aimait passer du temps avec Ezarel, afin de l'habituer à une présence régulière pour que le contact soit naturel. Le but était de le détendre, de le décrisper. Ezarel avait tendance à se recroqueviller inconsciemment quand le Vampire approchait trop près. Il savait pourquoi il venait et appréhendait toujours. C'est pourquoi Nevra ne réclamait pas forcément un contact d'entrée de jeu. Il ne voulait pas que cela devienne une corvée pour l'Elfe, mais quelque chose de naturel, quelque chose d'inconscient, comme le fait de respirer par exemple.
En un peu plus d'une semaine, l'Ombre était parvenu à bien le décoincer. L'Elfe frissonnait toujours quand il le touchait, mais il ne le repoussait plus et prenait sur lui. Nevra était vraiment fier des progrès de l'alchimiste, même s'il ne le lui avoua pas, de peur qu'il se repose sur ses lauriers.
Ezarel était véritablement sur la bonne voie.
Note de l'auteur :
Salut à tous^^ J'espère que ce chapitre vous aura plu malgré sa courte longueur.
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A très bientôt pour le chapitre suivant :)
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Respire-Moi [BxB]
RomanceCela faisait des années qu'Ezarel avait vaincu son haptophobie. Du moins, il le pensait. A la réfréner en tout cas. Il a fallu d'un contact. D'un malheureux contact à même la peau pour le faire replonger dans les affres de son passé, régressant sur...