Chapitre 1 : Première gouttes de pluie

1.7K 76 17
                                    

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.


Il pleut ce matin, les gouttes d'eau perlent sur la vitre de la portière de mon taxi pour former de petit chapelet translucide avant de disparaître, happé par le vent. C'est pourtant supposé être la saison chaude en Alaska. Je commence déjà à douter de ma décision, mais je dois m'éloigner un temps de la folie qu'était devenu ma vie à Washington. L'Alaska devrait être le bon choix, je passerai la prochaine saison à travailler chez les Benson. J'ai besoin de vivre de chose simple, de décrocher de toute responsabilités, une vie loin des privilèges et du devoir, une vie plus encline à la réalité. Ce nouveau départ représente l'espoir d'une dernière chance. 

-Monsieur Benson a dit qu'il enverrait quelqu'un me chercher sur le ponton du port.

Un trajet en bateau ? Le dernier, j'espère. Je me sens ankyloser après plusieurs dizaines d'heures de voyage, et plusieurs escales. Mon chauffeur depuis l'aéroport, un homme d'une cinquantaine d'années, aux cheveux noir parsemé de fil d'argent et aux yeux marqués de fatigue, est chargé de me conduire jusqu'au port, il connaît bien la famille qui m'hébergera.
-Vous serez bien traité chez les Benson. Carl est un homme de confiance et sa femme Elena est une excellente cuisinière.
Il affiche un large sourire silencieux, me jaugeant d'un œil amusé.
-Rares sont les femmes qui proposent leur aide à la saison morte, il faut bien reconnaître que ce n'est pas pour rien que les petites gens préfèrent repartir vers le sud à la fin des beaux jours. Ici, le froid est meurtrier, le vent est sans pitié et la neige est fourbe. D'ici quelque semaines l'Alaska vous aura annoncé ces règles, rassurez-vous, je suis certain que vous vous en sortirez. À conditions de prendre des forces et de ne pas trop, vous éloignez de votre fusil, dit-il se rependant en un rire aussi vaseux que satirique.

-Sur ce point je suis bien obligée de vous croire sur parole, je ne suis qu'une citadine après tout, mon départ à la fin des beaux jours n'étonnera donc personne!

Le rire de mon chauffeur meurt en un instant pour laisser place à un grognement sourd accompagné d'un regard assassin renvoyé par son rétroviseur central.

Et oui, je suis une fille de la ville ! Je vais certainement devoir endosser le rôle de curiosité local un certain temps, et me préparer aux railleries. J'imagine que c'est justifié, dans le fond, mon chauffeur a raison. Je suis le parfait cliché de la jeune fille de la ville bien trop alaise, s'ennuyant dans sa petite vie, à la recherche de ressourcement ou d'aventures, ne se doutant pas une seule seconde de la rudesse de ce mode de vie. Pathétique ! Personne ne connaîtra jamais les vraies raisons qui justifient mon depart et je préfère qu'il en soit ainsi.

Comme toujours, perdu dans mes pensées, je ne remarque à peine l'arrêt du véhicule. Le bruit éclatant de la portière conducteur se refermant me fais sursauter. L'homme se dirige vers le coffre pour en sortir  mes valises. Je descends à mon tour du 4X4 et rejoint mon chauffeur qui ne s'est toujours pas présenté.
-Ma mission est terminée mademoiselle.
Il me désigne du doigt le ponton non loin de nous.
-C'est ici qu'ils viendront vous chercher et c'est ici que je vous attendrais à la fin de la saison. Courage mademoiselle. Finit-il par lâcher avec la plus grande satisfaction. 

Après la pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant