- 17 - Confrontation

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Cela faisait quelques jours déjà qu'Ezarel avait récupéré son poste de Chef de Garde. Son entretien avec Miiko avait duré un certain temps, mais devant les preuves évidentes de la progression d'Ezarel, la Kitsune n'avait pas pu lui refuser sa requête.

Cela faisait quelques jours également que l'Elfe prenait un grand soin à éviter Nevra. Il était parvenu à ne pas se trouver en sa présence plus de quelques instants. Le Vampire avait bien tenté d'aborder une conversation mais Ezarel l'avait ignoré de toute sa superbe.

Une semaine donc que l'Absynthe tyrannisait à nouveau ses minions et qu'Eweleïn savourait ses journées. Étrangement, Ezarel l'avait épargnée. Il avait jugé que la jeune femme avait tout autant souffert de cette situation que lui, et puis, d'un certain côté, c'était grâce à sa bavure qu'il avait enfin pu retrouver son rang. Intérieurement, il la remerciait de lui avoir fait éclater la vérité au visage, même s'il en avait souffert.

Tout était donc rentré dans l'ordre. A peu près. Nevra lui manquait, même s'il refusait de se l'avouer. De plus, il ne pouvait lui pardonner son mensonge. A vrai dire, c'était l'illusion de cet amour qui lui manquait. Il avait cru qu'il était véritable pendant un temps et même s'il était factice, cet agréable sentiment lui manquait. D'un certain coté, Ezarel aurait aimé rester dans le mensonge. Heureux les ignorants à ce que l'on dit...

Même si Nevra s'était défendu en prétextant une peur de le perdre pour ne pas lui avouer la vérité à propos de la preuve demandée par Miiko, cela ne changeait rien. Bien au contraire, c'était encore pire : l'amour était réel mais pas assez fort pour être confiant. A chaque fois qu'il y repensait, Ezarel sentait les vagues de douleur surgir de ton cœur pour le tétaniser tout entier. Il avait bien prit soin d'enfermer tous ces sentiments dans une petite boîte fermée à triple tour au fond de son âme. Malgré cela, quelques afflictions parvenaient à se frayer un chemin jusqu'au dehors.

Ezarel était planté devant son pot de confiture, à défaut de miel, depuis trop longtemps déjà. Une fois de plus, ses pensées l'avaient arrêté pour un temps. Secouant la tête, il s'empressa de fermer le bocal avant de se faire prendre et le rangea sur l'étagère du garde manger. Il s'empara de sa tartine et s'éloigna d'un grand pas, avant de percuter quelque chose.

Quel fut son grand désespoir quand son regard se leva sur une prunelle argentée. Sa voix s'envola et l'Elfe resta bloqué pendant une seconde, le regard plongé dans cette flaque frémissante. Ou peut-être était-ce plusieurs minutes ?

Lorsqu'enfin il reprit ses esprits, Ezarel papillonna des cils pour se défaire de l'emprise qu'avait le Vampire sur lui. Il marmonna quelque chose d'incompréhensible, sans doute une formule de politesse quelconque en langage elfique, et entreprit de contourner le brun pour s'en aller.

- Attends Ez', on peut parler un instant ? le retint Nevra en l'attrapant par le bras.

Ezarel s'empressa de le faire lâcher prise et pesta :

- Tu déconnes ? On a rien à se dire !

- Si, au contraire. Tu ne m'as pas dit un mot depuis que tu as récupéré ton poste et je...

- Tu t'attendais à quoi ? Que je te remercie ? Que je passe l'éponge ? Que j'oublie tout ? vociféra l'Elfe.

Nevra baissa les paupières, abattu par la véhémence du ton d'Ezarel.

- Non. Bien sûr que non, mais j'aurais espéré qu'on puisse simplement en discuter.

- En discuter, juste en discuter, répéta l'alchimiste, perplexe.

- Oui, seulement ça.

- Très bien, approuva Ezarel, catégorique dans sa voix. Discutons-en !

Ezarel prit une grande inspiration. Ça allait lui être utile pour ce qu'il avait à dire. Il leva la main à hauteur de buste et planta son index sur un des pectoraux du Vampire pour s'assurer que les mots qu'il allait prononcer allaient bien s'encrer dans ses chairs.

Respire-Moi [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant